Publié le 5 octobre 2025

Peu de nouveaux visages et une majorité de ministres reconduits : le gouvernement Lecornu s’inscrit clairement dans la continuité de son prédécesseur. Une stratégie lisible, mais qui peut sembler déconnectée d’une société en quête de changements concrets, notamment sur les fronts écologique et social.

Il aura fallu près d’un mois après la nomination de Sébastien Lecornu comme Premier ministre, le 9 septembre dernier, pour que la composition de son gouvernement soit enfin annoncée, ce dimanche 5 octobre. Et malgré ce délai, la liste dévoilée par le secrétaire général de l’Élysée, Emmanuel Moulin, a un air de déjà-vu. Sur les 18 ministres nommés, 12 conservent leur portefeuille, parmi eux Agnès Pannier-Runacher à la Transition écologique, Élisabeth Borne à l’Éducation nationale, Bruno Retailleau à l’Intérieur, ou encore Gérald Darmanin à la Justice. À l’Économie, Roland Lescure succède à Éric Lombard à la tête du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et énergétique.

Ce choix de la continuité soulève des questions, à l’heure où les tensions sociales et climatiques se font de plus en plus vives dans l’espace public. Ces dernières semaines, plusieurs manifestations ont éclaté, allant des mobilisations citoyennes de Bloquons tout aux appels lancés par les syndicats. Ces mouvements, bien qu’hétérogènes, expriment un mécontentement aux origines multiples : précarité grandissante, fractures territoriales, inquiétudes environnementales. Tous traduisent un même sentiment de stagnation, voire d’immobilisme, face à des urgences bien réelles.

Le danger de l’immobilisme

Sur le plan écologique, les derniers mois ont été marqués par plusieurs reculs notables sur l’objectif de Zéro Artificialisation Nette, les Zones à Faibles Émissions, ou encore par le maintien du très contesté chantier de l’autoroute A69. Plutôt que de renoncer, le gouvernement Bayrou a opté pour un reflux silencieux.

Sur le plan social, les arbitrages budgétaires récents ont laissé une impression de déconnexion avec les réalités vécues par une partie de la population. La réforme de Ma Prime Rénov’ a par exemple restreint l’accès à la rénovation énergétique pour les foyers les plus modestes. Quant au débat sur la fiscalité du patrimoine, il s’est refermé aussi vite qu’il s’était ouvert.

Dès mardi 7 octobre, la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre sera l’occasion de préciser les priorités de cette nouvelle séquence.  Elle devra convaincre que la transition — écologique, sociale, démocratique — ne se limite pas à un mot d’ordre, mais peut se traduire concrètement dans les choix de l’exécutif. “Nous attendons de la déclaration de politique générale des engagements clairs sur le financement de la transition écologique et sur le soutien aux énergies renouvelables”, réagit auprès de Novethic Anne Bringault du Réseau Action Climat.

Car si l’immobilisme peut parfois être synonyme de stabilité, il peut aussi, dans certaines circonstances, devenir une fuite en avant.

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