Publié le 21 juin 2018
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Premier procès aux États-Unis contre Monsanto et son Roundup
Nouveau chapitre dans l'histoire controversée de Monsanto. Le premier procès sur l'utilisation du Roundup, son principal herbicide, vient de s'ouvrir aux États-Unis. Le groupe encourt des énormes sommes de dommages et intérêts aux victimes de cet herbicide dont le principal agent actif est le glyphosate.

@Alexandros Michailidis/SOOC
Le géant de l'agrochimie va-t-il devoir payer d'énormes sommes de dommages et intérêts aux victimes du Roundup ? Le premier procès autour de possibles effets cancérigènes de cet herbicide controversé contenant du glyphosate, vient d'ouvrir aux États-Unis. Il pourrait avoir des conséquences sur des centaines, voire des milliers, de procédures judiciaires en cours.
A 46 ans, Dewayne Johnson, père de deux enfants, est atteint d'un cancer en phase terminale. Pour lui, c'est à cause du RoundUp, qu'il a répandu à partir de 2012 pour désherber des terrains appartenant au district scolaire de Benicia, au nord-est de San Francisco, explique à l'AFP son avocat Timothy Litzenburg. Ce dernier représente des centaines de personnes s'estimant également victimes du glyphosate, une substance qui fait l'objet d'études contradictoires quant à sa dangerosité.
"Une grosse partie de son travail consistait à répandre du RoundUp et du Ranger Pro [un autre désherbant au glyphosate] 20 à 40 fois par an, parfois des centaines de gallons (3,8 litres) à la fois", précise Me Litzenburg.
Reconnu cancérogène problable par l'OMS
Très utilisé dans le monde entier, le glyphosate a suscité une vive controverse scientifique. Elle s'appuie sur l'étude du Centre international de recherche sur le cancer, un organe de l'OMS, qui l'a classé "cancérogène probable" en 2015, contrairement aux agences européennes, l'Efsa (sécurité des aliments) et l'Echa (produits chimiques).
Le glyphosate est particulièrement controversé en Europe. Après la décision de l'Union européenne en novembre de renouveler la licence de l'herbicide pour cinq ans, le gouvernement français s'est récemment engagé à cesser d'utiliser cette substance d'ici 2021, sans pour autant inscrire l'interdiction dans la loi.
Monsanto, qui vient d'être racheté par l'allemand Bayer, a toujours nié tout lien entre maladie et glyphosate, une substance classée comme cancérigène par la Californie. "Plus de 800 études scientifiques, l'agence américaine pour la protection de l'environnement, des instituts chargés de la santé publique et des régulateurs dans le monde entier ont conclu que le glyphosate est sans danger d'utilisation et ne provoque pas de cancer", a fait valoir le groupe dans une déclaration écrite à l'AFP.
Des milliers de procédures en cours
La plainte de M. Johnson est la première du genre à arriver jusqu'au procès, ont expliqué les deux parties, ainsi que l'ONG anti-pesticides Pesticide Action Network North America, en raison de l'état de santé du plaignant. La loi californienne permet en effet une procédure accélérée en cas de décès imminent.
"Monsanto a volontairement trompé le public à propos de la (dangerosité) du RoundUp depuis des décennies", a estimé auprès de l'AFP une membre de cette ONG, Linda Wells. "Si M. Johnson gagne ce procès, ce sera un énorme coup porté à l'industrie des pesticides toute entière", a-t-elle ajouté. Selon des médias américains, il existe des milliers de procédures en cours contre Monsanto aux Etats-Unis, à divers degrés d'avancement.
La Rédaction avec AFP