Publié le 01 avril 2014

ENVIRONNEMENT

Changement climatique : 25 ans d'alertes du GIEC

L'avertissement du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) est brutal. Il vient de publier le deuxième volet de son 5ème rapport consacré aux conséquences, à l'adaptation et à la vulnérabilité des territoires au changement climatique. Des milliers de scientifiques du monde entier ont une nouvelle fois participés à ces travaux. Depuis 25 ans, ils alertent sur l'impact de l'activité humaine sur l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Avec plus ou moins de réussite. Retour sur un long combat.

31 Mars 2014 : Il s'agit du rapport le plus complet mais aussi le plus alarmiste publié depuis la création du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). L'organisme scientifique publie son rapport « Changements climatique 2014 : conséquences, adaptation et vulnérabilité ».

« Vu le réchauffement considérable dû à l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre, les risques vont être difficiles à gérer et même des investissements importants et soutenus dans l'adaptation auront leurs limitent », déclare ainsi Chris Field, l'un des principaux coordonateur du rapport. Les changements climatiques touchent déjà l'agriculture, la santé, les écosystèmes terrestres et océaniques, l'approvisionnement en eau et les moyens de subsistances de certaines populations. Ces changements touchent toutes les régions, des tropiques jusqu'aux pôles. Pour faire face à ces nouveaux risques, le rapport souligne aussi l'existence d'une vaste gamme de possibilité d'outils et de mesures permettant aux populations et au monde économique de s'adapter et d'atténuer le réchauffement en cours. Si le changement climatique dépasse les 2°C, ce seront entre 0,2% et 2% des revenus mondiaux qui disparaitront chaque année

Ce rapport est le deuxième volet du cinquième rapport sur le climat (qui en compte 4). Le premier volet, sur les bases scientifiques du réchauffement climatique, a été publié en septembre 2013. Il y est écrit que le réchauffement climatique est « sans équivoque ». La synthèse finale est, elle, prévue pour fin octobre 2014. Objectif : servir de matière aux chefs d'Etats pour tenter de sceller un accord sur le climat lors des négociations internationales onusiennes qui se dérouleront en 2015 à Paris.

2013-2009 : Après l'échec des négociations internationales sur le climat de Copenhague, c'est la gueule de bois. Cible principale des climato-sceptiques qui multiplient les « révélations » sur les erreurs du groupe d'expert, le GIEC doit amorcer une profonde réforme de son fonctionnement pour restaurer sa crédibilité. En France, le courant climato-sceptiques incarné par Claude Allègre prend de l'ampleur, jusqu'au plus haut niveau de l'Etat. Au niveau international, les conférences onusiennes sur le climat (COP) successives progressent faiblement, essentiellement sur les aspects techniques. Bref, c'est le statu-quo.

2009 : Jamais une conférence onusienne (COP) sur le climat n'aura été aussi attendue et suivie que celle de Copenhague. Au centre de toutes les attentes des associations environnementales, des pressions médiatiques mais aussi de tensions géopolitiques, Copenhague concentrera en fait toutes les déceptions. Cet échec laissera un boulevard aux climato-sceptiques et portera un coup d'arrêt à la lutte internationale contre le changement climatique. En France, la prise en compte de l'environnement dans la politique gouvernementale va progressivement s'amenuiser.

2007 : Dans son quatrième rapport, le GIEC hausse le ton. Le taux de certitude sur le rôle essentiel des activités humaines dans le réchauffement de la planète passe à plus de 90% contre 66 % en 2001. La fourchette du réchauffement d'ici 2100 est comprise entre 1,1°C et 6,4°C, en fonction des politiques menées. Le GIEC alerte aussi sur les conséquences du changement climatique : multiplication des phénomènes climatiques extrêmes, bouleversement des écosystèmes, crises liées aux ressources alimentaires, dangers sanitaires, déplacement de populations, etc. Cette même année le GIEC est récompensé du prix Nobel de la paix pour ses travaux scientifiques, conjointement avec Al Gore qui les a vulgarisés. C'est la consécration. En France aussi, c'est l'heure de gloire des écologistes. Nicolas Hulot parvient à faire signer à tous les candidats principaux son pacte écologique lors de la campagne présidentielle. Elu président de la République, Nicolas Sarkozy fait du ministre de l'Ecologie le n°2 du gouvernement et lance le Grenelle de l'environnement.

2006 : Après les alertes répétées des scientifiques, ce sont les politiques et même les financiers qui s'inquiètent des bouleversements climatiques. Le vice-président de l'ère Clinton, Al Gore, entame un tour du monde pour convaincre les dirigeants et les populations de la réalité de la menace. Sa seule arme : un documentaire à l'efficacité redoutable, « Une vérité qui dérange ». Moins grand public, le rapport de l'ancien chef économiste de la Banque mondiale, Nicholas Stern, fait l'effet d'une bombe auprès des dirigeants de la planète. Selon ses calculs, en l'absence de mesures règlementaires dans les 10 ans, le réchauffement climatique pourrait coûter à l'économie mondiale jusqu'à 7 000 milliards de dollars. Ce coût de l'inaction, très médiatisé, mobilise alors la communauté internationale sur l'urgence à forger un consensus international sur la lutte contre le changement climatique.

2005 : Le protocole de Kyoto entre en vigueur. Il vise à réduire les émissions de CO2 des 36 pays industrialisés qui l'ont ratifié. Une réduction moyenne de 5,2% sur la période 2008-2012 par rapport aux niveaux de 1990. Mais l'efficacité de ce traité international est limitée car ni l'Australie, ni les Etats-Unis refusent de s'y soumettre... Les 107 pays en développement ayant ratifié le protocole n'ont, quant à eux, que de simples obligations d'inventaire d'émissions polluantes.

2001 : Le troisième rapport du GIEC déclare qu'il existe « des preuves solides que la tendance au réchauffement climatique observée ces cinquante dernières années est attribuable à l'activité humaine. »

1995 : Dans son deuxième rapport d'évaluation, le GIEC précise que « l'étude des preuves suggère une influence détectable de l'activité humaine sur le climat planétaire ». Le rapport fournit la matière de départ des négociations du Protocole de Kyoto, nouveau traité international sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Celui-ci sera signé en 1997.

1992 : Lors du sommet de la Terre qui se tient à Rio de Janeiro, la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique élaborée sur la base des informations du premier rapport du GIEC, est ouverte à signatures. Son objectif ? Stabiliser les concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre à un niveau qui empêche toute perturbation humaine dangereuse du système climatique. Cette convention entre en vigueur en 1994.

1990 : Le premier rapport d'évaluation du GIEC est publié. Il confirme les informations scientifiques qui ont mené à sa création, soit le fait que les activités humaines ont perturbé le climat mondial et que le changement climatique en cours risque de provoquer des dommages considérables.

1988 : Le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) voit le jour à l'initiative de l'Organisation Météorologique Mondiale et du Programme des Nations Unies pour l'Environnement. Sa mission : « évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective les meilleurs informations d'ordre scientifique, technique et socio-économique» du monde entier sur le climat.

Béatrice Héraud
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