Sandra Cossart, la directrice de Sherpa explique : "D’un point de vue juridique les multinationales sont une myriade d’entités séparées qui tirent profit du fait d’aller s’installer dans des pays à faible gouvernance où les législations, qu’elles soient sociales ou environnementales, ne protègent pas vraiment et complètement les travailleurs." Elle ajoute : "Le rôle de Sherpa est de mettre la lumière sur ces violations délocalisées des droits en les relocalisant devant les juridictions françaises."
La restitution de biens mal acquis
L’un des principaux faits d’armes contre la corruption de Sherpa est la confiscation des "Biens Mal Acquis" par Theodorin Obiang, vice-président de la Guinée équatoriale, état africain riche de ressources pétrolières. Ces Biens Mal Acquis sont estimés à 150 millions d’euros et comptent un hôtel particulier avenue Foch à Paris, hébergeant de nombreuses voitures de luxe. Cet été après 14 ans de procédure, Sherpa a enfin gagné la possibilité d’envisager la restitution de ces biens à la population équato-guinéen, une grande première. "C’est une manne très importante pour 1,4 million de citoyens, dont les deux tiers vivent avec moins d’un dollar par jour. Cette somme suffirait à vacciner trois fois l’ensemble de la population contre la maladie du COVID 19" indique Tutu Alicante, avocat exilé de la Guinée Bissau.
Elle répond que la reconnaissance des droits fondamentaux ne peut pas être un obstacle au développement économique. Elle réaffirme qu’ils sont universels et insiste sur le fait que les multinationales rapatrient leurs bénéfices dans les pays occidentaux. Il est donc logique que les victimes obtiennent réparation de leurs préjudices là où sont localisés les moyens de les payer. Faire le procès des dérives de la mondialisation est un combat long et difficile mais chaque victoire juridique renforce la vitalité d’une organisation qui a démarré "sur une intuition dans une cabine téléphonique" selon son fondateur.