Publié le 23 mai 2018
ENVIRONNEMENT
Le gouvernement ne compte pas inscrire l'interdiction du glyphosate dans la loi Alimentation
C'était une des promesses d'Emmanuel Macron : interdire sous trois ans le glyphosate en France. Pourtant, cette mesure n'apparaît à aucun moment dans le projet de loi Alimentation en examen actuellement à l'Assemblée nationale. Si Nicolas Hulot y est favorable, le gouvernement s'est prononcé contre un amendement dans ce sens.

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Mais où est donc passé le glyphosate ? C’est la question que se sont posée les organisations environnementales, citoyennes et agricoles en découvrant le projet de loi pour "l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable", dit loi Alimentation. Car, à bien y regarder, le texte du gouvernement ne propose pas d’interdire l’utilisation du glyphosate sous 3 ans alors même que c’est l’ambition affichée depuis des mois par le Président de la République, Emmanuel Macron.
Le gouvernement contre un amendement interdisant le glyphosate
"J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, au plus tard dans 3 ans", tweetait-il le 27 novembre dernier. Avant de rétropédaler et d’évoquer des "exceptions". Lors de ses vœux au monde agricole le 25 janvier, il a promis que pour les 10 % d'agriculteurs qui étaient dans l'impasse, il "n'imposerait jamais une sortie s'il n'y a pas d'alternative".
Un amendement proposant une interdiction sous 3 ans a bien été déposé en commission des Affaires économiques, mais il a reçu un avis défavorable du gouvernement et a été rejeté par les députés. "Il n’y aura pas d’interdiction sans solution. Nous devons mobiliser la recherche, pousser les innovations, mettre en place le plan Ecophyto 2 et tout ce qui peut nous aider à aller le plus vite possible", justifie une source proche du ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert.
Mais au sein du gouvernement, les voix sont discordantes. Nicolas Hulot, lui, est clairement favorable à son inscription dans la loi. "Si on ne se fixe pas ces points d'étape, je sais très, très bien qu'il ne se passera rien", a t-il déclaré sur BFM TV.
"Il n'est pas trop tard pour l'intégrer à la loi"
Dans ce sillage, plus de 30 organisations de Foodwatch à Greenpeace en passant par UFC-Que Choisir ont lancé une pétition demandant à la France de respecter son engagement de sortir d’ici 2020 du glyphosate, car "il n’est pas trop tard, cet engagement peut encore être intégré dans la loi".
Le ministère de l’Agriculture reste flou sur la position du gouvernement si un amendement allait dans ce sens. "On ne va pas vous donner le déroulement du film à l’Assemblée", argue mystérieusement le cabinet de Stéphane Travert.
Marina Fabre @fabre_marina