Publié le 25 octobre 2023
ENVIRONNEMENT
COP28 : Bayer, Volvo, Decathlon, Ikea, Nestlé,… 131 entreprises appellent les gouvernements à s’attaquer aux énergies fossiles
Bayer, Volvo, Decathlon... À un peu plus d’un mois de la COP28 à Dubaï, plus d’une centaine d’entreprises ont appelé dans une déclaration commune lundi 23 octobre les gouvernements à s’attaquer aux énergies fossiles pour respecter l’objectif "ultime" de +1,5°C de réchauffement. Si la pression monte sur les États, les entreprises elles-mêmes sont pointées du doigt pour leur manque d'engagement.

Johanna Poetsch
La question de la sortie des énergies fossiles sera sur la table des négociations de la COP28 de Dubaï. Et nombre de pays, dont l’UE, pousseront vers la quasi-élimination des combustibles brûlés sans captage ni stockage du carbone. Cette technologie encore immature et controversée mais déjà à l'étude par certains pays comme la France, vise à éviter que ne soit relâché dans l'atmosphère le CO2 émis. Alors à quelques semaines de son ouverture, le 30 novembre prochain, une centaine d'entreprises ont pris les devants. Dans une déclaration commune, elles appellent les gouvernements à s’attaquer aux énergies fossiles afin de contenir le réchauffement planétaire à +1,5°C, comme entériné par l’Accord de Paris en 2015.
With our partners, we have mobilized 131 companies representing nearly $1 trillion in annual revenue in support of phasing out #fossilfuels and scaling clean solutions.
Add your company’s name to the #FossilToClean letter and be heard by policymakers: https://t.co/jLhZk6GcAo pic.twitter.com/FgMsBeIAHn— We Mean Business Coalition (@WMBtweets) October 23, 2023
"Nos entreprises ressentent les effets et le coût de l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes dus au changement climatique", expliquent ces 131 sociétés représentant à elles-seules un chiffre d’affaires annuel de près de 1000 milliards de dollars. Parmi elles, Bayer, Volvo, Decathlon, Ikea, Nestlé, Danone… "Nous ne pouvons pas réaliser cette transition de manière sûre et efficace seules. Les institutions financières, les producteurs de combustibles fossiles et les gouvernements ont tous un rôle crucial à jouer", écrivent-elles.
-50% des émissions de CO2 d’ici à 2030
Elles demandent aux autorités gouvernementales de "fixer des objectifs et un calendrier pour l’élimination progressive des combustibles fossiles ‘unabated’", soit sans captage ou stockage de CO2. Réunies au sein de la coalition We mean Business, elles prônent ainsi une division par deux des émissions de CO2 durant cette décennie. Un objectif qui pourrait être atteint en "triplant la capacité d’électricité à partir de sources renouvelables" et en "doublant le taux de déploiement de l'efficacité énergétique d’ici à fin 2030".
Reste que les entreprises sont elles aussi pointées du doigt. Le dernier rapport de Climate Action100+, une coalition d'investisseurs, montre que les sociétés les plus émettrices de gaz à effet de serre dans le monde ne prennent pas la route de la neutralité carbone, et ce malgré des engagements pour 2050. Si les investisseurs constatent des progrès année après année, les résultats montrent que "la plupart des entreprises ciblées n'agissent pas assez vite pour s'aligner sur les objectifs de l'Accord de Paris". Et "des progrès significatifs restent nécessaires en matière d'objectifs de réductions des gaz à effet de serre à court terme", ajoute Climate Action100+.
"Les coûts de l’inaction pourraient être énormes"
Et l’essor de ces énergies vertes ne semble pas suffisant pour atteindre les objectifs climatiques. Selon l’Agence internationale de l’Énergie, les émissions de gaz à effet de serre resteraient suffisamment importantes pour faire grimper les températures moyennes mondiales d’environ 2,4°C au cours du siècle. Si elle note qu'il est encore "possible d’infléchir la courbe des émissions", le chemin s’annonce "très difficile".
Ainsi, la nécessité d'accélérer la réduction des énergies fossiles, sans passer par les nouvelles technologies de captage et de stockage de CO2, va s'imposer à la table des négociations de la COP28. Une proposition que l'on sait déjà à l'encontre de la volonté de son futur président, le Sultan Al Jaber, qui prône l'élimination progressive des émissions en s'appuyant "sur sur les technologies existantes, nouvelles et émergeantes". Sans imaginer une seule seconde tourner la page des énergies fossiles.
Blandine Garot avec AFP