Fermeture des écoles jusqu’au 17 novembre. Cela vous rappelle quelque chose ? Dans le Pendjab, province la plus peuplée du Pakistan, où vit plus de la moitié de la population pakistanaise, les écoles, collèges et lycées des principales villes ont été fermés jusqu’au 17 novembre en raison d’une pollution atmosphérique qui atteint des records inédits. Samedi 2 novembre, l’indice de la qualité de l’air a dépassé la barre des 1000 dans la ville de Lahore, la 2e du pays. C’est plus de cinq fois le seuil considéré comme acceptable (180) et plus de trois fois celui considéré comme dangereux (300) par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
La province avait déjà fermé la semaine précédente les écoles primaires de sa capitale, Lahore, et interdit en son centre les tuk-tuks polluants, les barbecues et certains chantiers de construction pour tenter de réduire le smog, cet épais mélange de brouillard et d’émissions polluantes, favorisé par les émanations de diesel bas de gamme, les fumées des brûlis agricoles saisonniers et le refroidissement hivernal. Le Pendjab a en outre appelé les habitants, en particulier “ceux souffrant de maladies respiratoires, pulmonaires et cardiaques, et les personnes âgées” à “ne pas sortir de chez eux”. S’ils sortent, ils doivent “obligatoirement porter des masques”.
La double peine
Une exposition prolongée à ce brouillard de pollution peut provoquer accidents vasculaires cérébraux, maladies cardiaques, cancers du poumon et maladies respiratoires. Selon une étude de l’Université de Chicago, la pollution élevée a déjà fait chuter l’espérance de vie à Lahore de 7,5 années. L’Inde voisine connaît une situation identique. La capitale New Delhi a ainsi connu mercredi 13 novembre son premier pic de pollution atmosphérique de la saison, dépassant largement la barre des 1000. La pollution de l’air y serait responsable de 11,5% de la mortalité, soit 12 000 morts par an.
Pour les deux pays, c’est la double peine. Car l’été n’apporte pas non plus de répit, bien au contraire. Cette année, toutes les écoles de la province du Pendjab avaient ainsi été fermées en raison de la canicule. Vingt-six millions d’élèves avaient alors été privés d’enseignement. Même phénomène en Inde, où les autorités de plusieurs États avaient également ordonné la fermeture des écoles, face à des températures extrêmes, dépassant les 47°C. Un confinement climatique auquel s’ajoute désormais un confinement atmosphérique, privant de libertés des populations en raison de la crise climatique et environnementale.
400 millions d’élèves confinés
Si on parle souvent des heures travaillées perdues en raison des événements extrêmes – qui s’élèvent à 512 milliards pour 2023 selon le dernier rapport du Lancet – la perte de jours d’école est également importante. La Banque mondiale estime ainsi que plus de 400 millions d’élèves dans le monde ont vu leurs écoles fermer en raison de conditions météorologiques extrêmes entre janvier 2022 et juin 2024. Les élèves des pays à faible revenu sont les plus touchés avec 18 jours en moyenne par an avec de fortes disparités. Au Pakistan, sur cette période, les élèves ont ainsi perdu 97 jours d’école, soit plus de la moitié d’une année scolaire. Et si les pays riches sont moins concernés, ils ne sont pas épargnés avec 2,4 jours par an. L’Espagne vient ainsi de fermer ses écoles face à l’annonce de nouvelles pluies torrentielles.
“Si ces pertes de scolarité ne sont pas compensées, elles se traduiront par d’importants déficits d’apprentissage pour les enfants des pays à faible revenu”, notent les experts de la Banque mondiale. En outre, “l’éducation peut jouer un rôle de catalyseur dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique en remodelant les mentalités, les comportements, les compétences et l’innovation”, poursuivent-ils. Le rapport cite ainsi le cas de l’Inde, où la sensibilisation des enfants aux questions climatiques a non seulement augmenté leur comportement pro-climatique, mais aussi celui des parents de près de 13%.
Dans ce contexte, la Banque mondiale appelle à adopter un programme d’adaptation, comprenant des mesures de contrôle de la température et de résilience des établissements scolaires, mais aussi d’apprentissage à distance pendant les fermetures d’écoles et de formation des enseignants à la transition écologique. Cela coûterait environ 18,51 dollars par élève. Chiche ?