Ils ne veulent plus de leur Tesla. Une dizaine de clients français de la marque de voiture électrique haut de gamme dirigée par Elon Musk ont saisi le Tribunal de commerce de Paris pour demander la résiliation de leur contrat de crédit-bail. Le motif de leur plainte ? “Du fait des agissements d’Elon Musk, les véhicules de la marques Tesla sont devenus des symboles politiques forts et apparaissent désormais comme de véritables totems d’extrême-droite, au grand dam de ceux qui en avaient fait l’acquisition à la seule fin de disposer d’un véhicule innovant et écologique“, explique les avocats Patrick Klugman et Ivan Terel, du cabinet GKA.
Les acheteurs de Tesla se sont retrouvés coincés par le soutien d’Elon Musk à l’élection de Donald Trump, puis par son entrée au gouvernement à la tête du département à l’efficacité gouvernementale (DOGE). Un soutien qui s’est traduit par de nombreuses controverses, notamment lorsque l’industriel a soutenu des dirigeants d’extrême-droite en Europe, ou encore lorsqu’il a réalisé des saluts ressemblant à des saluts nazis lors de meetings politiques.
Une situation impossible pour les propriétaires de Tesla
“La situation est à la fois inédite et impossible pour les propriétaires français de Tesla“, estime Patrick Klugman. Selon lui, les frasques d’Elon Musk ont entraîné un trouble de la jouissance de leur achat, qui contrevient au principe de possession paisible de la chose vendue, due par le vendeur à l’acheteur d’après le Code civil. Depuis qu’Elon Musk a rejoint Donald Trump, les appels au boycott des voitures Tesla se sont multipliés allant jusqu’à des dégradations des véhicules. Certaines Tesla ont même été incendiées dans une concession près de Toulouse. De leur côté, plusieurs propriétaires de véhicules de la marque controversée ont choisi d’apposer des autocollants expliquant avoir acheté leur voiture “avant qu’Elon ne devienne fou“.
Face à ce qu’ils considèrent comme un préjudice, les automobilistes demandent la résiliation des contrats de leasing ainsi que le remboursement des mensualités versées. Ils espèrent également que d’autres propriétaires de Tesla se joindront à eux dans la procédure.
Chute en Bourse, boycott… Tesla subit de plein fouet les controverses d’Elon Musk
La matérialisation du risque de réputation
L’affaire illustre le risque de réputation engendré par des controverses autour d’une marque, qui peut se traduire par une perte de confiance des parties prenantes de l’entreprise, mais aussi par une perte de la valeur de l’entreprise. Les ventes de voitures Tesla se sont en effet effondrées depuis le début de l’année. En Europe, la marque a vu ses ventes chuter de plus de 46% depuis le début de l’année d’après les données de l’ACEA, l’organisation européenne des constructeurs automobiles. La baisse est même légèrement plus marquée en France, dépassant les 47% de ventes en moins.
La récente brouille entre Elon Musk et Donald Trump pourrait-elle mettre fin à la crise de réputation du constructeur ? Pas certain. Juste après avoir quitté le DOGE pour revenir aux manettes de Tesla et SpaceX, Elon Musk s’en est vertement pris à Donald Trump et à son projet de budget, entraînant des échanges de messages entre les deux hommes sur leurs réseaux sociaux respectifs (X et Truth Social). Même si Elon Musk a depuis déclaré être allé “trop loin” dans ses attaques contre Donald Trump, son retour aux affaires ne suffira pas à enterrer la polémique. “Ce qui les oppose n’est pas le racisme, le complotisme ou les saluts qu’on a pu qualifier de nazis, ce sont les tarifs douaniers auxquels Musk s’oppose pour des raisons de business, et le budget“, rappelle Patrick Klugman.