Agnès Pannier-Runacher, le come-back. La macroniste de la première heure, considérée comme appartenant à l’aile gauche du parti présidentiel, dont le nom circulait ces derniers jours pour l’Ecologie, est nommée ministre de la Transition écologique, de l’énergie, du climat et de la prévention des risques dans le gouvernement de Michel Barnier. Un portefeuille qu’elle connaît en partie, puisqu’elle a été ministre de la Transition énergétique entre 2022 et 2024, dans le gouvernement d’Elisabeth Borne. La planification écologique était alors l’affaire d’un trio réparti entre Matignon, la Transition énergétique d’un côté, avec Agnès Pannier-Runacher, et la Transition écologique, de l’autre avec Christophe Béchu.
Ce super ministère de l’écologie a volé en éclats en janvier dernier avec l’arrivée de Gabriel Attal à Matignon, l’Energie ayant été rapatriée à Bercy. Une configuration qui prévalait avant 2007 et l’instauration par Nicolas Sarkozy, à l’issue du Grenelle de l’environnement, d’un ministère de l’écologie qui rassemblait les différents sujets : énergie, logements, transports, biodiversité…. Agnès Pannier-Runacher hérite d’un presque super ministère puisqu’elle n’a ni la cohésion des territoires, ni le logement et le transport. Ce qui peut interroger pour assurer la cohérence de politiques climatiques.
“C’est le périmètre ministériel le plus restreint depuis Jean-Louis Borloo il y a quinze ans”, réagit sur Linkedin Marine Braud, experte des enjeux environnementaux, passée par les récents ministères de la Transition écologique. “Autant dire que la nouvelle ministre n’aura la main sur quasiment aucune des politiques sectorielles nécessaires à la transition”. Autres signes inquiétants, la biodiversité a totalement disparu – même si la ministre l’a citée dans sa première déclaration publique -, tandis que la forêt est adossée à l’Agriculture. Les transports, la mer et la pêche sont quant à eux rattachés à la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation, Catherine Vautrin. Et le logement dispose d’un ministre de plein exercice, Valérie Létard, ce qui n’était pas arrivé depuis la présidence Hollande.
Pro-nucléaire
Du passage d’Agnès Pannier-Runacher à la Transition énergétique, on peut retenir deux lois : l’une sur le développement des énergies renouvelables, l’autre sur l’accélération du nucléaire. Celle qui a été élue députée du Pas-de-Calais aux dernières élections législatives, est ainsi connue pour son positionnement pro-nucléaire. Pendant son mandat de ministre de l’Energie, c’est elle qui est à l’origine de l’Alliance du nucléaire qui regroupe une quinzaine de pays européens. Elle a ainsi fait pression sur Bruxelles pour que la directive sur les énergies renouvelables prenne en compte l’énergie bas-carbone, à laquelle appartient le nucléaire.
Lors du remaniement de janvier 2024, un temps pressenti à la Santé, Agnès Pannier-Runacher est nommée in-extremis ministre déléguée à l’Agriculture, aux côtés de Marc Fesneau. Finalement, l’ancienne diplômée de l’école de commerce HEC, ancienne élève de l’ENA et de Sciences-Po Paris, creuse son sillon en pleine colère des agriculteurs, n’hésitant pas à défendre leur utilité dans la planification écologique.
PPE, SNBC, PNACC en haut de la pile
Alors que Michel Barnier a déjà annoncé qu’il déconnectait le secrétariat général à la planification écologique (SGPE), chargé de coordonner l’élaboration des stratégies nationales en matière de transition écologique, de Matignon, quelle marge de manœuvre aura Agnès Pannier-Runacher, dont le ministère est descendu au 8e rang protocolaire ? Sur le haut de la pile, il y a notamment la nouvelle Stratégie française énergie-climat (Sfec) qui doit être traduite dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) et le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC3). Et il y a urgence puisque ces documents sont attendus depuis plus d’un an.
Il va aussi falloir rassurer les acteurs et les collectivités. Le budget 2025 en particulier va être scruté de près alors que le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal prévoyait de réduire plusieurs postes clés comme la rénovation énergétique, l’électrification des véhicules, le verdissement des collectivités ou encore la biodiversité. Du pain sur la planche, Agnès Pannier-Runacher en aura assurément. Elle sera accompagnée dans sa mission par Olga Givernet, ministre déléguée à l’Energie, ingénieure aéronautique spécialiste des jets privés, qui a voté contre leur régulation. Ça aurait pu mieux commencer…