Pourquoi et comment mettre en place une démarche de RSE au sein d’une entreprise? C’est ce que vous explique Novethic en vous précisant quelles sont les mesures à prendre pour être une entreprise plus responsable et quels sont les bénéfices que vous pouvez en attendre. Vous trouverez aussi une sélection de guides en ligne pour vous accompagner dès les débuts de votre démarche.
En prenant des mesures pour réduire leur impact environnemental et social, les entreprises préservent la planète mais aussi leurs intérêts ainsi ceux des acteurs avec qui ils sont en interaction (les parties prenantes : salariés, fournisseurs, actionnaires, ONG, clients…).
La RSE est une nouvelle grille de lecture qui va permettre à l’entreprise de mieux répondre aux défis auxquels elle est confrontée (climat, approvisionnement, demande de transparence…). Cette démarche de responsabilité sociale permet aussi de répondre aux attentes de plus en plus nombreuses de ses parties prenantes (clients, fournisseurs, actionnaires, syndicats etc) sur ces sujets. C’est enfin une nouvelle vision de son rôle et de sa responsabilité dans la société qui va la conduire à agir différemment.
Mesurer et évaluer l’impact de ses activités en matière environnementale et sociétale (ex: consommation d’eau, d’énergie, taux d’accidents du travail…) va d’abord permettre à l’entreprise de mieux identifier et donc de mieux maîtriser les risques auxquels elle pourrait être confrontée. Mais aussi d’agir plus efficacement pour réduire son empreinte, mieux s’adapter aux nouveaux défis et dégager de nouvelles opportunités d'innovation et de business (ex: nouveaux produits et services plus respectueux de l’environnement, nouveaux business models comme l’économie circulaire).
A terme, si les entreprises ne prennent pas en compte les impacts environnementaux et sociétaux de leurs activités, c’est leur pérennité qui est menacée. Par exemple, l’approvisionnement des entreprises concernant les matières premières peut devenir problématique au fur et à mesure que les ressources se raréfient voire s’épuisent. Cela peut- être le cas d’une entreprise fabriquant des téléphones portables sachant qu’un smartphone nécessite pas moins d’une quarantaine de minerais dont certains comme le zinc ou le cuivre sont menacés d’épuisement dans quelques dizaines d’année. Cela peut aussi être le cas des entreprises pétrolières qui doivent aller chercher toujours plus loin et de façon de plus en plus dangereuse la ressource, la rendant aussi de plus en plus coûteuse (ex: sables bitumineux et offshore profond).
L’approvisionnement peut également être menacé par les effets du changement climatique. La multiplication des sécheresses va ainsi provoquer des baisses dans les récoltes, ce qui handicapera toute la chaîne agroalimentaire, des agriculteurs à la grande distribution, en passant par les entreprises de transformation. Les inondations peuvent, elles, entraîner des arrêts de production d’usine. L’un des cas récents les plus emblématiques reste la paralysie des secteurs automobile et électroniques à la suite des inondations de 2011 en Thaïlande du fait de la concentration des usines de sous-traitance dans cette région.
Par ailleurs, les attentes des parties prenantes, qu’il s’agisse des consommateurs, des associations, syndicats ou actionnaires étant de plus en plus fortes sur ces sujets, l’entreprise risque de voir son image se ternir, ce qui peut diminuer sa valeur immatérielle (risque réputationnel). Dans une version plus positive, les consommateurs poussent aussi les entreprises à être plus transparentes sur les conditions de production et à proposer des produits plus respectueux de l’environnement et des travailleurs (ex : produits bio et assurant un revenu juste aux producteurs).
Il faut enfin savoir que ces risques de moyen et long termes sont de plus en plus identifiés par les actionnaires et investisseurs. Ces derniers sont de plus en plus enclins à choisir les entreprises qui identifient et gèrent le mieux ces risques et qui savent les transformer en opportunités. Dans certains secteurs comme le charbon, les risques sont tellement importants que certains investisseurs excluent de leurs portefeuilles les entreprises dont le business model est trop lié à celui-ci (c’est ce que l’on appelle le désinvestissement).
