Inondations meurtrières, confinement climatique… Les cinq photos qui ont marqué l’année 2024

Le sud-est de l’Espagne traumatisé par des inondations meurtrières

Le 29 octobre, les villes et villages ensoleillés de la province de Valence, en Espagne, se sont réveillés sous la boue. Quelques heures plus tôt, des torrents d’eau déferlaient dans les rues, emportant tout sur leur passage. Le bilan humain est dramatique : 222 morts et 4 personnes disparues. Provoquées par une goutte froide, ces intempéries exceptionnelles ont entraîné la chute de l’équivalent d’une année de pluie dans certaines zones. Selon une première étude publiée par le réseau international World Weather Attribution, la hausse mondiale des températures a renforcé l’intensité de ces précipitations à hauteur de 12%. Mais le climat n’est pas le seul coupable. L’urbanisation soutenue du sud-est de l’Espagne a également participé à l’ampleur du désastre. Reste que près de deux mois après, le traumatisme est encore vif pour de nombreux habitants, dont certains ont déposé plainte contre le président de la région de Valence pour inaction.

Revenus, normes environnementales, Mercosur : le ras-le-bol des agriculteurs

Difficile d’évoquer l’année 2024 sans parler de l’importante mobilisation du monde agricole qui s’est étendue à toute la France en janvier et février. Signe d’un véritable ras-le-bol, les agriculteurs ont bloqué autoroutes et départementales pour notamment dénoncer leur manque de revenus, mais aussi pour protester contre les normes environnementales. Ces dernières menacent “la viabilité de nos exploitations”, ainsi que la “souveraineté alimentaire de l’Europe”, estimait Christiane Lambert, l’ancienne présidente du principal syndicat agricole, la FNSEA, dans les colonnes de Ouest-France. Face à ce mouvement de contestation, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures, comme la mise en pause du plan Ecophyto sur la réduction des pesticides. Un “recul” pour les associations environnementales pour qui “l’écologie ne s’oppose pas à l’agriculture”. La crise est par ailleurs loin d’être terminée : en novembre, la perspective d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur a de nouveau mis le feu aux poudres.

Températures extrêmes et pollution de l’air entraînent le confinement de la population en Asie du Sud

Des écoles fermées et des habitants appelés à rester chez eux. En Asie du Sud et du Sud-Est, l’année 2024 a été marquée par plusieurs périodes de confinement “climatique” ou “atmosphérique”. Au mois d’avril, des vagues de chaleur, dont les pics ont atteint jusqu’à 45°C de température ressentie, ont ainsi poussé les Philippines à fermer 47 000 établissements scolaires. Une mesure également mise en place au Bangladesh, tandis que la Thaïlande invitait de son côté sa population à éviter toute sortie. Quelques mois plus tard, le Pakistan suspendait à son tour les cours dans certaines écoles, collèges et lycées, cette fois-ci pour protéger les élèves de la pollution de l’air. Le 2 novembre, à Lahore, la deuxième ville du pays, l’indice de la qualité de l’air dépassait la barre des 1000, soit trois fois plus que le seuil considéré comme dangereux par l’Organisation mondiale de la santé. Selon la Banque mondiale, entre janvier 2022 et juin 2024, plus de 400 millions d’élèves dans le monde n’ont pu se rendre à l’école suite à des conditions météorologiques extrêmes.

L’ouragan Chido plonge Mayotte dans une situation sanitaire critique

Un paysage dévasté. Voilà ce qui reste de Mayotte, après le passage le 14 décembre dernier de Chido, le cyclone le plus destructeur qu’ait connu l’archipel depuis 90 ans. Un premier bilan provisoire évoque 22 décès et plus de 1300 blessés, tandis que la situation matérielle et sanitaire sur place soulève de nombreuses inquiétudes. “Les gens vont chercher de l’eau à la rivière, on est revenus 40 ans en arrière”, alerte Youssouf Ambdi, le maire d’Ouangani, auprès de l’AFP. En 2023, le 101ème département français avait déjà été confronté à une sécheresse historique, privant les habitants d’eau potable. “L’État a une double responsabilité dans cette tragédie : celle d’avoir abandonné Mayotte à une grande pauvreté depuis des décennies, et celle de son inaction climatique irresponsable”, souligne Sarah Cleaver, chargée de campagne Climat à Greenpeace France. Si le lien entre cette catastrophe et le changement climatique est encore difficile à établir, il est à noter que l’augmentation de la température des océans favorise et intensifie les tempêtes.

Manifestation, grève de la faim… La colère monte contre le surtourisme en Europe

A l’approche de l’été, la colère s’est emparée de nombreux citoyens espagnols. L’objet de leur contestation : le surtourisme. Augmentation des loyers, épuisement des ressources en eau, méga-travaux… De Málaga à Barcelone, des mobilisations historiques ont réuni des milliers d’habitants inquiets des conséquences sociales et écologiques d’une croissance illimitée du tourisme fondée sur le modèle “sol y playa” (soleil et plage). Sur l’archipel des Canaries, six militants ont même entamé une grève de la faim illimitée afin de faire pression sur les autorités. Un phénomène qui concerne de plus en plus de pays européens, comme l’Autriche, la Grèce ou l’Italie. Le surtourisme, dont le terme a été ajouté à l’édition 2025 du dictionnaire du Petit Robert, a vu son ampleur s’accélérer de manière fulgurante ces dernières années sous l’effet du développement des compagnies aériennes low-cost et des plateformes de location entre particuliers.