Publié le 28 février 2025

En trois jours, les quelque 150 Etats réunis à Rome pour l’acte 2 de la COP16 Biodiversité ont réussi à trouver un accord sur la question clé des financements. Et par la même occasion à redonner vie à un multilatéralisme jusqu’ici en berne sur les sujets environnementaux.

La deuxième tentative a été la bonne. Les représentants de 154 pays membres de la Convention pour la diversité biologique (CBD), réunis à Rome depuis le 25 février, ont finalement trouvé un terrain d’entente lors de l’acte 2 de la COP16 Biodiversité. Il y a quatre mois, à Cali, en Colombie, les discussions avaient achoppé sur la question cruciale des financements, et le sommet s’était clôturé sur un échec.

Depuis lors, la COP29 sur le climat, mais aussi les négociations sur le plastique ou encore la COP16 sur la désertification avaient aussi été très décevantes, révélant les clivages entre les pays, dans un contexte géopolitique particulièrement tendu. “Cet accord est une victoire politique contre tous ceux qui veulent nous faire croire que la coopération internationale ne fonctionne pas”, a ainsi réagi la ministre de la transition écologique française, Agnès Pannier-Runacher depuis Rome.

Décision repoussée à 2028

Tard dans la soirée, et après de multiples aller-retours, les pays ont trouvé un compromis sur la création d’un “mécanisme financier permanent” qui verra le jour en 2030. D’un côté, les pays en développement demandaient la création d’un nouveau fonds placé sous l’autorité de la COP. Une ligne rouge que les pays développés refusaient de franchir. Finalement, les discussions ont été repoussées au plus tard et les deux camps semblent satisfaits.

Le texte adopté stipule ainsi que d’ici la COP18 de 2028, les pays devront décider de “créer une nouvelle entité chargée de gérer le mécanisme financier, seule ou avec des entités existantes (tels que les Fonds mondial pour l’environnement, ndr) ou de confirmer une ou plusieurs entités existantes dans ce rôle”. Parallèlement, une feuille de route pour mobiliser les financements en faveur de la biodiversité est lancée.

En 2022, dans le cadre de l’Accord de Kunming-Montréal, les Etats se sont effet engagés à mobiliser 200 milliards de dollars par an d’ici à 2030, dont 30 milliards de dollars d’aide des pays développés aux pays en développement, et d’éliminer au moins 500 milliards de dollars par an de subventions néfastes à la nature.

A Rome, les pays ont également acté le lancement d’un dialogue ministériel entre les ministres des finances et ceux de l’environnement des pays développés et en développement. Enfin, sur l’élargissement de la base des pays contributeurs, demandé par les pays développés, les discussions doivent là aussi se poursuivre.

Nouvel élan

Cet accord sur les financements a permis de débloquer d’autres textes qui avaient été pris en otage à Cali sur le cadre de suivi des 23 cibles de Kunming-Montréal et les règles de la première revue mondiale qui sera réalisée à la COP17 en 2026. “Nous avons donné des bras, des jambes et des muscles” à l’Accord de Kunming-Montreal, s’est félicitée Susana Muhamad, la présidente colombienne de la COP16 Biodiversité.

Ni d’un côté ni de l’autre côté, on n’a dû sacrifier des positions”, a estimé auprès de l’AFP le négociateur européen Hugo-Maria Schally, convaincu que l’accord offre “un processus ouvert et équitable”, avec “plus de confiance mutuelle”. Avec ce cadre financier, “nous avons le plat, maintenant nous pouvons rechercher la nourriture”, s’est même félicité Daniel Mukubi, représentant habituellement inflexible de la République démocratique du Congo.

L’accord de Rome donne en tout cas un nouveau souffle au multilatéralisme à l’aune de plusieurs grands événements à venir sur l’environnement cette année, telles que la Conférence de l’ONU sur l’océan en France et surtout la COP30 sur le climat au Brésil, qui marquera les dix ans de l’Accord de Paris.

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