Nouvel échec des négociations au sein du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat pour définir un calendrier de publication du 7e rapport d’évaluation. L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit d’arriver à temps pour le prochain bilan mondial climatique qui aura lieu en 2028 dans le cadre de l’Accord de Paris.
Nouvel échec des négociations au sein du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Réunis la semaine dernière en Chine, les experts climatiques mandatés par l’ONU n’ont pas réussi à faire adopter le calendrier et le contenu de leurs travaux scientifiques par les représentants mondiaux. L’enjeu est de taille : faire adopter le septième rapport d’évaluation à temps pour 2028, date du deuxième bilan mondial de l’action climatique. Cette synthèse, établie tous les cinq ans pour analyser les efforts de l’humanité pour respecter l’Accord de Paris, est un document clé des négociations climatiques annuelles.
Mais cela nécessite d’accélérer le calendrier, ce à quoi s’opposent un certain nombre de pays producteurs de pétrole ou grands pollueurs dont les émissions augmentent. La Chine, l’Arabie saoudite, la Russie et l’Inde font ainsi partie des pays qui jugent le calendrier proposé trop précipité, selon le compte-rendu des sessions précédentes établi par l’Institut international du développement durable.
“Amère déception”
Pour la Coalition pour la haute ambition, qui regroupe des pays européens et des pays climatiquement vulnérables, fonder le rapport clé de 2028 sur de données scientifiques solides actualisées constitue au contraire un élément crucial du respect de l’Accord de Paris de 2015. De nombreux pays riches et les nations en développement les plus exposées, notamment les petits Etats insulaires, étaient donc favorables à un calendrier accéléré arguant que les travaux permettront aux pays de s’appuyer sur les données scientifiques récentes. En 2023, le 6e rapport d’évaluation, publié en début d’année, avait joué un rôle important dans le premier bilan mondial climatique réalisé cette année-là. Pour la première fois, les gouvernements s’étaient accordés sur une sortie progressive des énergies fossiles, lors de la COP28 de Dubaï.
Les négociations à Hangzhou ont duré plus de 24 heures et se sont achevées tard dans la nuit de samedi à dimanche 2 mars par un accord prévoyant la poursuite des travaux mais sans fixer de calendrier pour le rendu de ces travaux. Une “amère déception”, a réagi Zhe Yao, conseiller politique mondial de Greenpeace Asie de l’Est. Cette impasse “ne sert que ceux qui souhaitent retarder l’action climatique, mais les pays vulnérables ne peuvent plus attendre”, a-t-il ajouté. “Le temps ne joue pas en notre faveur”, a prévenu Inger Andersen, responsable du programme des Nations unies pour l’environnement, qui avait appelé à des résultats “ambitieux” lors des négociations.
Absence des Etats-Unis
La réunion a en outre été marquée par l’absence des Etats-Unis, alors que Donald Trump, qui a annoncé son retrait de l’Accord de Paris, a pris une série d’initiatives défavorables à la lutte contre le changement climatique dès son retour à la Maison Blanche. Le pays n’a pas non plus participé à la COP16 Biodiversité à Rome la semaine dernière. Si les Etats-Unis ne sont pas signataires de la Convention sur la diversité biologique (CBD), ils ont toujours participé aux négociations des COP Biodiversité avec le statut d’observateurs et étaient assez actifs sur le sujet. “Les progrès scientifiques internationaux sont essentiels à la prospérité, à l’équité et à la résilience des États-Unis et de toutes les nations”, a déclaré Johan Rockstrom, éminent climatologue de l’Institut de recherche sur l’impact du climat de Potsdam.
Selon la dernière synthèse du Giec, début 2023, le monde est en route pour franchir au début des années 2030 le seuil de réchauffement à long terme de 1,5°C contenu dans l’Accord de Paris. Mais des études récentes révèlent que cette étape pourrait être franchie avant la fin de cette décennie. 2024 est ainsi la toute première année à avoir franchi la barre symbolique des 1,5°C, soit un réchauffement de la température moyenne mondiale de 1,5°C depuis l’ère préindustrielle. Un très mauvais présage pour l’avenir. L’ancien climatologue de la Nasa, James Hansen, a annoncé que l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 2°C était “mort”.
Le 7e cycle du Giec prévoit aussi des publications thématiques, notamment deux rapports spéciaux consacrés aux villes et au rapportage des émissions de gaz à effet de serre de courte durée de vie comme le méthane, dont les émissions ne cessent d’augmenter, et un document inédit sur les méthodes, balbutiantes et réfléchies, de captage et de stockage du CO2.
- 2 newsletters hebdomadaires
- Alertes quotidiennes
- Etudes