Publié le 11 avril 2020
POLITIQUE
Onze ministres européens de l’Environnement veulent une relance économique verte après la crise du Coronavirus
Ce n’est pas un message anodin. Onze ministres de l’Environnement de l’Union Européenne, dont la France, ont signé une tribune appelant à ne pas oublier la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité, dans l’urgence de la reprise économique. Le risque de recul sur les normes environnementales est en effet bien réel. Les ministres de l’Environnement appellent à "résister à la tentation de solutions à court terme".

@Aron Urb
Des ministres européens de l'Environnement ont appelé vendredi 10 avril à ce que les plans de relance post-épidémie de Coronavirus prennent en compte les questions d'environnement et de climat. Pour le moment, l’heure est plutôt à la lutte contre l'épidémie et les ministres des Finances européens viennent de signer un accord sur un plan de soutien à l’économie de 540 milliards d’euros.
Mais les ministres de l’Environnement veulent penser à l’après crise. "Nous devrions nous préparer à reconstruire nos économies en introduisant des plans de relance destinés à redonner à l'Europe et à ses citoyens un progrès et une prospérité rénovés et soutenables", écrivent-ils dans un texte publié par le site Climate Home News.
Leur crainte, partagée par de nombreux acteurs de l’économie durable, est que les gouvernements préfèrent relancer l’économie le plus vite possible en reculant sur les normes environnementales et climatiques pour ne pas risquer d’entraver l’activité des entreprises. "Nous devons résister à la tentation de solutions à court terme en réponse à la crise actuelle qui risquent d'enfermer l’Union européenne dans une économie basée sur les énergies fossiles pour des décennies", avertissent-ils.
Un risque bien réel
Les risques sont bien réels. Certains constructeurs automobiles commencent ainsi à demander un report des normes européennes sur les émissions des véhicules entrées en vigueur début janvier 2020. "La leçon du Covid-19 est qu'il est essentiel d'agir rapidement. Nous devons donc tenir nos ambitions pour réduire les risques et les coûts de l'inaction dans les domaines du changement climatique et de la perte de biodiversité", poursuivent-ils.
Les onze ministres appellent à une "réponse européenne commune" dans le cadre du "Green deal" européen annoncé par la Commission européenne, et à "accroître les investissements, particulièrement dans les domaines de la mobilité soutenable, de l'énergie renouvelable, la rénovation des bâtiments, la recherche et l'innovation, le rétablissement de la biodiversité et l'économie circulaire".
Le Green deal européen, ou Pacte vert, a été présenté par Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, dès son entrée en fonction au mois de décembre 2019. Il prévoit d’inscrire la neutralité carbone de l’Europe d’ici 2050 dans une loi européenne, et de verdir tous les secteurs de l’économie. Il s’accompagne d’un plan d’investissement qui devrait mobiliser jusqu’à 1000 milliards d’euros sur les dix prochaines années.
Un signal politique fort
Ce pacte ne doit pas être sacrifié à cause de la crise estiment les onze ministres signataires. "Nous devons envoyer un message politique fort au monde et à nos citoyens que l'UE montrera l'exemple même dans ces moments difficiles et ouvrira la voie vers la neutralité carbone et le respect de l'Accord de Paris", écrivent-ils. Il s’agit d’un signal politique fort de la part de ces onze pays. Les destinataires en sont notamment les autres pays non-signataires. Certains, comme la Pologne dont le mix énergétique est très dépendant du charbon, avaient été difficiles à convaincre pour signer le Green deal.
Le texte a été signé par les ministres autrichien, danois, italien, finlandais, français, letton, luxembourgeois, néerlandais, portugais, espagnol et suédois. La ministre française Élisabeth Borne a annoncé sa signature sur Twitter, écrivant que "la France est également à l'initiative d'un courrier à l'attention de la Commission européenne qui va dans ce sens". Neuf ONG, dont la Fondation Nicolas Hulot et la branche européenne de 350.org ont de leur côté apporté leur soutien à l'initiative des ministres européens, estimant que nous traversions "un moment de vie ou de mort pour l'Union européenne et notre planète".
AFP