Publié le 12 septembre 2018
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[Le monde selon Hulot] Pour une mode responsable, les contre-modèles de la fast fashion montrent l'exemple
Épisode 3/5 - Lors de sa démission, Nicolas Hulot a confessé sa solitude et son incapacité à mettre en marche un nouveau modèle. Mais dans plusieurs secteurs des petites entreprises montrent la voie et influencent la stratégie des grands groupes. Zoom aujourd'hui sur l'industrie de la mode où les Récupérables, la Textilerie et d'autres inventent le contre-modèle de la fast fashion.
C’est la deuxième industrie la plus polluante derrière le pétrole. Le secteur de la mode émet 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre chaque année. La fabrication d’un seul jean nécessite entre 7 000 et 10 000 litres d’eau. Face à ce terrible constat, plusieurs marques et boutiques se développent en France pour faire valoir une mode plus responsable.
Des rideaux de grand-mère pour créer des pièces uniques
"La question est simple : pourquoi produire encore des vêtements neufs alors qu’il y a énormément de matières à réutiliser ?", s’interroge Anaïs Dautais Warmel, créatrice et fondatrice des Récupérables. Cette marque, située à Montreuil, près de Paris, récupère en effet des vieux rideaux, draps, nappes et autres tissus d’ameublement pour créer des pièces de collection unique. "On veut montrer que ce système est viable, même s’il va à l’encontre de la fast fashion", souligne-t-elle.
Dans le 10e arrondissement de Paris, une autre boutique a pris place : la Textilerie. Ce nouveau lieu de la mode est à la fois un atelier de couture, café, recyclerie et magasin. "On propose à la vente de tissus fabriqués à partir de coton bio", détaille Elsa Monségur, cofondatrice de la Textilerie. "Ensuite, nous exposons les créateurs qui sont dans une démarche écoresponsable et pour finir, nous vendons des vêtements de seconde main que les gens nous amènent".
La fast fashion change
Ces deux entreprises illustrent une vraie tendance dans le secteur de la mode. À l'instar de We Dress Fair, un magasin en ligne de vêtements responsables ou Hylla qui propose des vêtements de seconde main ou éthiques à la location. Même les Galeries Lafayette s'y mettent. Elles ont lancé le 5 septembre le mouvement Go for Good. De Louis Vuitton à Zara en passant par Levis, 500 marques se sont engagées vers une mode plus durable. Basket sans colle dont la semelle se déclipse pour être recyclée, sacs en matières réutilisées, chaussures proposées à la location… Les innovations sont multiples.
Certes ces initiatives ne sont pas au cœur du business model de ces gros groupes. Mais elles montrent que le marché est porteur. H&M a par exemple lancé la ligne H&M Conscious ciblée sur les matières bio et recyclées. Le groupe s’est d’ailleurs donné comme objectif d’atteindre 100 % de matériaux recyclés ou de sources durables d’ici 2030.
Des objectifs qui vont dans la bonne direction mais qui ne remettent toutefois pas complètement en cause le modèle de la fast fashion, pourtant à bout de souffle. En juillet, H&M, dont le modèle économique est basé sur le prix bas et les gros volumes accusait une baisse de 22 % de son bénéfice de mars à mai 2018. Au contraire du leader du prêt à porter, Zara, qui a fait le choix de collections plus ciblées et tendances en petites quantités, un modèle plus durable.
Marina Fabre @fabre_marina
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