Publié le 03 décembre 2021

SOCIAL

Sapin de Noël revisité, repas sans foie gras, cadeaux d’occasion… les traditions de Noël s’adaptent à l’urgence climatique

Noël à l'heure de l'urgence écologique. Si le sapin de Noël continue à faire partie du décorum de cette fête traditionnelle, certains souhaitent limiter son empreinte écologique comme à Bordeaux. Ailleurs, des élus repensent les menus et suppriment le foie gras. Quant aux présents, ils ne sont plus tous neufs.

Noel revisite
Cette année place à la créativité à Noël
iStock : Maria Symchych-Navrotska

Sortir de la frénésie consumériste de Noël pour revenir à l’essentiel. C’est le choix fait par certains élus comme à Bordeaux où Pierre Hurmic a décidé d'installer un sapin différent dans sa ville. Un arbre monumental fait de verre et d'acier recyclés et façonné par "des artisans locaux" ornera ainsi la place Pey-Berland de la grande métropole du Sud-Ouest. L’œuvre pourra être remontée tous les ans, précise son concepteur, le designer bordelais Arnaud Lapierre. Plus écologique et symboliquement fort, ce choix avait valu à l’élu une levée de boucliers l’an passé.

Si le fameux épineux est un incontournable pour une partie des Français, il a pourtant un impact environnemental non négligeable. Les près de six millions de conifères vendus chaque année à Noël proviennent avant tout de grandes surfaces de forêts, cultivés majoritairement en monocultures intensives, sans aucune richesse biologique mais à grands renforts de fertilisants et pesticides. Quant aux alternatives artificielles en plastique, elles sont avant tout faites de pétrole et importées de Chine. Le mieux reste donc les arbres faits avec des matériaux recyclés, comme l’arbre de Bordeaux, ou encore de les faire soi-même en famille avec des matériaux récupérés.

Par ailleurs, les livres, jouets, vêtements, articles de sport… déposés sous le sapin seront, plus encore que les années précédentes, d'occasion. Selon un sondage réalisé par Kantar pour eBay, 53 % des consommateurs iront piocher du côté de l’offre de seconde main pour leurs cadeaux de fin d’année, contre 50% l’année dernière. "Beaucoup de gens sont aujourd’hui sensibles aux objets d’occasion, cela devient élégant d’acheter des vêtements ou des jouets d’occasion, cela leur donne une forme de plus-value", indique le sociologue Jean Viard.

"Après chaque tragédie, les gens se relèvent et il y a des énergies créatrices"

Autre symbole des fêtes de fin d'année : le foie gras. Il ne trônera plus sur certaines tables lors de ces festivités. En effet, la mairie de Grenoble a décidé de bannir ce mets de ses célébrations de fin d’année que ce soit aux menus des cantines ou des événements officiels de la ville. La ville fut la première de France à le faire, indique sur Twitter Sandra Krief, conseillère municipale de la métropole.

 

De même, les villes de Villeurbanne et Strasbourg ont également fait ce choix. Citée dans un communiqué, la maire de la ville, Jeanne Barseghian (EELV), explique la fin de cette pratique "par souci d’éco-responsabilité et d’exemplarité. Il s’agit de recourir en priorité aux produits locaux, de saison, avec une attention portée au bien-être animal", développe l'élue.

"Les valeurs de la société évoluent", indique Jean Viard, directeur de recherche au CNRS. "Les gens ont compris l’urgence climatique et la nécessité de changer nos façons de vivre, avec près de 10% des Français qui sont en train de changer de vie, de conjoint, quartier, métier, etc… ", ajoute l’auteur de "La révolution que l'on attendait est arrivée" (L'Aube). "Après chaque tragédie, les gens se relèvent et il y a des énergies créatrices. Lors de la pandémie, les gens ont vécu la peur de la mort et aujourd’hui place à la créativité. Mais quels récits fait-on pour libérer ces énergies créatrices ?", interroge le sociologue qui attend une réponse des artistes, musiciens ou des réalisateurs. En attendant, des élus se sont emparés des traditions de Noël, pour faire évoluer certains symboles. 

Mathilde Golla, @Mathgolla


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