Publié le 27 octobre 2025

Le monde compte désormais 600 bombes carbone et plus de 2 300 projets fossiles, selon l'actualisation de la carte carbonbombs publiée ce lundi 27 octobre par quatre associations, dont Data for Good et Reclaim Finance. Une tendance à la hausse alors que le scénario 1,5°C de l'Accord de Paris impose la fin de tout nouveau projet fossile depuis 2021.

C’est un palmarès qui ne va pas aider à redorer le blason de TotalEnergies. Selon une actualisation de la carte carbonbombs, révélée ce lundi 27 octobre et réalisée par quatre associations (Data for Good, Reclaim Finance, Eclaircies et Lingo), la major française arrive en tête des entreprises détenant en portefeuille le plus grand nombre de projets fossiles et de bombes carbone dans le monde, avec 154 projets dont 30 bombes carbone et 18 nouveaux terminaux GNL (gaz naturel liquéfié). Le concept de "bombe climatique", introduit en 2022 par le chercheur allemand Kjell Khüne, définit les sites d'extraction d’énergies fossiles capables d’émettre chacun plus d’un milliard de tonnes de CO2 (une gigatonne) sur l’ensemble de leur durée de vie.

Selon les chiffres mis à jour, on dénombre désormais 601 bombes carbones dans le monde, soit 176 de plus que dans la première édition de carbonbombs en 2023. Mais aussi plus de 2 300 projets d’extraction fossile qui ont été approuvés depuis 2021. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) avait pourtant averti que, à partir de 2021, il n’y aurait plus de place pour de nouveaux projets d’extraction fossile si on voulait limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. "Ces nouvelles données montrent que l’industrie fossile et ceux qui la financent sont en train de réduire en cendres l’Accord de Paris", a commenté Lou Welgryn, secrétaire générale de Data for Good.

11 fois le budget carbone pour rester sous 1,5°C

La principale bombe climatique dans laquelle TotalEnergies est impliquée est le projet d’extraction de pétrole et gaz en Argentine, baptisé Vaca Muerta, suivi de deux projets gaziers au Qatar. Au total, la major pourrait émettre 9,7 gigatonnes de CO2. Toutefois, si elle est numéro un en termes de projets, TotalEnergies est largement devancée par la compagnie pétrolière saoudienne Saudi Aramco en termes d’émissions totales, avec 85,7 gigatonnes de CO2 pour 66 projets, dont 23 bombes carbone.

Les émissions combinées de toutes les bombes carbone et les nouveaux projets d’extraction recensés par la carte carbonbombs totaliseraient plus de 1 400 gigatonnes de CO2. C'est 11 fois le budget carbone disponible pour rester sous 1,5°C de réchauffement, qui est estimé à 130 gigatonnes. Les associations appellent à s’attaquer aux " nouveaux projets d'extraction", ceux approuvés depuis 2021. Ils comprennent 1 979 nouveaux grands gisements de pétrole et de gaz et 364 nouvelles grandes mines de charbon. "Ces projets sont prioritaires car ils n’ont généralement pas encore démarré et sont donc plus faciles à désamorcer", expliquent-t-elles.

Parmi ces dossiers, le boom du GNL est particulièrement inquiétant avec 119 nouveaux projets de terminaux d’exportation identifiés depuis 2021. Les capacités d'exportation de GNL existantes sont pourtant suffisantes pour satisfaire la demande actuelle et future dans le cadre d'une trajectoire de 1,5 °C, selon l'AIE. "Avec des infrastructures gazières à long terme connectées aux gisements de gaz fossile pour l'exportation et aux réseaux de distribution pour l'importation, les installations de GNL conduisent le secteur de l'énergie vers un verrouillage des combustibles fossiles", alertent les associations.

Le rôle des banques

Outre les majors pétro-gazières, ce sont aussi les grandes banques mondiales qui sont pointées du doigt. Sans elles, ces projets ne verraient en effet pas le jour. Alors qu’elles se sont pour certaines engagées à atteindre la neutralité carbone, les 65 plus grandes banques mondiales ont continué à injecter 1,6 milliard de dollars depuis 2021 dans des entreprises développant de nouveaux projets de combustibles fossiles ou de bombes carbone, par le biais de prêts et de souscriptions d'obligations ou d'actions auprès des majors.

TotalEnergies persiste dans les fossiles, malgré la fronde croissante des investisseurs

Parmi les banques françaises, Société Générale a fourni 23,2 milliards de dollars à 56 entreprises dont TotalEnergies, Eni, et Saudi Aramco. Le groupe Banque Populaire Caisse d’Epargne (BPCE) a lui accordé 18,1 milliards de dollars à 33 entreprises, dont TotalEnergies et Saudi Aramco. "Les grandes banques mondiales ont une responsabilité dans l’aggravation du dérèglement climatique et les émissions à venir en continuant de donner carte blanche à des entreprises qui détruisent la planète", a réagi Louis-Maxence Delaporte, responsable de la recherche énergie à Reclaim Finance.

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