Une entreprise qui s’engage dans une démarche de RSE peut mettre en place différents types d’actions.
Il ne s’agit pas de les actionner toutes, ni forcément au même moment, mais de travailler sur celles qui répondent le plus aux problématiques de l’entreprise, de son secteur et de son territoire.
Voici quelques exemples:
S’engager dans une démarche RSE ne veut pas dire entamer et mettre en oeuvre toutes ces actions, d’un coup ! Il est essentiel de prioriser et de hiérarchiser celles-ci en fonction des enjeux de son secteur, de son pays et de son entreprise, en commençant par les plus probables. C’est ce qu’on appelle la matérialité.
Cette priorisation peut se réaliser via une cartographie des enjeux ou analyse/matrice de matérialité. Celle-ci va permettre d’identifier les sujets économiques, environnementaux et sociaux susceptibles d’impacter la performance de l’entreprise ou d’influer, de façon importante, sur le regard des parties prenantes sur l’entreprise. Dans l’idéal, elle est donc réalisée en dialoguant avec le maximum de parties prenantes de l’entreprise.
Dans les grandes entreprises, il existe la plupart du temps un département dédié à la RSE ou au Développement durable. Celui-ci est dirigé par un.e directeur.rice de la RSE ou du développement durable. Parfois, le département est couplé avec celui de la communication, du marketing ou des relations extérieures.
Les entreprises qui disposent de plusieurs sites disséminés dans le pays ou ailleurs dans le monde créent souvent un maillage de correspondants RSE dans les antennes/usines de l'entreprise pour relayer les messages et mieux mettre en œuvre les actions sur le terrain.
Cependant la RSE n'est pas réservée aux seules personnes qui en sont officiellement en charge. Pour être efficace, une démarche de RSE doit être portée par chaque département et chaque personne de l'entreprise. Pas seulement dans les éco-gestes (économie d'eau, d'énergie, de papiers ou autres) mais aussi dans la pratique des différents métiers.
Prenons le cas d'un acheteur : si l'entreprise est engagée dans une démarche de RSE cohérente, celui-ci devra veiller à choisir ses fournisseurs en fonction de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance et non pas seulement en fonction du prix. Pour ce faire, il peut notamment utiliser des plateformes spécialisées dans la notation des fournisseurs.
Mesurer et suivre l’évolution des actions est essentiel dans une démarche de RSE car les notions de progression mais aussi de transparence et d’évaluation sont très importantes.
Cela passe par la mise en place d’indicateurs qui vont permettre de suivre les émissions de gaz à effet de serre de l’entreprise, les arrêts maladie des collaborateurs, les cas de pollution, l’écart des salaires entre les femmes et les hommes, les heures de formation, etc. Des indicateurs qui sont aussi de plus en plus demandés par les actionnaires ou les banques.
Le rapport extra-financier doit être consigné dans le rapport de gestion et peut donner lieu à un rapport RSE, plus accessible aux parties prenantes et au grand public. Depuis quelques années, un mouvement international préconise aussi la réalisation d’un reporting intégré permettant de lier les informations financières et extra-financières des grandes entreprises. Pour aider les grandes entreprises à réaliser une telle analyse et à les harmoniser au niveau international, des standards ont été élaborés par des organismes internationaux tels que la GRI, la Global Reporting Initiative.
L’entreprise est responsable de l’impact de ses propres activités mais la notion de devoir de vigilance qui se développe en France (via la loi sur le devoir de vigilance des sociétés mères et donneuses d’ordre) et dans le monde (via les textes de référence sur les multinationales) étend cette responsabilité aux relations commerciales de l’entreprise.
Désormais, en droit français, une grande entreprise sera ainsi responsable des éventuels dommages causés par l’activité de ses filiales et de ses sous-traitants dans le cas où elle n’aurait pas mis en place les mesures nécessaires pour prévenir les risques en matière de droits humains.
