La vague de chaleur qui s’est abattue sur l’Europe entre le 23 juin et le 2 juillet a provoqué 2 300 décès, dans 12 villes européennes. Parmi eux, 1 500 – soit 65 % – n’auraient pas eu lieu si le changement climatique n’avait pas intensifié la canicule. C’est ce que dévoile un rapport du groupe World Weather Attribution, publié cette semaine. C’est la première étude rapide visant à estimer le nombre de décès liés au changement climatique lors d’une vague de chaleur, menée par des scientifiques de l’Imperial College de Londres et de la London School of Hygiene & Tropical Medicine. Auparavant, de telles recherches prenaient des mois.
Madrid (108 morts liés au changement climatique sur 118) est la ville la plus touchée en termes relatifs : plus de 90% des décès liés à la chaleur excessive étant imputables au changement climatique. Dans le détail, pendant cette période, le changement climatique a été à l’origine de 317 décès dus à la chaleur excessive à Milan, 286 à Barcelone, ou encore 235 à Paris. C’est par exemple plus que les inondations de Valence en 2024 (224 décès).
Morts invisibles
“Encore une fois, la canicule est une “tueuse invisible de personnes invisibles”, a réagi sur Linkedin Alexandre Florentin, conseiller de Paris, à l’origine du rapport “Paris à 50°C”. “Les vagues de chaleur sont un tueur silencieux car les décès surviennent principalement dans les maisons et les hôpitaux, loin de la vue du public, et sont rarement signalés”, confirme Pierre Masselot de la London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM), l’un des auteurs de l’étude cité par le média Climate home news. “Alors qu’une poignée de décès ont été signalés en Espagne, en France et en Italie, des milliers d’autres personnes sont mortes à cause des températures caniculaires et leurs décès ne seront pas enregistrés comme liés à la chaleur”, a-t-il ajouté.
La chaleur ne tue pas directement mais vient aggraver des problèmes de santé existants. Les personnes âgées de 65 ans et plus ont ainsi représenté 88% des décès pendant la vague de chaleur du début de l’été. En France, les consultations d’urgence pour des troubles liés à la chaleur ont atteint un pic le 1er juillet, sommet de la récente vague de chaleur, a indiqué l’agence Santé publique France, avec près de 600 passages aux urgences. Sur la récente période de vigilance orange – voire rouge autour du 1er juillet dans certains départements -, les troubles ont surtout concerné les patients âgés. Une grosse moitié des passages aux urgences liés à la chaleur (51%) concernaient les plus de 75 ans.
2 à 4°C plus chaude
Toujours selon le rapport du World Weather Attribution, la vague de chaleur du début de l’été a été entre 2 et 4°C plus chaude qu’elle ne l’aurait été sans le changement climatique. Juin 2025 se place dès lors comme le mois de juin plus chaud jamais enregistré en Europe de l’Ouest, selon le service climatique européen Copernicus. Localement les températures ont dépassé régulièrement les 40°C et atteint jusqu’à 46°C en Espagne ou au Portugal, et jusqu’à 48°C en “température ressentie” (Indice universel du climat thermique) au nord de Lisbonne.
Le 30 juin, nouveau record journalier mensuel, a été “l’une des journées d’été les plus chaudes jamais connues” sur le continent. L’Espagne a comptabilisé 24 nuits tropicales, où la température ne descend pas sous les 20°C, soit 18 de plus qu’un mois de juin normal, et certaines zones côtières de Méditerranée en ont subies 10 à 15 au lieu de zéro habituellement en juin, souligne Copernicus. Les experts préviennent que les températures liées aux vagues de chaleur continueront d’augmenter et que le nombre de morts à l’avenir sera probablement plus élevé, tant qu’on continuera à brûler des énergies fossiles.