Publié le 19 septembre 2022
ÉCONOMIE
Comparatif des banques vertes : les néobanques tirent leur épingle du jeu
"Change de banque", c’est le nom choisi par Reclaim Finance pour son site comparatif des principales banques françaises. L’ONG, spécialisée dans la finance, veut aider les particuliers et chefs d’entreprise à choisir une banque dont l’activité reflète la plus grande ambition climatique. Quatre établissements bancaires, dont les deux néobanques vertes Green-Got et Helios, sont considérés comme étant engagés pour le climat. Avec cette initiative, l’ONG espère déclencher une prise de conscience au sein de la population.

@CCO
À quoi sert notre argent lorsqu’il dort à la banque ? C’est à cette question que l’ONG Reclaim Finance entend répondre avec son nouveau site "Change-de-banque.org". Celui-ci permet à différents profils d’utilisateurs (particulier, étudiant, chef d’entreprise, collectivité) de comparer sa banque avec les autres sous le prisme du financement des activités favorables ou non au climat. Les principaux réseaux bancaires sont ainsi analysés dans une fiche qui les classe en rouge ("aggrave le chaos climatique"), vert ("s’engage pour le climat") ou orange ("peut mieux faire").
"Ce site a vocation à susciter un élan collectif, au-delà de l’action individuelle que représente le fait de changer de banque", explique Lucie Pinson, la fondatrice et directrice de Reclaim Finance. Sans surprise, les très grands réseaux bancaires (Société Générale, BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole, etc.) ne s’attirent pas les faveurs de l’ONG, Reclaim Finance pointant le fait qu’ils financent les énergies fossiles à hauteur de 350 milliards de dollars depuis 2015. Le site met en revanche en avant quatre établissements bancaires jugés favorables au climat, dont deux banques traditionnelles (La Banque Postale et le Crédit Coopératif) et deux néobanques vertes (Green-Got et Helios) tout juste créées.
Les néobanques vertes entrent dans les comparateurs
La Banque Postale a pris des engagements forts pour ne plus financer les énergies fossiles. Devenue société à mission, elle a décidé de stopper tous les financements du secteur pétrolier et gazier d'ici 2030. Même chose pour le Crédit Coopératif, qui a adopté une politique d'exclusion des énergies fossiles, et dont les clients sont pour beaucoup issus de l'économie sociale et solidaire.
"Nous sommes ravis que les nouveaux acteurs soient intégrés dans ces comparatifs", se réjouit Julia Ménayas, cofondatrice de Helios, qui ajoute que sa banque est déjà présente dans un comparateur international, Bank.green. Les nouvelles banques en ligne se sont dès l’origine engagées pour le climat, en promettant à leurs clients que leurs dépôts bancaires ne financeraient pas les énergies fossiles. OnlyOne, autre néobanque verte, est classée "peut mieux faire" dans le comparateur, ses dépôts étant logés à la Société Générale. Ils ne servent pas à financer de projets fossiles car ils sont cantonnés, mais Reclaim Finance estime qu'ils permettent d'augmenter les capacités de financement de la Société Générale.
Si, au départ, les initiatives ont suscité l’incrédulité, ce n’est plus le cas aujourd’hui. "On a observé un changement d’attitude très rapide", remarque Andréa Ganovelli, cofondateur de Green-Got qui a lancé son offre commerciale cette année, après deux ans de travaux. Les banques traditionnelles regardent désormais de près les nouvelles venues et viennent solliciter les fondateurs pour comprendre leur modèle. "Nous avons compris avant les banques quelles étaient les attentes des clients particuliers", explique Andréa Ganovelli.
Croissance rapide du nombre de clients
Green-Got vient ainsi de publier son premier rapport d’impact, qui fait le point sur les projets financés. Financement de droits fonciers en Amazonie, de projets solaires et éoliens dans les pays défavorisés ou encore de l’ONG Wing of the ocean… la néobanque avance les chiffres de 2 500 tonnes de CO2 stockées ou évitées, de 623 000 m2 de forêt amazonienne préservée et de 3 450 m2 d’océans dépollués. Helios quant à elle affiche 6 millions d’euros d’investissements dans sept projets environnementaux, avec pour objectif d’atteindre 100 millions d’euros l’année prochaine.
Ces néobanques sont encore de petits poucets face aux autres géants bancaires. Mais le nombre de leurs clients augmente vite : Green-Got compte 6 500 comptes ouverts en quatre mois d’existence commerciale et prévoit d’atteindre 15 000 à la fin de l’année ; Helios a 12 000 clients et vise les 30 000 clients en fin d’année. Les campagnes incitant à s’orienter vers des banques plus vertes pourraient permettre d’augmenter encore ces chiffres.
La brique technologique de ces banques "digital-natives" leur permet justement de croître rapidement, sans risquer la surchauffe. "Les clients viennent pour l’impact, mais ils restent pour la qualité du service", rappelle Julia Ménayas de Helios. Helios et Green-Got affichent ainsi des taux de satisfaction élevés notamment sur les boutiques de téléchargement de l’appli. Les néobanques sont actuellement en phase de recrutement de conseillers pour maintenir ce niveau.
Arnaud Dumas, @ADumas5