Publié le 08 avril 2023
SOCIAL
Nestlé, Aldi, Original Beans... Quels sont les chocolats qui n'impliquent pas le travail des enfants
Le chocolat, tout le monde en raffole. Encore plus les enfants pour qui un week-end de Pâques ne peut se faire sans chasse aux œufs. Cependant, ces délicieuses sucreries cachent une réalité moins rose. Les producteurs de cacao emploient massivement des enfants pour des tâches dangereuses qui empêchent aussi leur scolarité. Des marques identifiées par le Chocolate Scorecard, un classement annuel, font leur possible pour lutter contre ce fléau. On vous dévoile lesquelles.

Fuzz Kitto
Derrière un pot de fleurs, dans une chaussure ou une poche de manteau, les œufs de Pâques surprennent et ravissent les enfants chaque année. Mais le tableau est bien différent dans les pays producteurs. Environ 1,5 million d'enfants travaillent pour des fermes de cacao au Ghana et en Côte d'Ivoire, selon une étude du US Department Labour réalisée en 2019. 95% d'entre eux subissent des conditions de travail dangereuses et leur scolarité est compromise.
"Les enfants devraient profiter du chocolat, pas le fabriquer", clame l'association en charge du Chocolate Scorecard. Ce classement annuel des enseignes fabriquant du chocolat étudie six critères environnementaux et sociaux. L'un d'eux est le travail des enfants selon les critères des "pires formes de travail des enfants" de l'Organisation Internationale du Travail. 43 marques et 28 distributeurs parmi les plus connus dans le monde sont passés au crible.
Le "prix du bon œuf" décerné à Tony's Chocolonely
Neuf marques se distinguent comme des "chefs de file de l'industrie" face au travail des enfants. On trouve "Tony's Chocolonely", marque hollandaise de tablettes de chocolat distribuée également en France. Née pour faire face à l'esclavage dans le secteur, elle obtient en 2023 le "prix du bon œuf" du Chocolate Scorecard pour "avoir cherché à transformer en profondeur l'ensemble du secteur du cacao par le biais de la collaboration". Parmi les autres marques qui luttent contre le travail des enfants, on trouve Original Beans, qui est aussi la mieux notée sur l'ensemble des critères, Alter Eco, Ben & Jerry's ou encore Nestlé, qui pèchent cependant dans le critère de "gestion des produits agrochimiques".
Le "prix de l'œuf pourri" est décerné à General Mills, propriétaire des glaces Häagen-Dazs et des céréales Cookie crisp, à cause de "son manque de transparence et d'engagement". D'autres marques sont épinglées pour la même raison, n'ayant pas répondu au questionnaire, et obtiennent la pire note : Unilever, connue pour ses Cornetto et ses Magnum, ou encore Mondelez International, à l'origine de Toblerone. Pour la française Valrhona, pourtant certifiée B-Corp, et l'américaine Kellogg's, le voyant du travail des enfants est au rouge. Elles doivent "rattraper leur retard dans le secteur".
Aucun distributeur n'obtient la qualification de "chef de file de l'industrie". Parmi les mieux notés se trouve Aldi, "progressant dans la mise en œuvre de politiques contre le travail forcé et le travail des enfants", reconnaît Chocolate Scorecard. Dans les pires, Walmart se distingue avec "le prix de l'œuf pourri" pour son manque de transparence et d'engagement.
Lutter contre le travail des enfants
Un programme de lutte contre le travail des enfants a été mis en place par l'International Cocoa Initiative. Il cible son accompagnement en fonction du besoin. Par exemple, l'amélioration des écoles, la diversification des revenus des parents ou encore l'émancipation des femmes. 1,3 million de fermes au Ghana et en Côte d'Ivoire auraient participé à ce programme d'après les réponses des entreprises au questionnaire annuel du Chocolate Scorecard. 110 000 enfants y travaillant ont été identifiés et 30% d'entre eux ne subiraient plus ces travaux.
Cependant, Chocolate Scorecard estime que seulement 6% du travail des enfants aurait été identifié par les répondants à son enquête, ce qui paraît largement sous-estimé par rapport aux études sur le sujet. "Aucune organisation ni aucun système de certification ne peut garantir à 100% qu’un produit a été fabriqué sans travail des enfants", ajoute le label Fairtrade Max Haavelar, reconnu pour ses standards élevés en matière de commerce équitable et dont les producteurs partenaires s'engagent à contrôler le travail des enfants et à mener des actions pour y remédier.
Chocolate Scorecard note d'autres critères sociaux comme l'atteinte d'un revenu vital pour les travailleurs. En moyenne, la majorité des producteurs de cacao vit avec moins d'un dollar par jour. Les autres critères concernent la traçabilité et la transparence, la lutte contre la déforestation et pour le climat, l'agroforesterie et la gestion des produits agrochimiques. Le secteur du chocolat est en effet fortement impliqué dans la déforestation en Afrique de l'Ouest. Il est aussi gravement menacé par le changement climatique.