Publié le 18 juillet 2024

Oxfam France alerte, dans son dernier rapport publié lundi 15 juillet, sur les carences de l’Etat concernant les mesures d’adaptation face au changement climatique. Si vous n’avez pas le temps de le lire, voici les principaux chiffres à retenir.

“Comment la grande improvisation des politiques d’adaptation favorise les plus riches”. Un sous-titre qui donne le ton de ce nouveau rapport d’Oxfam France, publié lundi 15 juillet. Nous savions déjà que les 1% les plus riches émettent autant de CO2 que les deux tiers de l’humanité, mais l’ONG démontre cette fois-ci, grâce à la compilation de dizaines d’études, que le changement climatique va accroître les inégalités sociales. La raison ? Le manque de mesures concrètes d’adaptation.

“Oxfam estime qu’au moins 26 des 50 droits fondamentaux inscrits aux articles de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, soit plus de la moitié, sont susceptibles d’être directement ou indirectement menacés, si l’UE ne s’adapte pas immédiatement et efficacement” au changement climatique, révèle ce rapport.

Les droits à l’école, au travail et à la santé menacés

Dans le détail, les impacts du changement climatique seront particulièrement importants pour “les plus précaires, les femmes, les enfants, les minorités, les personnes âgées ou isolées”, explique le rapport. Ainsi, 1,3 million d’enfants de maternelle pourraient être exposés en classe à une chaleur excédent les 35°C d’ici à 2030. Soit près d’une classe sur deux en France, et même 100% dans quatre départements. A savoir : Paris, la Seine-Saint-Denis, la Gironde et les Bouches-du-Rhône.

Dans une France à +4°C, les jours de vagues de chaleur seront multipliés par au moins cinq. Dans un tel scénario, l’Île-de-France pourrait connaître jusqu’à 94 jours de fortes chaleurs, soit plus qu’un quart de l’année. Or l’ONG dirigée par Cécile Duflot note des lacunes en matière du droit du travail. Aujourd’hui, 14% des salariés et 36% des travailleurs sont exposés à la chaleur. “Ne pas s’adapter au réchauffement climatique peut entraîner la suppression définitive de nombreux emplois et métiers”, note le rapport. D’ailleurs, le nombre total d’heures de travail pourrait baisser dans les pays du G20 de 1,9% d’ici à 2030 avec la hausse des températures.

Enfin, sur les 2 321 structures hospitalières en France, 103 sont menacées de fermeture totale ou partielle d’ici à 2100, en raison de l’augmentation de l’intensité et de la fréquence des événements climatiques extrêmes. 274 hôpitaux et 243 maisons de retraite pourraient également être affectés par la montée des eaux. C’est notamment le cas du tout nouvel hôpital de Nantes, dont la reconstruction est estimée à 1,25 milliard d’euros, et qui a été implanté dans une zone submersible sans prise en compte des effets de la montée des eaux.

Gare au risque de “gentrification verte”

Parmi les autres enseignements à retenir de ce nouveau rapport d’Oxfam, figure le risque de maladaptation “qui contribue in fine à aggraver le problème du changement climatique”, en lieu et place de l’atténuer, comme par exemple les climatiseurs. L’ONG note d’ailleurs que si 25% de la population française a accès à la climatisation, ce taux tombe à 19% pour les inactifs et monte à 27% pour les professions libérales, les cadres et les professions intellectuelles supérieures.

A cela s’ajoute aussi le risque de “gentrification verte”, cette “forme spécifique de maladaptation qui privilégie les populations urbaines aisées dans les projets de verdissement urbain. Car la végétalisation des villes augmente la valeur des biens immobiliers obligeant ainsi les populations modestes à se déplacer vers les périphéries non végétalisées, et donc plus chaudes en été. C’est notamment le cas à Angers où une augmentation de 10% de la densité des espaces verts a entraîné en moyenne une valorisation de 1,3% des prix immobiliers.

Un investissement massif nécessaire

Et le manque d’adaptation coûte très cher à la France. Depuis 1980, la France a cumulé 120 milliards d’euros de pertes financières, soit le 2e coût le plus élevé en Europe. Et cela pourrait bien s’accentuer dans les années à venir avec une baisse 1,5% du PIB à l’horizon 2055-2064, en raison du changement climatique. En même temps, l’Etat subventionne à hauteur de “67 milliards d’euros d’argent public des activités contribuant au dérèglement climatique”, selon les chiffres du Réseau Action Climat.

“Il faudrait plusieurs dizaines de milliards d’euros par an, justement répartis, pour l’adaptation en France”, réclame l’ONG, qui ajoute que ces financements et investissements devront également être “conditionnés à des critères d’efficacité et de réduction des inégalités”. De même, Oxfam appelle à ce que le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC3) soit “opposable et contraignant”, et ce, alors que sa troisième version n’a toujours pas été mise en consultation.

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