Entre les agriculteurs et les Gilets jaunes, le gouvernement a fait son choix. Le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, a annoncé ce mercredi 5 décembre sur CNews le report des ordonnances attachées à la loi Alimentation. Elles seront appliquées "en janvier ou en février" pendant les négociations commerciales car "il y a d’autres sujets d’actualité", a-t-il indiqué.
Deux ordonnances, particulièrement sensibles, pourraient en effet faire augmenter le budget alimentation des Français. En pleine crise des gilets jaunes, cela deviendrait un nouveau symbole de la perte du pouvoir d’achat. Concrètement, il s’agit de reporter la limitation des promotions mais aussi l’augmentation de 10 % le seuil de revente à perte. Aujourd’hui, les produits d’appels comme le Coca-Cola ou le Nutella par exemple sont vendus sans marge. Pour compenser, les produits agricoles sont surmargés. Le gouvernement veut imposer à la distribution d’augmenter ses marges sur les produits d’appels et faire baisser celles des produits agricoles.
Les agriculteurs vont rejoindre la contestation
Le problème, selon Michel-Édouard Leclerc, président du groupe éponyme, soutenu par l’association UFC-Que-Choisir, est que ces dispositifs vont avoir pour conséquence une augmentation de 5 milliards d’euros pour les consommateurs soit 177 euros par ménage, sur les deux ans que durera l’expérimentation.
Faux, répondent les agriculteurs qui ne veulent pas devenir la variable d’ajustement de la politique gouvernementale. "Nous serons dans la rue très prochainement pour dire stop au matraquage des agriculteurs et pour que le gouvernement tienne ses promesses sur la loi alimentation", a prévenu Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, principal syndicat agricole. "Les négociations commerciales sont en cours et elles se passent très mal. Aucun distributeur ne tient parole, il faut absolument que le bras de l’État ne faiblisse pas", expliquait le 3 décembre Patrick Benezit, secrétaire général adjoint de la FNSEA, "ce n’est pas une menace c’est une annonce".
Pas d’issue favorable pour Emmanuel Macron
Du côté des distributeurs, on tire la langue tant les 12 derniers jours ont été catastrophiques. Selon la Fédération du commerce et de la distribution, dès le samedi 17 novembre, premier jour de mobilisation des gilets jaunes, les ventes ont reculé de 35 %.
Le gouvernement devait recevoir la grande distribution lundi 3 décembre, mais la réunion a finalement été annulée. "Il n’y a aucune porte de sortie favorable à Emmanuel Macron sur ce sujet", expliquait un expert le lundi 3 décembre, "S’il reporte la loi, les agriculteurs rejoindront les gilets, s’il la maintient, les gilets jaunes auront un argument de plus à faire valoir".
Marina Fabre @fabre_marina
Publié le 4 décembre 2018
[Mise à jour le 5 décembre 2018] Deux ordonnances de la loi alimentation pouvant faire baisser le pouvoir d'achat des Français viennent d'être reportées en raison des Gilets jaunes. La FNSEA, principal syndicat agricole, qui attendait beaucoup de ces mesures, appelle les agriculteurs à descendre dans la rue. Le gouvernement prend le risque d'une convergence des luttes.
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