Publié le 1 septembre 2025

À Rennes, un immense parking va être détruit pour laisser place à la Vilaine. Une transformation emblématique qui illustre un mouvement plus large : les villes françaises revoient la place de la voiture pour mieux s’adapter au climat et aux attentes des habitants.

Le bitume laisse la place à l’eau. À Rennes, c’est un chantier hors norme qui va s’ouvrir début septembre. La ville va détruire un parking de plus de 6600 m2 construit en plein centre-ville au-dessus du fleuve la Vilaine. “Hier omniprésente, aujourd’hui en partie occupée par un parking, elle sera, demain, libérée du bitume pour que chacune, chacun, puisse en profiter pleinement”, écrit dans un édito la maire de Rennes, Nathalie Appéré.

Le parking, vétuste, datant des années 60, nécessitait de tels travaux de rénovation que la mairie a préféré opter pour sa destruction. Budget total : 29 millions d’euros. Mais il ne s’agit pas seulement de stationnements. L’enjeu est de redonner de l’espace au fleuve qui sera ainsi découvert sur près de 270 mètres de long, de réaménager les berges, de végétaliser une partie des milliers de mètres carrés qu’occupait le parking pour créer des îlots de fraîcheur. L’époque de la voiture reine est révolue.

La voiture occupe 50 à 80% de l’espace urbain

Rennes n’est pas un cas isolé. Partout en France, des parkings disparaissent. À Paris, le parking Foch – le plus grand de la capitale – supprime la moitié de ses places, faute de fréquentation. À Marseille, Nantes, Toulouse, les suppressions se multiplient. “Un mouvement de fond est engagé depuis plusieurs années, analyse Aurélien Bigo, chercheur sur la transition énergétique des transports. Les villes réduisent la place de la voiture, notamment en stationnement, pour rendre l’espace public à d’autres usages.”

Aujourd’hui, la voiture occupe 50 à 80% de l’espace urbain. Un déséquilibre que de nombreuses municipalités souhaitent corriger. Moins de bitume, plus de pistes cyclables, de bancs, de fontaines, de places piétonnes ou de zones végétalisées… les attentes changent. “Pour s’adapter au climat, il faut désartificialiser les sols et créer des îlots de fraîcheur“, ajoute Aurélien Bigo.

Résistance des commerçants

Ces projets suscitent pourtant des résistances. A Rennes, les commerçants se sont opposés au projet de fermeture du parking. “Qu’est-ce que vont devenir les restaurants s’il n’y a que le métro pour venir en ville ? De nombreux clients ne vont pas s’y aventurer”, s’interrogeait en septembre dernier dans ActuRennes Laurence Taillandier, présidente de l’association Le Carré Rennais. Est-ce à dire que l’acceptabilité sociale est le principal frein à la réduction de la voiture en ville ?

Ces mouvements de contestation, minoritaires, ont toujours existé en France, rappelle Mathieu Chassignet, ingénieur en mobilités durables. “Après la guerre, on a adapté la ville aux voitures. Les places de toutes les villes étaient devenues des parkings. Dans les années 80, les grandes villes ont commencé à repiétonniser les espaces colonisés par le parking et déjà les commerçants s’y opposaient, raconte l’expert. Les commerçants surestiment souvent la part de leurs clients venant en voiture”.

Il est peu probable que la disparition totale des parkings soit envisagée dans un futur proche. Cependant, des événements comme la pandémie de Covid-19, avec ses confinements à répétition, ainsi que les vagues de chaleur de plus en plus fréquentes, ont mis en évidence la nécessité d’une ville plus adaptée aux besoins des habitants.

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