Publié le 14 avril 2021
SOCIAL
Ouïghours : une plainte déposée en France contre quatre géants de l'habillement pour "crime contre l’humanité"
Cette fois, ce sont quatre grands noms de l'industrie de l'habillement qui sont visés par un dépôt de plainte concernant le recours au travail forcé des Ouïghours en Chine. Le 9 avril, trois ONG et une rescapée ouïghoure ont accusé Inditex (maison mère de Zara), Uniqlo, SMCP (propriétaires de Sandro, Maje...) et Sketchers (chaussures de sport) d'être "complices" de "graves crimes".

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L’industrie de l’habillement est attaquée de toute part concernant la question du travail forcé des Ouïghours. Vendredi 9 avril une plainte a été déposée en France contre quatre multinationales de l'habillement : les sociétés Inditex (propriétaire de la marque Zara), Uniqlo, SMCP (Sandro, Maje...) et le chausseur de sport Skechers.
À l'origine de la plainte : trois ONG, l’association Sherpa, le collectif Éthique sur l'étiquette, l'Institut ouïghour d'Europe ainsi qu'une femme ouïghoure ayant été internée dans province du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine. Elles accusent les entreprises de "recel de travail forcé et de crimes contre l’humanité"
“Complices des graves crimes”
Sur la base d’un rapport, publié en mars 2020 par l’ONG australienne ASPI, les associations estiment vraisemblable la commercialisation, par ces quatre sociétés, de vêtements ou de chaussures fabriqués en totalité, ou pour partie, dans des usines où des Ouïghours sont soumis au travail forcé. Elles estiment aussi qu’elles ne justifient pas d’efforts suffisants pour s’assurer que leurs sous-traitants ne sont pas impliqués dans les persécutions de cette minorité.
Les plaignants demandent donc à la justice française d’enquêter sur ces entreprises qui continueraient de sous-traiter "une partie de leur production ou de commercialiser des biens utilisant du coton produit dans la région, se rendant complices des graves crimes qui y sont perpétrés”, résume le communiqué.
“La première d’une série”
La région du Xinjiang représente près d’un cinquième de la production mondiale de coton et fournit de nombreux géants de l’habillement. Cette plainte, déposée à Paris par l’avocat William Bourdon, “est la première d’une série qui se déploiera dans les prochains mois dans d’autres pays européens”, poursuit le communiqué. L’association des Ouïghours de France avait quant à elle déjà déposé une plainte contre Nike devant le tribunal judiciaire de Paris le 24 février.
Plusieurs pays, dont les États-Unis, évoquent un “génocide” dont seraient victimes les Ouïghours. Des ONG de défense des droits humains accusent Pékin d’avoir interné depuis 2017 plus d’un million d’entre eux dans des centres de rééducation politique. Le régime communiste dément ce chiffre et assure qu’il s’agit de “centres de formation professionnelle” destinés à éloigner les Ouïghours de l’islamisme et du séparatisme, après une série d’attentats qui leur ont été attribués.
La rédaction avec AFP