Publié le 02 avril 2018
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Climat : À Pâques, savourez votre chocolat, vous n’en aurez bientôt plus
Des chercheurs américains estiment que d'ici 2050, il sera très difficile de produire du cacao à cause du réchauffement climatique. Mais pas de panique, les experts ont une solution : les plantes génétiquement modifiées capables de résister à la sécheresse.

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Les chocolatiers et boulangers s’en donnent à cœur joie. Comme chaque année en période de Pâques, les vitrines, plus belles les unes que les autres, sont remplies de lapins, œufs, poules et autres figurines en chocolat. Au total, selon l’association Max Havelaar, les Français vont manger plus de 15 000 tonnes de chocolat à Pâques. Mais les générations suivantes pourront-elles, elles aussi, participer à la chasse aux œufs ? Rien n’est moins sûr.
80 % des producteurs de cacao touchés par le réchauffement climatique
En janvier, des experts américains de la National Oceanic and Atmospheric Administration, agence d’observation océanique et atmosphérique, ont estimé que d’ici 2050, le cacao, base du chocolat, pourrait être en péril. Cette plante a en effet besoin d’un sol riche en azote, de pluies abondantes, d’une humidité élevée et d’être à l’abri du vent. Or, la tendance actuelle d'une hausse des températures de 2,1 à 3 °C assécherait trop les sols. Le problème est moins la chaleur que le manque d'eau, peu propice à la culture de cacao.
Sur les près de 300 exploitations étudiées par les chercheurs, seulement 10 % pourraient ainsi continuer à produire du cacao si rien ne change. "Ces changements climatiques devraient se produire sur une période de 40 ans, de sorte qu’ils auront un impact sur les générations de cacaoyers et agricultures suivantes plutôt que sur l’actuelle. En d’autres termes, il y a du temps pour l’adaptation", tempèrent les chercheurs.
Les OGM, nos sauveurs
Par "adaptation", les auteurs de l’étude entendent OGM, organisme génétiquement modifié. C’est exactement la stratégie qu’a adoptée le groupe agroalimentaire Mars. La société a pour objectif de réduire 67 % son empreinte carbone d’ici 2050. Mais, elle assure que ce n’est pas suffisant. Elle a ainsi promis d’investir 1 milliard de dollars dans l’initiative "Sustainability in a Generation", dont une partie bénéficie à l’université de Berkeley.
Cette dernière est d’ailleurs en train de développer la technique Crispr pour modifier l’ADN des cacaotiers. Cela consiste à isoler les gènes qui fragilisent la plante en cas de sécheresse et de les remplacer par des gènes plus résistants. La technique d’édition du génome CISPR-Cas9 permet facilement et précisément d’inactiver ou de modifier des gènes.
Une technique qui permettrait aux 50 millions de personnes dépendant de la culture du cacao de maintenir leur emploi. Mais, elle ne remettrait pas pour autant en question le "goût amer" de la filière cacao, comme l’évoque Max Havelaar. L'association pointe du doigt les rémunérations basses pour les producteurs, l'utilisation massive d’intrants chimiques ou encore la déforestation.
Marina Fabre @fabre_marina