Publié le 03 septembre 2023
ENVIRONNEMENT
Canicule tardive, thermomètre mouillé, isotherme 0°C… Les cinq mots d'un été hors norme
Accentués par le changement climatique, certains phénomènes météorologiques se sont succédé en France tout au long de la période estivale, avec son lot de mots nouveaux. Pour vous y retrouver, Novethic vous explique cinq termes entendus cet été.

Luis Iranzo Navarro-Olivares / Pixabay
- "Sécheresse éclair", le nouveau phénomène qui a frappé le pays
Au début de l’été, une large partie du pays a été frappée par une sécheresse éclair, un phénomène encore récent en France. D’après une étude publiée dans la revue Science, elle se caractérise par une importante évapotranspiration en raison d’un fort ensoleillement, d’un manque de précipitations et d’un vent continu desséchant. Cela entraîne de fait une déperdition très rapide en eau des sols et des végétaux, ce qui n’est pas sans conséquences pour l’agriculture.
Selon l’agroclimatologue Serge Zaka, interrogé par Novethic, ce phénomène de sécheresse éclair a toujours existé, mais il était auparavant moins intense et moins violent, et passait généralement inaperçu. Sous l’effet du changement climatique, ces sècheresses sont devenues plus fréquentes et plus violentes. D’ailleurs, ce phénomène devrait s’amplifier pour chaque incrément de réchauffement supplémentaire.
- "Thermomètre mouillé", la limite du corps humain face aux fortes chaleurs
Jusqu’à quel niveau le corps humain est-il en mesure de résister à la chaleur ? Pour répondre à cette question, les scientifiques font appel à un indicateur appelé "le thermomètre mouillé" (ou également nommé "température humide"). Cet indicateur mixe la température et l’humidité, et mesure notamment la température à laquelle l’évaporation de l’eau peut encore refroidir l’air. L’effet du "thermomètre mouillé" était initialement mesuré en plaçant un chiffon humide sur un thermomètre ensuite exposé à l’air. Cela permettait de mesurer la vitesse à laquelle l’eau s’évaporait du tissu, comme pourrait le faire la transpiration de la peau.
Cette méthode permet ainsi d’évaluer si la température extérieure s’approche d’un seuil au-delà duquel l'homme n’est plus en mesure de transpirer, et donc de se refroidir. En l’absence de sudation, le corps humain se détériore rapidement. La limite théorique de survie humaine au "thermomètre mouillé" est de 35°C avec une humidité de 100%, ou de 46°C avec 50% d’humidité.
- "Bouilloire thermique", quand l’été se transforme en calvaire dans les logements mal isolés
Ce sont des passoires l’hiver et des bouilloires l’été. Ce dernier terme est apparu au début de l’été lorsque l’association Abbé Pierre a révélé qu’en France, 5,2 millions de logements, difficiles à chauffer en saison froide, deviennent impossibles à refroidir lors des vagues de chaleur. Autre chiffre : plus d’un Français sur deux dit souffrir de la chaleur dans son logement, soit près de 40 millions de personnes, selon les données du médiateur national de l’énergie.
Et les personnes les plus concernées par ce problème sont les jeunes, les personnes âgées et les populations précaires en zone urbaine. Ces derniers vivent dans des "îlots de chaleur urbains, dont le béton stocke la chaleur la journée et la rediffuse la nuit", selon le communiqué de l’étude publiée par l’ONG le 26 juin dernier. Les raisons avancées sont la mauvaise isolation du bâti, la surexposition au soleil ou l’absence de protections ou de volets.
- "Canicule tardive", symptôme du changement climatique
Le jeudi 24 août a été la journée la plus chaude qu’ait connue la France après un 15 août, selon les données de Météo-France. L’ "indicateur thermique national", qui donne une moyenne des températures à l’échelle du pays, est monté jusqu’à 27,8°C. La précision "après un 15 août" est importante car cela fait de cet épisode une "canicule tardive". En France, on compte depuis 1947 seulement six canicules tardives, et toutes ont eu lieu après 2000.
Un phénomène symptomatique du changement climatique provoqué par les activités anthropiques. Dans leur 6e rapport publié en 2021, les experts du Giec expliquaient que "les températures extrêmement chaudes peuvent survenir plus tôt ou plus tard dans l’année que par le passé". Ces canicules précoces et/ou tardives vont donc devenir de plus en plus fréquentes aussi bien en juin que fin août.
- "Isotherme 0°C", quand les hauts sommets ont aussi très chauds
Et en cette fin d’été, nos hauts sommets ne sont pas non plus épargnés par les fortes chaleurs. Du lundi 20 au mercredi 23 août, l’isotherme 0°C se situait aux alentours de 5 000 mètres d’altitude dans le sud de la France. Cet indicateur désigne l'altitude à laquelle la température atteint 0°C, et donc à partir de laquelle le manteau neigeux est susceptible de fondre. Le Mont-Blanc, situé à 4 809 mètres, connaît ainsi des températures positives à son sommet, et donc le dégel.
Ce phénomène, bien que rare et inhabituel, est surtout synonyme de fonte des glaciers et de chutes de pierres. Ces derniers jours, d’importants éboulements de roches ont eu lieu dans les Alpes. Le 23 août, près de 20 000 m3 de pierres se sont détachés de la face nord de l’Aiguille du Midi. Deux jours plus tard, un alpiniste a perdu la vie après une chute de pierres dans le couloir du Goûter, voie classique d’accès pour l’ascension du Mont-Blanc. Ces dérochements se sont accentués ces dernières années sous l'effet du changement climatique, car ils sont généralement liés à la fonte du permafrost, cette glace éternelle présente dans les fissures des roches et qui les maintient entre elles.