Publié le 27 septembre 2025

À l’ombre des projecteurs, les Licoornes, ces coopératives de la transition, se développent. Après Enercoop, Biocoop ou Mobicoop, quatre nouvelles structures à l’instar de Blast et Sailcoop viennent de rejoindre cette alliance qui compte bien prouver qu’une autre économie, désirable et rentable, est possible.

Parmi la forêt des licornes (ces startups milliardaires à la croissance éclair, comme Mistral AI ou Doctolib) un tout autre troupeau avance plus discrètement : celui des Licoornes, avec deux “o”, comme dans coopérative. Leur ambition n’est pas de séduire des investisseurs à coups de levées de fonds records, mais bien de transformer l’économie à la racine, en s’appuyant sur la démocratie, l’utilité sociale et la résilience.

Née en 2021, l’alliance réunissait au départ neuf coopératives comme Enercoop (électricité renouvelable), Mobicoop (covoiturage), La Nef (banque éthique) ou encore Telecoop (opérateur télécom responsable). Lundi 22 septembre lors du festival Onde de Coop, les Licoornes ont annoncé avoir recruté quatre nouveaux membres, passant ainsi à seize. Les nouvelles venues apportent de la diversité à l’alliance : Blast pour l’indépendance médiatique, Sailcoop pour la décarbonation du transport maritime, Virgocoop pour la relocalisation de l’industrie textile, et Solarcoop pour l’autoconsommation solaire citoyenne. “On montre que dans toutes les dimensions de notre vie quotidienne, on peut trouver ces structures”, souligne auprès de Novethic Adrien Montagut, co-président des Licoornes et co-fondateur de Commown.

Un autre récit économique

L’alliance se distingue par la forme juridique de la majorité de ses membres : la Scic (Société coopérative d’intérêt collectif), où chaque sociétaire compte pour une voix, quel que soit son apport financier. Un fonctionnement opposé à celui des entreprises classiques, où le pouvoir est proportionnel au capital investi. “On veut montrer qu’un autre modèle est possible, mais aussi désirable et viable, insiste Adrien Montagut. On construit une économie qui fait société, pas juste du chiffre.”

Dans un contexte où la stratégie nationale de l’Économie sociale et solidaire (ESS) est en discussion, et alors que la Cour des comptes a récemment pointé le sous-financement du secteur, les Licoornes entendent peser davantage dans le débat public. Et leurs voix trouvent un écho particulièrement fort depuis que le succès est au rendez-vous. Biocoop prévoit ainsi l’ouverture de 160 nouveaux magasins d’ici 2029. Enercoop lance une levée de fonds de six millions d’euros pour accélérer la production d’énergies renouvelables citoyennes. La Nef, désormais reconnue comme une vraie banque, s’apprête à proposer des cartes bancaires pour les particuliers.

“On est radicaux”

“On coche pas mal de cases de ce que doit être l’économie du futur”, estime Maud Sarda, coprésidente des Licoornes et directrice générale de Label Emmaüs. Les coopératives mutualisent aussi leurs forces : campagnes de communication croisées, projets communs, actions de plaidoyer… “On a besoin plus que jamais de montrer que des alternatives désirables et rentables existent”, confirme Maxime de Rostolan, fondateur de Sailcoop.

Les Licoornes ne se définissent pas comme une simple fédération d’entreprises, mais comme une alliance politique, dans le sens où leur modèle incarne un choix de société. “On est radicaux, au sens des racines : démocratie, partage des richesses, souveraineté économique, transition écologique”, résume Maud Sarda. L’idée n’est pas de grossir vite, mais de grandir juste, avec des structures qui partagent une même vision. Et de montrer, preuves à l’appui, qu’un autre futur économique est déjà en marche.

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