Publié le 16 mai 2022

ENVIRONNEMENT

Ces chantiers écologiques qui attendent la nouvelle Première ministre, Élisabeth Borne

La cheffe de gouvernement devra être "attachée à la question sociale, à la question environnementale et à la question productive", a récemment promis le Président qui a multiplié les annonces en matière d’écologie depuis sa réélection. Ces intentions doivent se concrétiser à Matignon mais aussi lors du débat budgétaire cet automne ou dans la loi de programmation Énergie-climat attendue en 2023. Les ONG et les citoyens partout en France se mobilisent pour maintenir la pression sur la nouvelle locataire de l'Élysée.  

Elisabeth borne premiere ministre matignon investiture CHRISTIAN HARTMANN POOL AFP
Élisabeth Borne sera directement chargée de la planification écologique.
CHRISTIAN HARTMANN / POOL / AFP

Après trois semaines d’attente, Emmanuel Macron a décidé de remplacer Jean Castex, représentant des terroirs, par Élisabeth Borne, une femme dont il a éprouvé la loyauté puisqu’elle a été successivement ministre des Transports, de la Transition Écologique et du Travail. Alors que le président veut verdir son nouveau quinquennat, il envoie ainsi un nouveau signe en ce sens. Depuis sa réélection, il multiplie les appels du pied en faveur de l'écologie : il a dit vouloir "faire de la France une grande nation écologique". 

Élisabeth Borne sera en outre  "directement chargée de la planification écologique". Au-delà du symbole, ce choix indique que "la transition écologique devient le projet organisateur pour le pays" précise Sébastien Treyer, directeur général de l’Iddri. "C'est une sorte de Green Deal à la française qui implique de prendre des objectifs à moyen et long terme, de débloquer de nouveaux investissements publics et de mettre en place un suivi exigeant", précise-t-il.

Pour ce faire, les services du premier ministre pourraient s’appuyer sur deux ministères "forts" : un ministère de la "planification énergétique" et un ministère "chargé de la planification écologique territoriale". Cette organisation a le mérite de faciliter les échanges entre secteurs économiques concernés par la transition écologique. À ce titre, la France pourrait s’inspirer de la Suède qui est l’un des pays européens qui a le plus réduit ses émissions de gaz à effet de serre, au moyen d’une planification. L’objectif est d’aller "deux fois plus vite" dans la réduction des gaz à effet de serre, promet Emmanuel Macron.

Affecter les recettes des taxes sur l’énergie et le climat à la transition

Dès l'automne, le débat budgétaire constituera le premier crash-test. Le gouvernement s’est engagé à investir 10 milliards de plus par an pour la transition. Cette enveloppe doit servir à aider les Français à rénover leurs logements, à opter pour des solutions de mobilité bas-carbone ou encore à accompagner la transition des agriculteurs. Le chef de l’État a aussi promis d’affecter l’ensemble des recettes des taxes sur l’énergie et le climat à la transition. Un pactole de 45 milliards d’euros par an. Il s’est aussi engagé à stopper les subventions aux énergies fossiles. 

Une loi de programmation climat est également attendue d'ici la fin de l'année. "Elle organisera les moyens financiers sur tout le quinquennat pour sécuriser les crédits budgétaires et donner ainsi de la visibilité à nos entreprises qui veulent investir dans des technologies zéro carbone, comme aux familles qui veulent mieux isoler leur logement ou aux agriculteurs qui veulent développer les énergies renouvelables sur leurs exploitations", assurent la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili et l'eurodéputé Pascal Canfin.

Le début de quinquennat sera en outre marqué par la loi de programmation Énergie-climat (LPEC), attendue en 2023. Le texte devra fixer secteur par secteur les objectifs à différentes échéances pour s'aligner avec les objectifs européens de réduction des émissions (-55% d'ici 2030) et atteindre la neutralité carbone en 2050. De cette loi clé découleront les feuilles de route de la Stratégie nationale bas carbone et les plans d'adaptation au changement climatique. 

Les militants engagent des actions dans toute la France

Côté agriculture, les États membres doivent présenter un plan de distribution des subventions de la Politique agricole commune (PAC). La forêt tout comme la biodiversité ne devront pas non plus être oubliés. Le chef de l’État a notamment promis de "planter 140 millions d'arbres". Enfin, alors que la présidence française du Conseil de l'UE s'achève fin juin, le gouvernement espère aboutir sur l'ensemble du paquet climat et notamment sur la réforme du marché carbone européen et le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières.

Après la déception du précédent quinquennat, au cours duquel l'État a été condamné pour inaction climatique à deux reprises, les militants multiplient les mobilisations sur le terrain pour que les promesses ne restent pas lettre morte. Au lendemain du premier tour des élections, les influenceurs sur le climat ont également fait le plein de nouveaux abonnés sur les réseaux sociaux. Même succès au sein des associations, à l’image d’Alternatiba qui a enregistré plus de 530 nouvelles demandes en seulement une semaine. 

Concepcion Alvarez @conce1 et Mathilde Golla @Mathgolla


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