Résultat: les entreprises donneuses d’ordre demandent de plus en plus d’informations environnementales, sociales et de gouvernance à leurs fournisseurs, sous-traitants et filiales pour mieux mesurer ces risques. Elles peuvent aller jusqu’à leur demander de mettre en place des plans d’actions pour les réduire et les éviter.
Le coût d’une démarche de RSE est très difficile à évaluer, tant en termes financiers qu’en termes de temps et de capital humain, notamment du fait de sa dimension globale et transverse. Mais la RSE doit davantage être pensée comme un investissement. D’autant plus qu’elle peut aussi engendrer des économies financières via les économies d’énergie, d’eau et de matière.
La notion de coût de la RSE doit aussi être rapprochée de la notion de coût global ou coût du cycle de vie qui englobe l’ensemble des dépenses liées au produit, de la conception jusqu’à sa fin de vie ou son recyclage.
Ce type de calcul de coût fait apparaître ce que l’on appelle les externalités négatives, soit le coût des impacts négatifs des activités d’une entreprise. Si l’on prend le cas du nucléaire, pour calculer son prix réel, il faut par exemple intégrer non seulement le coût de son exploitation mais aussi le coût de l’extraction de l’uranium dans des pays à faible gouvernance, son enrichissement, le démantèlement des centrales ainsi que la gestion des déchets nucléaires dont certains ont une durée de radioactivité de plusieurs dizaines de milliers d’années.
En fonction des règlementations, notamment sur le climat, les investissements des entreprises peuvent également perdre de la valeur. C'est ce que l'on appelle les actifs échoués ou les stranded assets. Les pétroliers y sont particulièrement sujets en raison de leurs émissions très importantes de gaz à effet de serre visées par des réglementations et taxes, conséquences de l'Accord de Paris sur le climat par exemple, du coût de plus en plus important de l'extraction des énergies fossiles mais aussi de la baisse du prix du barril de brut.
C'est pourquoi l'on développe depuis quelques années un travail sur la comptabilité environnementale ou comptabilité en triple capital qui intègre le capital naturel aux côtés du capital financier et du capital humain (ex : méthodologie Care).
Une fois que l’entreprise a mis en place une démarche RSE structurée et cohérente et que les efforts commencent à porter leurs fruits, il est possible de la valoriser à plusieurs niveaux, que ce soit en termes financiers, de réputation ou de marque employeur:
La RSE a une importance grandissante sur le capital immatériel de l’entreprise et sa réputation. Selon le Reputation Institute, un cabinet de recherche spécialisé sur la mesure et le management des entreprises et des organisations, l’importance accordée par les Français aux différentes dimensions de la RSE totalise en 2017, 43% de la réputation globale d’une entreprise (40% en 2016). La dimension engagement citoyen est considérée comme la deuxième dimension la plus importante pour les Français après les produits et services proposés par les entreprises.
Les parties prenantes sont un élément essentiel de la RSE. En effet, les entreprises qui s'engagent dans une telle démarche, s'engagent aussi à être transparentes envers leurs parties prenantes et à les associer à leur création de valeur (ce qu’on appelle en anglais la "stakeholders value") car ce sont elles qui assureront sa prospérité. Elles se différencient en cela d’autres entreprises qui privilégient leurs actionnaires (en anglais "shareholder value") par rapport aux autres parties prenantes.
Pour bien identifier leurs parties prenantes et établir un dialogue avec elles, les entreprises peuvent se référer à la norme ISO 26 000.
Parmi les principales parties prenantes de l’entreprise, on peut citer : les collaborateurs, les fournisseurs, les syndicats, les ONG, les actionnaires, les communautés locales, les consommateurs et les pouvoirs publics.
Pour se lancer dans une démarche RSE et la déployer, il est possible de se faire accompagner par des cabinets de conseil spécialisés mais aussi les organisations patronales, les fédérations professionnelles, les chambres de commerce ou certains réseaux d’entreprises spécialisés. Certaines collectivités locales comme la Région PACA, les Hauts de France ou les Pays-de-la-Loire ont aussi des programmes spécialisés sur la RSE, notamment à destination des PME/PMI.
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