Dix-neuf départements de la moitié sud placés en vigilance rouge canicule par Météo France ce mercredi 23 août et un ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, qui redoute "des niveaux de température jamais mesurés en France"... Pas de doute, la France est touchée en cette fin du mois d’août par une vague de chaleur particulièrement intense. Qualifiée par le prévisionniste de "canicule tardive", elle survient en effet en dehors du créneau habituel situé en plein cœur de l'été, à savoir du 15 juin au 15 août. À travers trois cartes, Novethic vous propose de comprendre ce phénomène qui frappe tardivement le pays, symptomatique du réchauffement climatique.

Un record de température exceptionnel après le 15 août

Avec un indicateur thermique national qui a atteint 26,63°C, lundi 21 août a été la journée la plus chaude jamais enregistrée en France après un 15 août, selon Météo France. Le précédent record de chaleur pour une fin d’été datait de 2012 avec une température de 26,44°C relevée le 19 août. Ainsi, la valeur atteinte lundi, alors que le pic de chaleur n’est pas encore passé, est 5,8°C au-dessus de la normale de saison, a précisé le prévisionniste. Cette température reste cependant loin du record absolu, établi à 29,4°C le 5 août 2003, mais il faut noter que les températures moyennes les plus élevées sont généralement mesurées fin juillet - début août. Ce qui fait de cette canicule  et de ce pic de chaleur tardifs des événements particulièrement exceptionnels.

Ce triste record risque même d’être battu ce mardi et/ou mercredi car la canicule n’a pas encore atteint son paroxysme, prévu mercredi 23 août. Pour le docteur en agro-climatologie, Serge Zaka, "mardi et mercredi seront des journées historiques : de nombreuses stations enregistreront 40 à 42°C voire localement 43°C".

Source : Twitter @SergeZaka

Une canicule tardive de type "sandwich"

C'est un dôme de chaleur un peu particulier qui s'est installé sur le pourtour méditerranéen. Pour le chercheur en climatologie, Davide Faranda, cette canicule est le résultat d’une "configuration météorologique de type sandwich", qui est "une variation" plus complexe des dômes de chaleur habituelle. Notamment en raison de ses interactions.

Dans le cas présent, le climatologue note qu’une dépression atlantique agit d’un côté comme "une pompe à chaleur aspirant l’air chaud du sud" pour le rediriger vers la France, faisant grimper les températures. Et de l’autre, une dépression méditerranéenne qui empêche l’air chaud d’être évacué vers l’est. L’air chaud reste donc coincé sur la partie sud de la France, en attendant l’arrivée d’une forte dépression qui balayera cette masse d’air chaud, prévue en fin de semaine.

Une canicule qui fragilise aussi les glaciers

Cette canicule tardive n’augure rien de bon pour les glaciers des Alpes. La région du Mont-Blanc souffre depuis plusieurs jours des effets du dôme de chaleur. Et des températures élevées pour cette fin d’été ont d’ailleurs été relevées : 10-11°C lundi 21 août au sommet de l’Aiguille du Midi, soit à 3 842 mètres. Par conséquence, l’isotherme 0°C, altitude à laquelle la température devient négative, se situe aux alentours de 5 000 mètres en ce début de semaine. Il devrait d’ailleurs s’y maintenir au moins jusqu’à mercredi 23 août.

En haute-montagne, il s’agit d’une situation particulièrement rare et dangereuse puisque le Mont-Blanc, situé à 4 809 mètres, connaît des températures positives, et donc le dégel. Un appel à la prudence a été émis pour les randonneurs et les alpinistes puisqu’ils risquent d’être confrontés à d’importantes chutes pierres voire à l'effondrement d’imposants blocs rocheux.

Toutefois, le record de température au sommet ne devrait pas être battu cette-fois. Ce dernier a été atteint le 18 juin 2022 avec une température supérieure à 10,4°C mesurée depuis la station météorologique italienne installée au col Major (4750 m), soit au plus près du sommet.

Source : La Chaîne Météo

Blandine Garot