Publié le 13 mars 2020

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Orange, Free, SFR... Les opérateurs devront bientôt indiquer le bilan carbone de nos activités numériques

C'est une petite mention sur notre facture qui pourrait provoquer un déclic. À partir du 1er janvier 2022, une mesure, issue de la loi économique circulaire, obligera les opérateurs mobiles et fournisseurs d'accès à Internet à indiquer l'impact carbone des activités numériques de leurs clients. Le numérique représente déjà 4% des émissions de CO2 mondiales. 

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Le but est aussi de pousser les opérateurs à améliorer leur bilan carbone.
CC0

Les plus critiques pestent contre une "mesurette", mais elle pourrait marquer les consommateurs. Dès le 1er janvier 2022, les fournisseurs d’accès à Internet et les opérateurs mobiles comme Orange, SFR ou Free seront contraints d’afficher l’impact carbone des activités numériques de leurs clients. Ils devront calculer combien nous, consommateurs, avons généré d’émissions de CO2 en regardant un film, envoyé des mails, partagé des données, téléchargé tel contenu… L’impact environnemental des appareils devra également être comptabilisé. 

"Nous sommes pleinement mobilisés pour aider le gouvernement et l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) à définir l’équivalence entre consommations de données et émissions de gaz à effet de serre", a assuré Arthur Dreyfuss, président de la Fédération française des télécoms (FFT). "Maîtriser l’impact environnemental et énergétique des services numériques est l’une des priorités des opérateurs de la fédération", a-t-il ajouté. 

Un travail de sensibisation

Pour l’instant, ni la méthodologie, ni la manière d’indiquer son impact au consommateur n’a encore été décidé. Les acteurs du secteur ont deux ans pour trouver une solution. Une des pistes est d’afficher l’impact environnemental directement sur la facture. "Il y a un immense travail de sensibilisation à faire auprès du grand public", a expliqué  à l’AFP la secrétaire d’État Brune Poirson qui veut également pousser les opérateurs à améliorer leur bilan carbone. "Notre objectif est de faire en sorte que les consommateurs puissent choisir leur fournisseur d'accès Internet en fonction de son impact environnemental", a-t-elle souligné.

Depuis quelques années, avec l'essor du streaming et des plateformes comme Netflix, l’impact environnemental du numérique a considérablement évolué. Selon le Shift Project, le secteur représente aujourd’hui 4 % des émissions de CO2 mondiales. Mais cet impact devrait doubler d’ici cinq ans. Le visionnage des vidéos en ligne en 2018 a ainsi généré 300 millions de tonnes de CO2, soit autant que l’Espagne. "Tandis que la contrainte climatique impose une baisse drastique des émissions mondiales de gaz à effet de serre dans les prochaines années, le numérique accroît sa consommation d’énergie de 9 % par an", note le think tank. Et cela devrait s’accélérer avec le déploiement de la 5G, qui va permettre de multiplier les usages.

Une 5g gourmande

"Il y a aujourd’hui un consensus pour dire qu’un équipement 5G consomme trois fois plus qu’un équipement 4G, et qu’ajouter des équipements 5G aux infrastructures existantes (2G, 3G, 4G) conduira au moins à doubler la consommation. Par ailleurs, avec la 5G il faudra trois fois plus d'infrastructures qu’avec la 4G pour assurer la même couverture", expliquent Hugues Ferreboeuf et Jean-Marc Jancovici du Shift Project dans une tribune intitulée "La 5G est-elle vraiment utile?".

L’enjeu est d’arriver à concilier la sobriété numérique avec une démarche de progrès technologiques. Une prise de conscience du grand public de cette pollution permettrait de mieux gérer les impacts de ce secteur. Les petits gestes, comme éteindre sa box la nuit, vider sa boîte mail, regarder les vidéos sur des petits écrans, prolonger la durée de vie de ses équipements… représentent une partie de la solution. 

Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP


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