Publié le 29 mai 2022
ENVIRONNEMENT
Podcast #LesEngagés : "J'ai l'impression d'avoir semé des petites graines qui ont germé", Valérie Cabanes
Pour le dernier épisode de la saison, #LesEngagés, le podcast de la rédaction de Novethic, a rencontré Valérie Cabanes. La juriste internationale, impliquée dans la défense des peuples autochtones et la reconnaissance des droits de la nature annonce se replier et passer la main à une jeunesse très engagée sur ces sujets. Pendant dix ans, elle a milité pour que le crime d'écocide soit inscrit dans le droit pénal international. Et elle en est persuadée, ça finira par arriver.

@Valerie Cabanes
Ça y est ! Après dix ans de bataille acharnée sur l’écocide - un concept qui a aujourd'hui largement émergé dans le débat public et qui a été ardemment défendu par la Convention citoyenne pour le climat notamment - Valérie Cabanes tire sa révérence. Le temps est venu de faire un break, "de passer le relais à une jeunesse engagée sur le sujet". "C'est la meilleure des satisfactions, la meilleure des gratifications. Si j'arrive à ne plus être là sur un combat, c'est que quelque part j'aurai réussi ce que je veux", confie-t-elle au micro de Novethic.
Sans tabou, et en toute modestie, cette juriste internationale, très engagée sur le terrain, revient sur une vie bien remplie, guidée par ses valeurs, "pour pouvoir s'endormir sur ses deux oreilles tous les soirs", et passée la plupart du temps aux quatre coins du monde, ses enfants sous le bras, en Ouganda, au Pakistan ou au Cambodge. Autodidacte sur les questions climatiques et environnementales, elle appelle les jeunes à s'engager, à recréer du lien et à ne surtout pas céder au désespoir et à l'isolement. "On a tous envie à un moment de se cacher chez soi et de ne plus entendre parler de rien, moi la première, mais c'est dangereux", prévient-elle.
"Je fonctionne à l'instinct et à ce qui me fait vibrer"
"J'ai l'impression d'avoir semé des petites graines qui ont germé", se réjouit la quinquagénaire qui s'apprête à devenir grand-mère. "Aujourd'hui, je suis entourée de jeunes et j'ai envie de leur passer la main car tous les sujets sur lesquels j'ai travaillé sont lancés et sont en phase ascendante. Ils mettront un certain temps à être reconnus, votés, et appliqués, mais je suis convaincue que ça va marcher et que le crime d'écocide va être reconnu parce qu'on ne peut pas faire autrement que de reconnaître que détruire les conditions de vie sur Terre est une menace pour la paix, une menace pour la sécurité humaine, c'est une évidence."
Cette fois, Valérie Cabanes n'a pas prévu de partir au bout du monde mais au contraire de s'ancrer chez elle, à Bassillac, près de Périgueux. Elle entend développer des projets artistiques à l'instar de celui qui se trouve actuellement exposé* au Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère sur la relation de l'Homme à la Nature. "Je fonctionne à l'instinct et à ce qui me fait vibrer", assure-t-elle. Une liberté qu'elle a toujours revendiquée, sans jamais céder à l'oubli de soi qui gagne souvent les militants. "Cela veut dire qu'il faut trouver un équilibre personnel et qu'il faut accepter d'arrêter quand on arrive à un point de rupture et de fatigue. C'est là où j'en suis aujourd'hui."
Les Engagés, le podcast de Novethic, donne la parole à tous ceux que nous croisons au fil de nos reportages, nos enquêtes, nos conférences, sans toujours pouvoir leur donner la place que l'on voudrait dans nos articles. Ces personnes inspirantes qui s'engagent au quotidien pour construire la société de demain, une société plus sobre en carbone, plus juste et plus humaine. Cet épisode et les précédents sont à retrouver sur les plateformes de téléchargement telles que iTunes, Spotify, Deezer et Soundcloud, ou en cliquant ici.
Concepcion Alvarez @conce1
*Nature en soi, nature en droit, jusqu'au 18 septembre 2022, au Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère