Publié le 23 décembre 2024

Weight Watchers va-t-il survivre à la révolution des médicaments coupe-faim ? En France en tout cas, le poids lourd des régimes minceurs entame une diète forcée, se délestant de tous ses employés. Pour remonter la pente, WW va finalement intégrer les médicaments de ses concurrents à ses programmes. Mais attention aux effets secondaires.

Fut une époque où Weight Watchers était LA référence pour maigrir. Créé en 1963 aux Etats-Unis et importé une décennie plus tard en France, le programme a conquis des millions d’utilisateurs, essentiellement des femmes. Car avec WW pour Wellness that works (le bien-être qui vous réussit), pas besoin de bannir de votre alimentation vos produits préférés. Les pains au chocolat ? C’est ok. Les burgers ? Aussi. Chaque aliment représente un nombre de points. Seule contrainte : les participants ne doivent pas “manger” plus de 23 points par jour. A eux de s’organiser comme ils le souhaitent. Pendant des années, des ambassadrices ont vanté les mérites de ce programme, exposant la perte de leurs kilos avec des photos avant et après le régime WW. Parmi les stars du programme : la très influente animatrice américaine Oprah Winfrey.

Mais ça, c’était avant. Car en février dernier, l’animatrice a annoncé qu’elle quittait sa place au conseil d’administration du groupe. La même journée, les actions de Weight Watchers ont chuté de 23,5%. Oprah Winfrey n’a pas seulement pris ses distances avec la société, elle a révélé publiquement utiliser des médicaments sur ordonnance pour gérer son poids. Si elle n’a pas cité de noms, deux traitements étaient autorisés aux Etats-Unis à ce moment-là : Wegovy de Novo Nordisk et Zepbound d’Eli Lilly. Or ce type de médicaments est le cauchemar de Weight Watchers.

Une perte de 80 % de sa valeur boursière en un an

Devenus un véritable phénomène de mode, ils se vendent comme des petits pains outre-Atlantique. Initialement destiné au traitement du diabète, leur usage a été détourné à des fins d’amaigrissement. L’Ozempic, ce stylo injectable, est devenu viral sur les réseaux sociaux, porté par des stars comme Elon Musk, le patron de Tesla, l’actrice américaine Amy Schumer ou encore du chanteur Robbie Williams. Le premier a ainsi perdu 13kg grâce à ces médicaments qui ralentissent la vidange gastrique. Alors forcément, le programme WW a pris du plomb dans l’aile.

En un an, le groupe a perdu 80% de sa valeur en Bourse. Son action est même passée sous la barre du dollar. Quant à sa PDG, Sima Sistani, elle a été débarquée. Selon les informations du média l’Informé, le groupe a également annoncé la fermeture de ses trois filiales en France d’ici la fin de l’année avec une centaine de licenciements à la clé. Une descente aux enfers annonciatrice d’une révolution : l’ère des médicaments coupe-faim est arrivée. Le laboratoire Novo Nordisk, créateur de l’Ozempic et de Wegovy notamment, est la première capitalisation boursière d’Europe. La valeur de l’entreprise a même dépassé le PIB du Danemark.

L’ombre du Médiator

Alors forcément, Weight Watchers a changé son fusil d’épaule. Après avoir fustigé ces médicaments coupe-faim, le groupe va finalement proposer d’intégrer dans un de ses programmes d’amaigrissement le médicament Wegovy. Une annonce qui a fait reprendre des couleurs à la société avec une hausse de 47% de ces actions juste après cette déclaration. “Chez WeightWatchers, nous avons toujours associé science éprouvée et soutien personnalisé pour aider nos membres à obtenir des résultats significatifs et durables. Avec l’ajout de sémaglutide composé, nous élargissons notre offre pour inclure une solution clinique de gestion du poids à la fois accessible et abordable”, a déclaré Tara Comonte, PDG par intérim de WeightWatchers.

Reste que les études sur les effets secondaires indésirables de ces médicaments commencent à se multiplier et ne sont pas rassurantes. Deux études dont une publiée le 11 décembre menée par des scientifiques au Danemark et en Norvège pointe un risque de cécité accru pour les personnes prenant de l’Ozempic. Dans le détail, les patients s’injectant de l’Ozempic auraient deux fois plus de risque de développer une neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NAION), soit un gonflement du nerf optique pouvant amener à une perte de la vision. Ce phénomène serait cependant très rare, selon les chercheurs. “Il faut souligner qu’il ne s’agit ni d’effets secondaires plus graves ni plus fréquents que les rares effets secondaires de nombreux autres médicaments que nous continuons à utiliser”, a souligné Anton Pottegard, le professeur qui a supervisé l’étude.

Une autre étude publiée en octobre 2023 avait par ailleurs montré des liens entre ces médicaments et des affections gastro-intestinales sévères comme des obstructions ou des pancréatites. En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a d’ailleurs mis sous “surveillance renforcée” l’Ozempic du fait du détournement de son usage. De quoi ralentir l’ascension de ces produits miracle ? Pour l’instant, ils semblent intouchables. Mais l’ombre du scandale du Mediator, médicament pour diabétiques détourné pendant des décennies pour maigrir, plane encore en France. On compte des centaines de décès en raison de lésions cardiaques.

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