Ne rien faire coûte plus cher que faire. Ces dernières années, les études démontrant que le coût de l’inaction climatique est bien plus élevé que celui de l’action se sont succédé. A la veille de la COP30, qui se tiendra à Belém du 10 au 21 novembre, un nouveau rapport vient enfoncer le clou afin de convaincre politiques et décideurs. Lancé par 20 organisations de premier plan spécialisées dans l’adaptation, sous la direction de Systemiq, lors des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, il fournit l’analyse la plus complète à ce jour sur les bénéfices économiques et financiers des investissements dans l’adaptation, en plus des indicateurs traditionnels de nombre de vies humaines épargnées.
S’appuyant sur les analyses de plus de 120 organisations et de 70 publications, il met en évidence que les investissements ciblés dans la résilience climatique et environnementale pourraient générer au moins quatre fois plus de bénéfices que de coûts, avec un taux de rendement annuel moyen de 25 %. Dans le détail, investir 350 milliards de dollars chaque année dans des projets de résilience dans les économies émergentes et en développement (contre 54 milliards de dollars actuellement) pourrait générer jusqu’à 280 millions d’emplois au cours des 10 prochaines années, selon le rapport.
“Mauvaise direction”
Le marché de l’adaptation et de la résilience pourrait ainsi atteindre 1 300 milliards de dollars par an d’ici 2030 et représenter jusqu’à 15 % du PIB de certains États vulnérables d’ici 2050 par rapport aux politiques actuelles. Des bénéfices qui s’ajoutent à la réduction d’une partie des 1 à 2 millions de décès supplémentaires attendus chaque année d’ici 2050 sans action.
Le rapport évalue aussi le prix de l’inaction : au moins 525 milliards de dollars de croissance sur deux décennies ont été anéanties dans les économies émergentes. Et à l’avenir, la hausse des températures et la perte de nature pourraient entraîner des pertes de 1 200 milliards de dollars d’ici les années 2050 pour les plus grandes entreprises mondiales et une baisse du PIB mondial de 18 à 23 % d’ici 2050.
Toutefois, “malgré les données probantes, les flux de capitaux continuent de se faire dans la mauvaise direction”, estiment les auteurs. Pour chaque dollar investi dans des infrastructures résilientes, 87 dollars sont consacrés à des infrastructures qui ne prennent pas en compte la résilience – par exemple, des bâtiments en zones inondables, des ports sans quais surélevés pour se protéger de la montée du niveau de la mer et des inondations.
Multilatéralisme
La COP30 sera l’occasion de relancer la dynamique pour renforcer la résilience climatique. Le Brésil, pays hôte, appelle à un sommet de la “mise en œuvre” maintenant que tous les articles de l’Accord de Paris ont été finalisés. “L’enjeu désormais est de voir comment continuer à avancer”, indique le Ministère de la transition écologique français. L’adaptation est l’un des sujets clés qui sera mis sur la table. “Cette thématique a besoin d’atteindre un nouveau niveau, sur le plan politique alors qu’un dépassement des objectifs est attendu dans les années 2030″, confirme Marta Torres-Gunfaus, directrice du programme Climat de l’Iddri.
Selon une autre étude publiée le 16 octobre par Climate Central et le World Weather Attribution (WWA), la planète a subi en moyenne 11 jours supplémentaires de canicule par an depuis 2015 avec un réchauffement moyen de +0,3°C. Dans un monde à +2,6 °C, on passerait à 57 jours de chaleur supplémentaires par an par rapport à aujourd’hui. “Les dirigeants politiques doivent prendre l’Accord de Paris beaucoup plus au sérieux. Il s’agit de protéger nos droits humains. Chaque fraction de degré – que ce soit 1,4, 1,5 ou 1,7°C – fera la différence pour protéger et sauver des millions de personnes”, a réagi Friederike Otto, professeure et climatologue à l’Imperial College de Londres.