Nestlé : Après le DG, c’est le président qui quitte le groupe en crise
Publié le 17 septembre 2025
Mais que se passe-t-il chez Nestlé ? La tempête semble ravager le géant de l’agroalimentaire suisse. Mardi 17 septembre, Nestlé a annoncé la démission de Paul Bulcke, le président de longue date de son conseil d’administration. Actuellement vice-président, “Pablo Isla assumera la présidence du conseil d’administration à compter du 1er octobre, à la suite de la décision de Paul Bulcke de se retirer du conseil d’administration plus tôt que prévu”, a indiqué Nestlé dans un communiqué. Ce départ inattendu fait suite à une période particulièrement troublée pour le groupe.
Pour bien comprendre cette décision, il faut remonter à deux semaines plus tôt, le lundi 1er septembre, date à laquelle Laurent Freixe, directeur général de Nestlé, a été brusquement démis de ses fonctions. Dans un communiqué, le groupe annonçait le licenciement avec “effet immédiat” du Français, qui avait été nommé à ce poste un an auparavant, dans le cadre d’un plan ambitieux visant à redresser un groupe en difficulté. Ce départ faisait suite à une enquête interne qui avait révélé une relation amoureuse non divulguée avec un subordonné direct, violant ainsi gravement le Code de conduite de Nestlé.
Pression des investisseurs
Selon plusieurs informations de presse, ces annonces ont suscité une réaction forte des investisseurs, qui ont ensuite fait pression pour obtenir la démission de Paul Bulcke. Ce dernier, directeur général de Nestlé pendant près d’une décennie avant de devenir président du conseil d’administration en 2017, a été pointé du doigt par une partie des actionnaires comme responsable d’une période chaotique au sein de l’entreprise. Cette période troublée a culminé avec l’éviction controversée de Laurent Freixe.
D’après le Financial Times, les investisseurs ont jugé que le tandem dirigeant en place n’était plus adapté aux défis actuels, appelant à une refonte complète du leadership. “La plupart des actionnaires demandaient l’arrivée d’un nouveau tandem dirigeant, jugé indispensable pour relancer la dynamique du groupe après une performance très décevante ces dernières années”, a réagi Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel, auprès de l’AFP. Il ajoute que “Nestlé doit revenir à des eaux plus calmes”, soulignant que ce nouveau changement à la tête du groupe représente “une opportunité d’accélérer la croissance” et de s’attaquer aux activités à la traîne “de manière plus efficace”.
Une réputation entachée
Il faut dire que la situation de Nestlé est loin d’être rassurante. En seulement cinq ans, le groupe agroalimentaire a perdu environ 30% de sa valeur en bourse. Parallèlement, plusieurs scandales ont entaché la réputation du groupe. L’affaire des pizzas Buitoni contaminées à la bactérie E.Coli a provoqué un véritable choc, alimentant la méfiance des consommateurs. D’autres polémiques, comme celles concernant des eaux minérales suspectées d’être traitées, ainsi que des accusations de forages illégaux dans certaines régions, ont également secoué l’entreprise. Ces controverses répétées ont considérablement affecté l’image et la confiance autour de Nestlé, fragilisant encore davantage sa position sur le marché.
Face à ces défis, le départ de Paul Bulcke et la nomination prochaine de Pablo Isla à la présidence du conseil d’administration marquent une étape importante dans la tentative de redressement du groupe. L’ancien dirigeant du géant espagnol Inditex, connu pour sa capacité à gérer de grandes transformations, est perçu comme une figure capable de porter ce changement et de relancer la croissance du groupe.
