Qu’est-ce que la TCFD (Task Force on Climate-related Financial Disclosures) ?
La Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD) est un groupe de travail international créé en 2015 lors de la COP21 par le Conseil de Stabilité Financière (FSB). Son objectif principal est de définir un cadre de divulgation des risques financiers liés au changement climatique pour les entreprises, en particulier celles du secteur financier. La TCFD encourage les organisations à rendre compte de leur exposition aux risques climatiques afin d’améliorer la transparence et de soutenir la transition vers une économie bas-carbone.
Composition et gouvernance de la TCFD
La TCFD est composée de représentants issus des secteurs bancaires, des assurances, de grandes entreprises et d’investisseurs institutionnels. Parmi ses membres, on retrouve des institutions bancaires internationales telles que BNP Paribas, BlackRock, PGGM, Axa, Aviva, Eni, et HSBC. Le groupe est présidé par Michael R. Bloomberg, ancien maire de New-York et fondateur de Bloomberg LP, une société de services financiers mondialement reconnue.
Voir : t.
Objectifs de la TCFD
Le rôle de la TCFD est d’élaborer des recommandations pour aider les entreprises à intégrer les risques liés au changement climatique dans leur reporting financier et non financier. Cela vise à offrir une meilleure visibilité sur la manière dont ces organisations gèrent leurs risques climatiques et saisissent les opportunités liées à la transition écologique.
L’objectif ultime est de favoriser une transparence accrue pour que les investisseurs puissent prendre des décisions éclairées sur les entreprises dans lesquelles ils investissent, en fonction de leur exposition et de leur résilience face aux risques climatiques.
Recommandations de la TCFD : Les quatre piliers
Les recommandations de la TCFD sont structurées autour de quatre domaines clés :
- Gouvernance : Les entreprises doivent expliquer le rôle de leur conseil d’administration et de leur direction dans la gestion des risques climatiques et comment ils intègrent les considérations climatiques dans leur stratégie d’entreprise.
- Stratégie : Les organisations doivent préciser comment le changement climatique affecte leur stratégie d’affaires, en tenant compte des risques et opportunités climatiques. Elles doivent également expliquer comment elles prévoient de s’adapter à ces enjeux sur le court, moyen et long terme.
- Gestion des risques : Les entreprises doivent décrire les processus mis en place pour identifier, évaluer et gérer les risques climatiques. Cela inclut l’utilisation de scénarios d’analyse pour évaluer les risques futurs et les indicateurs clés de performance (KPI).
- Métriques et cibles : Les organisations doivent fournir des informations quantitatives sur leur empreinte carbone, leur consommation d’énergie et d’eau, ainsi que d’autres impacts environnementaux. Elles doivent aussi établir des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’autres cibles pour surveiller leurs performances climatiques.
TCFD et réglementation : vers un reporting climatique obligatoire ?
Bien que les recommandations de la TCFD soient initialement volontaires, elles sont de plus en plus adoptées dans le cadre des réglementations sur la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Par exemple, l’Union européenne a intégré les recommandations de la TCFD dans ses initiatives en faveur de la finance durable, comme la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) et la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation). En 2020, le Japon a rendu obligatoire la divulgation des risques climatiques conformément aux recommandations de la TCFD pour les entreprises cotées.
Limites et critiques de la TCFD
Bien que largement adoptées, les recommandations de la TCFD sont parfois jugées insuffisantes pour favoriser une transition climatique efficace. Leur approche se base sur une analyse en matérialité simple, plutôt qu’en double matérialité, c’est-à-dire que les entreprises se concentrent uniquement sur les impacts économiques et financiers du changement climatique sur leurs activités, sans évaluer en détail les conséquences de leurs propres activités sur le climat. Cela limite leur capacité à identifier clairement les entreprises qui contribuent positivement (ou non) à la transition écologique.
En adoptant les recommandations de la TCFD, les entreprises peuvent améliorer leur transparence et renforcer la confiance des investisseurs. Ce cadre de reporting climatique devient un outil crucial pour répondre aux attentes croissantes des régulateurs et des parties prenantes en matière de durabilité. Avec l’intégration croissante de ces recommandations dans les réglementations nationales et internationales, la TCFD s’impose comme un standard de facto pour le reporting des risques climatiques.