Publié le 28 juillet 2020
SOCIAL
Le débat autour de la 5G appelle à la création d'une Convention citoyenne sur le numérique
La question revient inlassablement sur la table ces derniers mois : à quoi va servir la 5G ? À en croire ses défenseurs, elle ouvre la voie à des applications du futur, comme la voiture connectée, l'intelligence artificielle ou la télémédecine. Mais pour l'instant, elle va surtout favoriser le streaming vidéo. L'idée d'un grand débat public sur le sujet semble peu à peu émerger. Le Conseil national du numérique va même jusqu'à proposer une Convention citoyenne sur la pertinence des usages du numérique.

@Orange
Aujourd’hui, 60 % des usages du numérique concernent les vidéos en streaming. À elles seules, celles-ci plombent l’empreinte carbone du secteur, qui pourrait représenter 6,7 % des émissions nationales en 2040. Avec la 5G et sa promesse d’un débit dix fois plus rapide, ce taux pourrait encore augmenter dans les prochaines années. Mais sans la 5G, les opérateurs prédisent également une saturation des réseaux face à l’explosion des usages. C’est le serpent qui se mord la queue.
"Avec ou sans la 5G, le mouvement d’augmentation des débits existe déjà et je ne suis pas sûr que nous arriverons à inverser cette tendance à court terme même si un travail de sobriété numérique doit être mené par tous", prévient Nicolas Guérin, le président de la Fédération française des télécoms. "Attention dès lors aux décisions trop hâtives, qui nous feraient perdre du temps sur le déploiement de la 5G, au risque d’arriver à une saturation du réseau d’ici 2022 et à un impact environnemental encore plus lourd. La 5G consomme effectivement trois fois plus d’énergie que la 4G mais elle offre un débit 15 fois plus important, elle est donc plus efficiente", souligne-t-il.
Les angles morts du numérique
Pour les associations environnementales, il y a au contraire urgence à ralentir. "Le déploiement de la 5G nécessite un débat public pour savoir quelle société nous voulons pour demain", estime Stéphen Kerckhove, délégué général d'Agir pour l'Environnement. "Le numérique a un impact sur la concentration, le vivre-ensemble, le temps de sommeil, l’obésité, … autant d’angles morts qui ne sont aujourd’hui pas évalués", ajoute-t-il. Le gouvernement a commandité un certain nombre d’études, mais aucune n’est effectivement dédiée à la question des usages et de leurs impacts.
Les opérateurs défendent eux une 5G qui va permettre "d'offrir des possibilités très intéressantes pour la transition énergétique, mais aussi la robotique, la médecine, l’intelligence artificielle ou encore la voiture connectée" énumère Nicolas Guérin. Reste que pour l’instant, en Corée du Sud ou en Chine, où la 5G est déjà déployée, les usages tournent surtout pour le moment autour du streaming et des jeux vidéo.
Calquer la Convention citoyenne pour le climat
Pour alimenter le débat, le Conseil national du numérique vient de publier un rapport (1) assez conséquent qui présente 50 mesures pour un numérique responsable. Parmi elles, il y a notamment l’organisation d’une Convention citoyenne pour questionner la pertinence des usages du numérique à l’instar de ce qui a été fait pour le climat, la limitation des usages numériques excessivement polluants tels que les objets connectés, ou encore la sensibilisation du grand public à l'impact de ses usages.
Sur ce dernier point, opérateurs et plateformes commencent à se mobiliser dans le cadre de leurs stratégies RSE. Orange a ainsi lancé une campagne incitant les usagers à lever le nez de leurs mobiles. D’autres rappellent l'intérêt de se connecter au wifi quand on est chez soi. Netflix, Disney ou encore You Tube incitent également à télécharger les contenus plutôt qu’à les regarder en streaming. Les fournisseurs d’accès internet, de contenus et les opérateurs mobiles devront en outre informer les consommateurs de l’empreinte environnementale de leurs usages et appareils à compter du 1er janvier 2022.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Voir le rapport du Conseil national du numérique