Publié le 30 avril 2025

De la société civile aux entreprises, en passant par les Etats ou les villes, la résistance s’organise face aux attaques de Donald Trump sur le climat ou les droits humains. Une résistance de l’ombre mais toujours plus active pour contrer la dérive autoritariste du président américain.

En à peine 100 jours, Donald Trump aura organisé aux Etats-Unis la plus grande attaque visant les idées progressistes. Climat, droits humains, diversité, science, responsabilité sociale des entreprises… Les reculs se sont massivement accumulés, poussés par des executive orders, des coupes budgétaires et des réductions d’effectifs. Cauchemardesque, c’est le sentiment que laissent ces 100 premiers jours aux acteurs de la transition écologique et sociale, de l’économie durable et de la société civile.

Pourtant, de façon discrète mais assumée, certains acteurs organisent en ce moment même une forme de résistance. Face aux décisions de l’administration Trump, des centaines de poursuites judiciaires, répertoriées par le New York Times, ont été lancées par les acteurs de la société civile, les Etats, les villes, ou les ONG. Au 30 avril, près de 125 des décisions prises par les juges à l’issue de ces saisines ont mené à la suspension temporaire des initiatives du président. Dernièrement, ce sont quatre grands cabinets d’avocat (Perkins Coie, Jenner & Block, WilmerHale, et Susman Godfrey) qui ont décidé d’attaquer en justice des executive orders signés par Donald Trump, visant à leur interdire d’accompagner gratuitement (pro bono) les organisations de défense des droits humains ou environnementaux. Les juristes considèrent que ces décisions “menacent la profession juridique, le pouvoir judiciaire et l’État de droit”.

Résistance, boycott, bras de fer

Si ce mouvement de résistance est certes plus silencieux que lors du premier mandat de Donald Trump, il n’en est pas moins actif, y compris chez les citoyens. Selon le Crowd Counting Consortium, centre de recherche spécialisé dans les mouvements sociaux de l’Université d’Harvard, plus de 2 000 manifestations anti-Trump ont par exemple été organisées en février 2025. C’est plus de deux fois plus qu’en février 2017, lors des premiers jours de Donald Trump à la Maison-Blanche, preuve que la mobilisation n’a pas faibli, bien au contraire. Les appels au boycott se sont également multipliés ces dernières semaines, notamment contre les entreprises d’Elon Musk ou celles qui ont activement soutenu Donald Trump. Outre Tesla, qui a perdu plus de 40% de sa valeur boursière, Walmart a également enregistré une chute de 20% début avril, menacé par un boycott citoyen. Mêmes ordres de grandeur pour Meta, Amazon, ou encore General Motors.

De leur côté, les villes et les Etats, ont également commencé à se mobiliser. Des villes “sanctuaires” comme Chicago, Los Angeles, San Francisco ou encore Seattle ont ainsi engagé un bras de fer avec le président, en refusant de coopérer avec l’Agence de l’immigration et des douanes américaines (ICE) dans la mise en œuvre du plan de déportation des immigrés. Une vingtaine d’Etats, principalement gouvernés par les Démocrates et réunis au sein de l’United States Climate Alliance (USCA) ont continué à s’activer pour maintenir les objectifs climatiques de leurs juridictions, malgré les executive orders de Donald Trump. “Nos Etats affirment qu’ils conservent l’autorité, la capacité et l’ambition de réduire la pollution et de maintenir l’Amérique sur la voie de ses objectifs climatiques”, déclarait ainsi Casey Katims, directeur exécutif de l’USCA.

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En coulisses, l’engagement de certaines entreprises

Quant aux entreprises, certaines continuent de s’activer en coulisses, malgré un silence assez pesant depuis quelques mois face aux assauts de Donald Trump contre la responsabilité sociale des entreprises (RSE) ou la prise en compte des enjeux ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). En janvier, les actionnaires de Costco ont ainsi refusé une résolution visant à remettre en cause les politiques de diversité et d’inclusion au sein du groupe. Même son de cloche du côté d’Apple, qui a annoncé poursuivre ses engagements. Selon une récente étude publiée par le cabinet Littler, près d’une entreprise sur deux aux Etats-Unis envisage d’ailleurs de maintenir ses efforts en matière d’inclusion, malgré le contexte juridique incertain.

“Les grandes entreprises américaines refusent de se plier aux critiques anti-ESG aujourd’hui et prévoient même d’étendre leurs engagements en matière de développement durable”, explique Richard Howitt, consultant spécialisé, auteur d’un rapport sur l’état des pratiques de durabilité dans les entreprises américaines. “L’étude montre que les entreprises non seulement résistent aux pressions politiques qui les poussent à s’éloigner des objectifs de durabilité, mais continuent de penser de manière créative, de manière plus intégrée, authentique et systémique, pour mieux les atteindre à l’avenir”, poursuit-il. Reste à voir jusqu’où tiendra cette résistance de l’ombre, face aux outrances de plus en plus violentes d’un Donald Trump à qui il reste encore 1 360 jours de mandat…

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