“Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage” : c’est exactement ce que font les détracteurs du Green Deal en détricotant les normes de durabilité que l’Union européenne a mises des années à élaborer.
Ces normes visaient trois objectifs majeurs :
- Protéger l’économie européenne grâce à l’extraterritorialité des règles, qui aurait contraint les entreprises hors UE à respecter les mêmes exigences. Cela permettait de lutter contre la concurrence déloyale d’acteurs peu soucieux des limites planétaires ou des droits humains
- Réduire notre dépendance aux matières premières et aux énergies fossiles, majoritairement importées, qui creusent notre déficit commercial tout en aggravant la crise climatique et la perte de biodiversité.
- Préparer une civilisation post-carbone, capable de s’adapter à l’économie de la rareté qui s’annonce.
Mais aujourd’hui, plusieurs textes clés — dont les emblématiques CSRD et CS3D — sont vidés de leur substance par le projet “omnibus”. Sous la pression de celui qui qualifie le changement climatique de “plus grande arnaque de l’histoire”, de l’ISSB (concurrent anglo-saxon de l’EFRAG) et de lobbies de “l’économie de la mort ” sous influence d’actionnaires américains, les exigences censées protéger les citoyens européens et l’humanité sont en train d’être démantelées.
Pourtant, la majorité des entreprises européennes soutiennent des normes de durabilité plus strictes que celles proposées par le projet omnibus (cf. ESG Today). Mais leur voix, comme celle des investisseurs lucides et conscients du péril climatique, est ignorée. Nos démocraties sont aujourd’hui piétinées par l’incompétence et les intérêts minoritaires.
Pour justifier ce recul irrationnel, une alliance de partis de droite et d’extrême droite invoque la trop grande complexité des textes — qu’ils n’ont souvent même pas lus. Oui, protéger le vivant exige de la rigueur. Rappelons que le coût du reporting financier est cinq fois plus élevé que celui du reporting extra-financier ! Pourtant l’argent n’est qu’une convention humaine fondée sur la confiance (pour combien de temps ?) ; le vivant, lui, est notre seule source de subsistance pour l’éternité !
Autre critique infondée : le Green Deal serait bureaucratique et freinerait l’innovation. Curieux argument des partisans de l’inaction alors que c’est exactement l’inverse qui est recherché avec cette régulation. Harmoniser les exigences pour favoriser la comparabilité des résultats et l’émergence de nouveaux modèles économiques.
En réalité, le véritable frein au progrès, c’est le conservatisme des idées dépassées, déconnectées des lois physiques et des faits scientifiques. Innover sans cadre réglementaire, c’est en réalité prôner l’immobilisme.