Publié le 9 mai 2025

Près de 63 000 emplois auraient déjà été détruits ou menacés depuis l’investiture de Donald Trump, dont la politique repousse les industriels des clean techs aux Etats-Unis. Energies renouvelables, véhicules électriques, hydrogène, capture du carbone : tous les secteurs sont affaiblis. Une crise qui provoque déjà une hausse des impacts climatiques américains.

Le bras de fer se poursuit aux Etats-Unis autour de la transition écologique. Alors que Donald Trump continue d’attaquer massivement tous les acteurs de la transition durable, de la recherche aux industries des énergies renouvelables, de plus en plus d’acteurs contre-attaquent. Dix-sept Etats américains, principalement démocrates, viennent ainsi de lancer une action en justice contre la décision de l’administration Trump de cesser d’accorder des permis aux projets d’énergies renouvelables. Ils dénoncent notamment le risque de détruire “des milliers d’emplois bien rémunérés et des milliards d’investissements”, et de retarder la transition énergétique américaine.

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Selon une analyse du think tank américain Climate Power, ce sont déjà 63 000 emplois “verts” qui ont été détruits ou sont en passe de l’être, 400 000 de plus qui sont menacés et 450 milliards d’euros d’investissements qui pourraient être annulés… “La guerre de Trump contre l’énergie propre et ses politiques chaotiques ont déjà provoqué une hémorragie d’emplois manufacturiers dans des secteurs en plein essor depuis deux ans”, analyse ainsi Lori Lodes, directrice exécutive de Climate Power. Alors que plusieurs milliers d’emplois étaient créés chaque année dans la transformation durable depuis 15 ans, et puis encore depuis l’Inflation Reduction Act il y a deux ans, le premier trimestre de l’année 2025 a été le premier à enregistrer une destruction nette d’emplois dans ces secteurs industriels clés.

Emplois détruits, baisse des investissements, projets en pause

Selon la coalition business E2, qui rassemble des entreprises engagées aux Etats-Unis dans la transition écologique et énergétique, ce sont aussi près de 8 milliards de dollars d’investissements prévus pour 16 grands projets d’énergie renouvelable qui ont été annulés ou réduits au cours des trois premiers mois de l’année dans le pays. Une véritable crise. La semaine dernière, le groupe allemand RWE, deuxième acteur mondial de l’éolien offshore, annonçait mettre en pause ses projets de développement aux Etats-Unis. “Nous restons prudents compte tenu des développements politiques actuels”, commentait le PDG de RWE, Markus Krebber, à la veille de l’assemblée générale du groupe. Quelques jours plus tôt, le géant norvégien Equinor voyait lui aussi son projet d’éolien offshore mis en pause par une décision du Secrétaire de l’Intérieur américain, Doug Burgum.

Dans ce contexte d’insécurité juridique, et avec la pression supplémentaire des tarifs douaniers, qui augmentent les coûts des projets, impossible pour les industriels de continuer à se projeter outre-Atlantique. Et les perspectives ne sont pas prêtes de s’éclaircir, si l’on en croit les débats budgétaires en cours aux Etats-Unis. Donald Trump, qui envisage de supprimer un certain nombre des subventions créées par Joe Biden avec l’Inflation Reduction Act, a annoncé des coupes budgétaires massives dans les technologies durables pour le prochain budget.

Tous les secteurs sont touchés : 15 milliards de dollars en moins pour les énergies renouvelables et le captage du carbone, 6 milliards en moins pour les bornes de recharge pour les véhicules électriques, 1,3 milliard en moins pour l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, dont près de 200 millions de moins pour les programmes de développement de satellites dédiés à la surveillance climatique ou environnementale. De quoi refroidir encore les investisseurs. “L’abrogation [des subventions] dévasterait l’industrie manufacturière américaine : arrêt de la construction, transfert d’emplois à l’étranger, augmentation des coûts de l’énergie et perte de l’avenir au profit de la Chine et de nos autres concurrents”, commente Lori Lodes.

Déjà des hausses d’émissions de CO2

Parmi les autres propositions budgétaires de l’administration américaine, celle de réorienter les financements au sein du Département de l’Énergie vers la recherche et le développement des énergies fossiles et conventionnelles (gaz, pétrole, nucléaire…). Une poursuite assumée de la politique du “Drill baby, drill” du président américain, qui s’ajoute à la mise en place de procédures accélérées pour accorder aux projets d’énergies fossiles leurs permis d’exploitation et d’exploration. Les prochains mois devraient donc voir de nouveaux projets fossiles émerger aux Etats-Unis, alors que les experts s’inquiètent déjà des hausses d’émissions de CO2 liées à la politique de Donald Trump.

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Selon l’Institut international du développement durable (IISD), les Etats-Unis sont ainsi d’ores et déjà le pays qui délivre les permis d’exploitation des énergies fossiles avec le volume le plus élevé d’émissions “incorporées”. Les projets déjà validés par l’administration américaine généreront ainsi, selon les projections, près de 500 millions de tonnes de CO2 supplémentaires. “La hausse des émissions liées aux prévisions de production pétrolière et gazière aux États-Unis est très inquiétante…”, analyse ainsi Olivier Bois von Kursk, conseiller politique à l’IISD. “Le monde ne peut pas se permettre davantage de chaos climatique” conclut-il.

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