Elles ont décidé d’aller jusqu’au bout de leurs engagements pour la neutralité carbone. Des universités britanniques envisageraient de changer de banque pour se tourner vers des établissements financiers plus respectueux du climat. Barclays est notamment visée par l’université de Cambridge. Elle figure en effet en tête des banques européennes qui ont le plus octroyé de financements aux entreprises des énergies fossiles, selon le dernier rapport “Banking on climate chaos” effectué tous les ans par un groupe d’ONG. Entre 2016 et 2022, Barclays aurait ainsi orienté plus de 190 milliards de dollars en direction du pétrole et du gaz.
Selon le Financial Times, l’université de Cambridge aurait sollicité plusieurs établissements financiers en vue de trouver une banque ayant une politique climatique plus ambitieuse. Une décision en ligne avec ses propres objectifs climatiques, l’université affichant être “la première université dans le monde à adopter des cibles de réduction de carbone basées sur la science, en s’engageant à être neutre en carbone d’ici 2048“. Parmi ses engagements, Cambridge prévoit ainsi de passer en revue toute sa chaîne de valeur afin de réduire ses émissions indirectes. L’université sait précisément de quoi elle parle pour réduire le poids climatique de ses comptes en banque, puisqu’elle héberge le “Centre for sustainable finance”, un centre de recherche dont la mission consiste notamment à assister les institutions financières à gérer le risque climatique.
Zéro pointé pour Barclays
Cambridge n’est cependant pas la première à vouloir verdir ses finances, l’université de Leeds avait déjà créé un précédent au mois de septembre. Après un processus d’appel d’offres, elle avait choisi de se tourner vers la Lloyds notamment pour des raisons climatiques. Leeds avait expliqué à ses équipes que la Lloyds était d’une part la banque britannique la moins exposée aux énergies fossiles, mais qu’elle s’était également engagée à ne plus financer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. Des engagements qui font clairement défaut du côté de Barclays, dont la stratégie de neutralité carbone ne prévoit pas de sortie des énergies fossiles.
Dans l’outil d’évaluation des politiques climatiques des établissements financiers élaboré par Reclaim Finance, Barclays n’obtient que des zéros pointés dans la plupart des rubriques, la mise à jour de sa politique climatique en février 2023 demeurant toujours parmi les moins-disantes du secteur. Lloyds fait un peu mieux en raison de son engagement d’exclure le pétrole et le gaz de ses portefeuilles. Reclaim Finance lui octroie un “peut mieux faire”, en lui recommandant d’exclure non seulement le financement pour la production d’énergies fossiles, mais aussi pour le reste de la chaîne de valeur (infrastructures de transport, etc.).
Un mouvement grandissant
Cette alerte sur les banques britanniques est symptomatique de la volonté de clients de plus en plus nombreux de ne pas contribuer au changement climatique avec leurs dépôts bancaires. Barclays risque ainsi de perdre avec l’Université de Cambridge un client qu’elle accompagnait depuis près de 200 ans. Au Royaume-Uni, des communautés religieuses ont également franchi le pas. L’organisation Climate christian action prévoit ainsi des actions dans les diocèses britanniques pour les enjoindre à quitter Barclays.
Plus généralement, l’organisation “Make my money matter” milite pour que les particuliers demandent des comptes à leurs banques, leurs fonds de pension et… leurs universités. Des publicités avec des stars comme les acteurs et actrices Kit Harington et Rose Leslie en avril dernier, puis plus récemment Olivia Colman (rebaptisée ironiquement Oblivia Coalmine) ont largement circulé pour sensibiliser les foules.
En France, le mouvement n’est que balbutiant. Reclaim Finance a lancé le site “Change de banque” qui permet aux particuliers de comparer les différents établissements en fonction de leur politique climatique. Le site suggère des alternatives plus vertes comme Hélios ou Greengot, les néobanques qui se sont lancées récemment.
Arnaud Dumas