Publié le 07 décembre 2018

SOCIAL

Alimentation : inquiets du succès de l'appli Yuka, industriels et distributeurs contre-attaquent

L'appli star Yuka, qui note les aliments en fonction de leurs qualités nutritionnelles, revendique désormais 7,5 millions d'utilisateurs. Une influence grandissante qui a poussé le secteur agroalimentaire à changer la composition de certains produits. Mais son système de notation est critiqué par des industriels qui passent à l'offensive. 

Plusieurs distributeurs et industriels tentent de développer leur propre application comme gage de transparence.
©Yuka

Scanner les produits alimentaires avec son téléphone, un geste devenu courant dans les allées des supermarchés. Désireux de transparence, les citoyens se sont tournés vers des applications leur permettant de connaître la composition des produits qu'ils consomment de façon ludique, sans connaissances poussées de diététique. L'appli star est Yuka. Elle comptabilise plus de 7,5 millions d'inscrits dont 3,5 millions d'utilisateurs actifs par mois, une vraie révolution dans les modes de consommation.

"La qualité de l'information n'est pas toujours bonne"

Mais l'influence grandissante de Yuka pose question. "Ce qui me gêne, c'est que ce sont trois jeunes et leur appli qui vont désormais faire le succès ou la perte de tel ou tel produit. D'autant que le système de notation me semble discutable", prévient Olivier Frey, consultant et spécialiste du secteur alimentaire. Et il n'est pas le seul à tenir ces positions.

"Notre attitude est bienveillante envers Yuka car elle répond à une attente des consommateurs", explique un distributeur. "Mais la qualité des informations n'est pas toujours bonne. C'est un peu comme Wikipédia face à l'Encyclopédie Universalis, il est nécessaire mais il peut comporter des erreurs et être orienté". Une autre enseigne critique le "simplisme" de Yuka. "Le fromage va être classé en mauvais alors qu'il faut juste en manger de manière équilibré", déplore-t-elle.

Yuka, qui ne travaille avec aucune marque ni aucun fabricant, note les produits de 1 à 100 en fonction de la qualité nutritionnelle (60 %), de la présence d'additifs (30 %) et de la dimension biologique (10 %). Cela permet à l'application d'indiquer si l'article est excellent, bon, médiocre ou mauvais.

Des applis venues des distributeurs

C'est justement sur les additifs que les critiques se focalisent car certains d'entre eux classés comme "nocifs", "à éviter" ou "douteux" sont autorisés par l'Union européenne."Nous appliquons le principe de précaution avant tout", se défend un porte-parole de Yuka. "Malheureusement, ce n'est pas parce qu'un ingrédient n'est pas interdit qu'il ne présente pas de risque pour la santé".

Face à cette nouvelle donne, plusieurs industriels et distributeurs bannissent des produits controversés de leurs rayons. Système U a décidé de lancer sa propre application, baptisée "Y'a quoi dedans". "On ne donne pas d'indications aussi péremptoires que Yuka, il n'y a pas de feux vert, orange ou rouge. On indique aux consommateurs les ingrédients sujets à polémique, l'huile de palme par exemple pour le Nutella et on note que la consommation de ce produit, en excès, peut poser problème", explique un porte-parole du distributeur.

Num-Alim, une base de données géante

La contre-attaque la plus frontale vient des industriels. L'ANIA, la Fédération nationale des industriels de l'alimentaire, veut reprendre la main sur ses produits. Elle a annoncé le 23 novembre travailler depuis quatre ans sur une énorme base de données baptisée Num-Alim. Cette "encyclopédie" permettra de connaître les conditions de production, la traçabilité, l'impact sanitaire et nutritionnelle... En bref, toute la "carte d'identité d'un produit".

Conscients que les consommateurs sont à la recherche d'une appli simple et ludique, les industriels pourraient mettre à disposition leurs données à des startups et grands groupes du numérique qui s'occuperont de les décliner en appli grand public, une façon de proposer une réelle alternative à Yuka. 

Marina Fabre @fabre_marina


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

SOCIAL

Consommation

Produits verts, bio, issus du commerce équitable ou made in France….les marques multiplient les produits vendus comme écologiques, durables et responsables et les consommateurs prennent conscience de l’impact de leur choix sur l’environnement. Ces nouvelles pratiques de consommation doivent reposer sur des labels crédibles.

Metavers Decentraland biennale architecture vision du futur

Krach immobilier dans le métaverse : le début de la fin ?

Après une ascension fulgurante, l'immobilier dans le métaverse a plongé. Les maisons et appartements virtuels achetés des millions ne valent presque plus rien. Malgré tout, le rêve d'un métavers où le réel et le virtuel fusionnent reste tenace. Les technologies de réalité virtuelle se perfectionnent...

Becca mchaffie reemploi

H&M, Nike, Primark... Où finissent vraiment nos vêtements donnés aux grandes enseignes ?

Des bons d'achat en échange de dons de vêtements. Qui ne s'est pas laissé séduire ? La formule, de plus en plus utilisée par les grandes enseignes, a de quoi déculpabiliser. Pourtant, derrière la promesse d'une revente de seconde main ou de don à des associations, beaucoup de ces vêtements finissent...

Souscontraintes 03

"Se limiter à 3 vêtements neufs par an peut bouleverser les normes" : Sous contraintes, le podcast de la transition socio-écologique 8/10

Et si nous faisions le vide dans nos placards ? Une étude britannique avait estimé que pour respecter l'objectif 1,5°C, il fallait se contenter de trois vêtements neufs par an. Un défi plus complexe qu’il n’y paraît, qui peut bouleverser les normes établies et les habitudes de consommation. Ce...

Pollution numerique smartphone

RSE : Orange fait appel à ses parties prenantes pour réduire ses émissions indirectes

L’opérateur de téléphonie a demandé à ses clients quelles pistes il fallait envisager pour réduire l’empreinte du numérique. Le reconditionnement et le recyclage des appareils remportent tous les suffrages et Orange prévoit de renforcer son offre. Mais les utilisateurs se questionnent aussi sur la...