Après l’Accord de Paris, un nouvel élan avait été donné à la COP26 de Glasgow sous l’impulsion britannique. Les gouvernements et les acteurs non-étatiques avaient alors pris un certain nombre d’engagements concernant la réduction des émissions de méthane (“Global Methane Pledge”), la déforestation, l’accélération de l’élimination du charbon ou encore la fin des subventions aux combustibles fossiles, pour n’en citer que quelques-uns. Mais deux ans plus tard, alors que la COP28 doit s’ouvrir dans quelques jours à Dubaï, ces promesses se sont-elles traduites en actions concrètes ?
1/ Des émissions toujours en hausse, l’échec du pacte sur le méthane
Sous l’impulsion des États-Unis et de l’Union européenne, 150 pays se sont engagés à réduire leurs émissions de méthane (CH4) de 30% d’ici à 2030 par rapport à leurs niveaux de 2020. Ce pacte vise à lutter contre l’un des gaz à effet de serre les plus néfastes, au pouvoir 80 à 100 plus réchauffant que le C02. Mais rien n’a changé malgré leurs promesses. Les émissions ne cessent de croître et pourraient même augmenter de 13% d’ici à 2030, si l’on maintient nos trajectoires actuelles.
Plusieurs signaux positifs ont toutefois été envoyés ces dernières semaines. Le 15 novembre dernier, l’Union européenne a conclu un accord pour réduire de 30% ses émissions de méthane dans le secteur de l’énergie, l’un des plus émetteurs. Au même moment, la Chine, premier pays émetteur de méthane, a accepté pour la première fois d’inclure la réduction des émissions de méthane dans son prochain engagement national pour le climat, dans le cadre d’un accord conclu avec les États-Unis. Aucun objectif chiffré ou calendrier clair n’ont néanmoins été donnés.
Du côté de la COP, cela bouge aussi. Le président du sommet, Sultan Al Jaber, a fait de l’élimination progressive des émissions de méthane provenant du pétrole et du gaz d’ici à 2030 l’une de ses priorités. Un engagement qui pourrait peut-être faire oublier la polémique sur le fait que les Émirats arabes unis ont caché leurs émissions de méthane pendant près de dix ans, malgré le caractère obligatoire de cette déclaration.
2/ +4% de déforestation, le bilan très mitigé de la coalition sur les forêts
C’est peut-être l’un des engagements les plus scrutés. Depuis la COP26, 145 États se sont engagés à mettre fin à la déforestation et à la dégradation des sols d’ici à 2030. Cet accord s’est accompagné de multiples promesses de financement, dont la principale était de 12 milliards de dollars en provenance de 12 pays, dont la France, pour “soutenir les actions de protection, de restauration et de gestion durable des forêts” dans les pays du Sud, de 2021 à 2025. À ce jour, seuls 2,6 milliards ont été versés, soit un cinquième du montant.
Et le résultat n’est pas mirobolant non plus sur le terrain. Lors de la nouvelle “Évaluation de la déclaration pour les forêts”, chercheurs et monde associatif se sont alarmés d’un retour en arrière. La déforestation a augmenté de 4% en 2022 par rapport à 2021. Près de 6,6 millions d’hectares ont ainsi disparu, dont 4,1 millions d’hectares de forêts primaires tropicales, extrêmement précieuses pour le climat.
Des avancées sont toutefois à signaler à quelques jours de la COP28. Le 24 novembre, le président brésilien Lula, très engagé dans la lutte contre la déforestation, a annoncé qu’il proposera lors du sommet sur le climat la création d’un fond destiné à préserver les forêts tropicales dans 80 pays.
3/ Fin des aides publiques à l’export des énergies fossiles, une coalition divisée
En 2021, une coalition de 34 pays et de 5 institutions financières s’est engagée à mettre un terme, dès la fin de l’année 2022, à toute aide publique à l’export pour des projets d’énergie fossile s’ils ne sont pas accompagnés de “dispositifs de captage ou de stockage de carbone” (CCS). La France a finalement rejoint cette coalition dans les dernières heures des négociations, après avoir, dans un premier temps, refusé d’y participer.
Deux ans plus tard, la France, le Royaume-Uni, la Finlande, la Suède, le Canada et la Nouvelle-Zélande ont tenu leur engagement et ont cessé de subventionner l’extraction et la transformation du gaz et du pétrole à l’étranger. 5,7 milliards de dollars ont ainsi été détournés des énergies fossiles vers les énergies propres, selon Oil Change International. Un effort entaché par les États-Unis, l’Italie et l’Allemagne qui ont continué en 2023 à financer pour 3 milliards de dollars des projets à l’étranger, violant ainsi leur engagement.
Or, ces nouveaux investissements dans les énergies fossiles sont incompatibles avec la limitation du réchauffement climatique à 1,5°C, martèle l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui espère que “la COP28 sera un moment de vérité pour l’industrie pétrolière et gazière. Elle devra montrer si elle veut être un partenaire sérieux pour accélérer la réponse au dérèglement climatique”.
Blandine Garot
Publié le 27 novembre 2023
Promesses en l’air ou promesses tenues ? La COP26 a été l’occasion pour un grand nombre d’États de prendre de nouveaux engagements pour le climat et l’environnement. Deux ans plus tard, Novethic a analysé trois d’entre eux pour en tirer un premier bilan à la veille de l’ouverture de la COP28 de Dubaï, le 30 novembre prochain. Voici ce qu’il faut en retenir.
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