Publié le 22 septembre 2025

Alors que la France va reconnaître l’Etat de Palestine ce lundi 22 septembre devant les Nations-Unies, les ONG appellent le chef d’Etat à aller plus loin. Elles pointent le rôle de certaines entreprises dans la colonisation des territoires palestiniens, à l’instar de Carrefour ou encore BNP Paribas.

Après le Royaume-Uni, le Canada ou encore l’Australie ce week-end, la France doit reconnaître officiellement l’État de Palestine ce lundi 22 septembre à l’Assemblée générale des Nations unies. Un symbole important mais qui est encore loin d’être suffisant pour mettre fin à l’occupation israélienne. Les ONG appellent notamment le président Emmanuel Macron à interdire la présence des entreprises françaises dans les territoires palestiniens occupés (TPO).

“Cette reconnaissance de l’Etat palestinien est importante au niveau diplomatique mais il faut aller plus loin, et passer aux actions concrètes”, réagit auprès de Novethic Louis-Nicolas Jandeaux, responsable de plaidoyer chez Oxfam. “Les Etats ont l’obligation légale d’interdire aux entreprises relevant de leur juridiction d’avoir des relations économiques avec les entreprises implantées dans les colonies”, rappelle-t-il évoquant l’avis consultatif émis par la Cour internationale de Justice (CIJ) en juillet 2024.

Carrefour dans le viseur

L’avis indique en effet que les gouvernements permettant le commerce avec l’économie des colonies sont jugés complices du maintien et de l’expansion des colonies illégales israéliennes et soutiennent donc l’occupation illégale d’Israël dans le territoire palestinien. Or, selon un nouveau rapport publié le 15 septembre par une coalition internationale de plus de 80 ONG, dont Oxfam, de nombreuses entreprises européennes sont toujours présentes dans les TPO.

En France, Carrefour est notamment pointé du doigt. Le géant de la grande distribution a conclu en 2022 un accord de franchise avec Electra Consumer Products, une filiale d’Elco Ltd Holding et sa succursale Yenot Bitan qui autorise celle-ci à produire et à vendre des produits sous la marque Carrefour partout en Israël. Selon le rapport, au moins neuf magasins Yenot Bitan se trouvent dans les TPO. Deux de ces magasins, situés en Cisjordanie, arborent désormais entièrement la marque Carrefour, comme on peut le voir sur la photo ci-dessous. “Ainsi, Carrefour est directement impliqué dans les colonies illégales en raison de ses propres intérêts commerciaux”, pointent les auteurs.

@Stop trade with settlements.

Outre l’avis de la CIJ, le rapport cite les principes directeurs des Nations-Unies. Selon ces derniers, les relations commerciales pouvant porter atteintes aux droits humains, par exemple en soutenant l’installation de colonies illégales, doivent faire l’objet d’une diligence raisonnable renforcée pour identifier, prévenir et atténuer ces atteintes. Ce qui passe pour Carrefour par la fin de “sa présence dans les colonies”, poursuivent les auteurs.

Pression citoyenne

Contacté par Novethic, Carrefour évoque des “rumeurs infondées”. “Le groupe Carrefour n’exerce pas d’activité en Israël. Notre marque y est présente via un contrat de franchise exercé par une entreprise indépendante. Ce contrat exclut la présence de magasins et de produits Carrefour dans les territoires occupés. Cette absence est démontrable et vérifiable”, assure le groupe. Pourtant, assure Louis-Nicolas Jandeaux, les preuves sont bien là. “La présence de Carrefour dans les TPO est documentée depuis plusieurs années : il y a bien des enseignes Carrefour dans des colonies illégales. On les a sollicités à plusieurs reprises avant de publier notre rapport, en vain”, déplore-t-il.

Une pétition a été lancée pour interpeller Carrefour, mais le groupe n’est pas le seul à être pointé du doigt. Entre janvier 2021 et août 2024, BNP Paribas a fourni environ 28 milliards de dollars, sous forme de prêts et d’investissements aux entreprises liées aux colonies, précise le rapport. Au niveau européen, le groupe TUI, Siemens, Maersk et la banque Barclays sont également cités. Plus globalement, l’Association France Palestine solidarité appelle à boycotter les entreprises françaises comme Axa, L’Oréal, SFR, Yves Rocher ou ou internationales comme Airbnb, Booking et Coca-Cola pour leur soutien direct ou indirect à la colonisation par Israël.

Depuis que nous avons lancé notre campagne ‘Stop au commerce avec les colonies illégales’, certaines entreprises ont fait marche arrière à l’instar d’eDreams et Maersk. Ça bouge positivement. La pression citoyenne est également en train de s’accroître face au génocide en cours”, constate Louis-Nicolas Jandeaux. Depuis 2022, 49 projets de colonies ont été validés par le gouvernement actuel. Selon le rapport, l’occupation israélienne a coûté à l’économie palestinienne 50 milliards de dollars entre 2000 et 2020.

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