Publié le 17 avril 2022
ENVIRONNEMENT
Pâques : entre chocolat et environnement, comment s’y retrouver
Ça va être la star de ce lundi de Pâques, et pourtant manger du chocolat n’est pas bon pour la planète. Déforestation, besoins importants en eau, utilisation massive de pesticides…la culture du cacao entraîne de nombreux impacts sur l’environnement. Des alternatives existent et les acteurs du secteur commencent à s’engager. Voici quelques pistes pour mieux consommer.

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Si on blâme souvent la viande et les produits laitiers, à raison, le chocolat fait lui aussi partie des aliments ayant un impact très négatif sur l’environnement, quand on prend en compte l’ensemble du cycle de vie. Il se classe ainsi quatrième après le bœuf, le mouton et l'agneau, et le fromage. Et il arrive largement devant l’huile de palme, qui est souvent pointée du doigt, ou encore devant les bananes, les mangues ou autres fruits exotiques qu’on hésite parfois à mettre dans notre panier de courses en raison des milliers de kilomètres qu’ils ont parcouru.
Le chocolat n’y échappe pas puisqu’il est principalement produit en Afrique de l’Ouest, et dans une moindre mesure en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est. Mais ce n’est pas tant la distance parcourue pour arriver jusque dans nos assiettes qui pose problème, que la déforestation qu’entraînent les plantations de cacaoyer. En Côte d’Ivoire, qui fournit la majorité du chocolat que nous consommons, on estime que 90 % des forêts ont été détruites en 60 ans. Avec l'explosion de la demande, les producteurs, souvent des petits paysans, sont incités à faire de la place en rasant toujours plus d’arbres. Si bien que l’industrie du chocolat est l’une des premières causes de déforestation au niveau mondial.
Alter Eco en tête des marques responsables
Les plantations de cacao ont en outre besoin de beaucoup d’eau. Il en faut plus de 3000 litres pour fabriquer une seule tablette. Et de nombreux intrants chimiques sont utilisés, polluant les sols et affectant la santé des cultivateurs et des populations alentour. Face à ces constats, et après de nombreuses révélations sur les dessous du chocolat, le secteur a lancé au niveau mondial, fin 2017, l'initiative Cacao et Forêts pour lutter contre la déforestation en Côte d’Ivoire et au Ghana, les deux principaux pays producteurs de cacao au monde.
Mais quatre ans plus tard, selon un rapport de Mighty Earth, une ONG très impliquée sur le sujet, les promesses sont loin d’avoir été tenues et les coupes rases en forêt se poursuivent. Depuis 2019, la Côte d’Ivoire et le Ghana ont ensemble perdu une superficie de forêt tropicale équivalent à la superficie d’une ville comme Madrid ou Chicago. "Cette destruction s’opère notamment dans des zones protégées qui sont à la fois des habitats vitaux pour la faune menacée, des moyens de subsistance pour les communautés autochtones et locales, et des puits de carbone essentiels", regrette Mighty Earth.
À la veille du week-end de Pâques, l’ONG a publié un classement des marques les plus responsables. Seules quatre obtiennent une bonne note. Parmi elles, on trouve Alter Eco qui allie agriculture biologique et commerce équitable, ou encore Tony’s Chocolonely, un tout nouvel arrivé en France qui se présente "100% sans esclavage". Parmi les plus mauvais élèves, on trouve notamment Kellogg's tandis que l’enseigne Starbucks est l’une des rares à avoir refusé de se prêter au jeu.
La France lance son "initiative pour un cacao durable"
Dans ce contexte, la France a lancé sa propre initiative en fin d’année dernière "pour un cacao durable". Elle a réussi l’exploit de réunir la quasi-totalité des acteurs du secteur et notamment les grandes enseignes de distribution comme Casino, Auchan, Lidl ou Carrefour. Ils s’engagent sur trois points : assurer un revenu décent aux paysans, la fin de la déforestation d’ici 2025 et la lutte contre le travail des enfants, qui est un autre problème majeur lié aux plantations de cacao.
Avec le scandale qui touche aujourd’hui le groupe Ferrero, qui a dû rappeler des milliers d’œufs Kinder, c’est peut-être l’occasion de changer nos habitudes pour consommer mieux. À défaut de le supprimer complètement, on peut déjà commencer par choisir du chocolat noir qui a un impact moins important car il est moins transformé. On peut aussi choisir un chocolat bio produit sans pesticides, un chocolat labellisé "Rainforest Alliance" qui permet de lutter contre la déforestation ou encore un chocolat issu du commerce équitable pour assurer un revenu juste à l’agriculteur. Il est d'autant plus important de s'engager pour un chocolat durable qu'il fait partie des produits menacés par le changement climatique.
Concepcion Alvarez @conce1