Publié le 24 août 2023
ENVIRONNEMENT
Vivre à Paris sous 50°C : passer d’une "ville radiateur à une ville oasis" grâce à une "nouvelle révolution hausmanienne" (5/5)
Cet été, Novethic enquête sur la façon dont Paris s'adapte à un scénario extrême. Pour Dan Lert, l'adjoint en charge de la transition écologique, il s'agit de passer d’une "ville radiateur à une ville oasis". Comment ? En plantant des arbres, en installant des ombrières, des fontaines à eau, en débitumant au maximum et en créant des lieux de baignade dans la Seine et ses canaux.

@Apur
Actuellement, les Parisiens ne disposent que de 3 mètres carrés par habitant d’espaces végétalisés (en excluant les bois de Vincennes et Boulogne). Or, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu'une douzaine de mètres carrés d'espaces verts de proximité (à moins de 300 m de distance du logement) par habitant en zone d'agglomération sont nécessaires. Cette carence en espaces verts se ressent particulièrement lors des pics de chaleur. À l’échelle d’une ville, on estime le potentiel de rafraîchissement procuré par la végétalisation entre 2,5°C et 3°C.
C’est pourquoi la Ville de Paris s’est lancé un défi : planter 170 000 arbres au cours de la mandature actuelle. Entre novembre 2022 et avril 2023, plus de 25 000 arbres ont déjà été plantés - dont 800 dans les rues parisiennes. "Jamais Paris n'avait autant planté depuis Haussmann !", s’extasie Dan Lert, l’adjoint au maire en charge de la Transition écologique, interrogé par Novethic. Parmi ces 170 000 arbres, qui viendront s‘ajouter aux 500 000 existants, la majorité devrait être plantée sur les talus du boulevard périphérique et dans les bois, avec un total de 20 000 arbres plantés dans Paris.
1 300 îlots de fraîcheur
En parallèle, la capitale entend désimperméabiliser 40% de l’espace total, en construisant par exemple moins de parkings, en soutenant les copropriétés qui souhaitent végétaliser leurs cours, en créant des rues végétalisées, notamment devant les écoles… "L’objectif est de débitumer 100 hectares dans l’espace public, ce qui représente 4 fois la superficie du parc des Buttes-Chaumont", indique Christophe Najdovski, adjoint à la Maire de Paris chargé de la végétalisation de l’espace public, des espaces verts, de la biodiversité et de la condition animale.
Là où elle ne peut pas végétaliser, la Ville opte pour des ombrières. 26 vont être installées cette année, sur les 40 prévues d’ici 2026. La température y est jusqu’à 9 degrés moins élevée. Paris multiplie aussi les brumisateurs et les fontaines à eau. Elle cartographie aussi les îlots de fraîcheur qui sont aujourd’hui au nombre de 1 300 dont 530 espaces verts. Des actions qui vont de paire avec un grand plan de rénovation énergétique des bâtiments mené depuis 2009.
Reconquérir la Seine
"Dans les prochaines années, le climat de Paris ressemblera à celui de Séville. Il s'agit de passer d'une ville radiateur à une ville oasis, et réaliser une nouvelle révolution haussmannienne", confirme Dan Lert. Selon les prévisions, Paris pourrait connaître des vagues de chaleur en moyenne 34 jours par an d’ici 2080, contre 14 jours par an dans les années 2010. La nuit, on assisterait à une multiplication par 7 du nombre moyen de nuits tropicales qui passerait de 5 jours par an à 35 jours par an sur la même période.
Pour y faire face, l'élu parisien insiste sur un autre axe, la reconquête des lieux de baignade dans la Seine et dans les canaux parisiens. "Cela permet d’offrir des îlots de fraîcheur gratuits et ouverts à tous, notamment aux familles qui ne peuvent pas quitter paris en cas de fortes chaleurs", explique-t-il. Cet été, les Parisiens ont pu découvrir sept lieux de baignade éphémères, dans le bassin de la Villette ou encore au bord du Canal Saint-Martin.
Mais surtout d’ici 2025, trois sites de baignade sur la Seine doivent être inaugurés. Leur emplacement a été dévoilé le 9 juillet par la maire de Paris, Anne Hidalgo. Ils seront aménagés au niveau du bras Marie (4e arrondissement) en face de l’île Saint-Louis côté rive droite, au bras de Grenelle (15e) entre le port de Grenelle et les rives de l’île au Cygnes, et à Bercy (12e) en face de la Bibliothèque nationale de France. De quoi renouer avec une pratique autrefois courante. En effet, l’interdiction de se baigner dans la Seine ne date finalement que de 1923. Reste que les multiples annulations des tests d'épreuve de natation en raison de la pollution de l'eau cet été avant le coup d'envoi des Jeux Olympiques 2024 montrent que le chemin est encore long.