Nous sommes en 2075, dans une métropole animée et bruyante. D’un côté, il y a les pédaleurs, "héritiers de la rébellion anti-consumériste de la fin du XXe siècle, qui regardent avec dédain toute forme de véhicule motorisé". De l’autre, les dinosaures, autrement dit "les résistants". "Leurs voitures thermiques sont les talismans d'un monde qu'ils refusent de laisser disparaître". Et au milieu, les foudres, ceux qui ont "embrassé l'électrique, croyant allier confort de conduite et conscience environnementale". Vous vous situez où ?

Dans ce nouvel épisode de notre podcast Sous contraintes, l’anthropologue Fanny Parise, alias Mme l’anthropologue, aborde la délicate question de la fin de la voiture, sans doute l’une des plus complexes quand on aborde la transition socio-écologique. Nous avons bien sûr tous en tête l’épisode des Gilets jaunes, ou en ce moment la fronde contre les ZFE, les Zones à faible émission. La voiture, "c’est un symbole de statut socio-économique, de réussite personnelle, d'indépendance ou de liberté. Elle peut aussi représenter des aspects de l'identité individuelle, par exemple, la marque ou le modèle de la voiture peut être lié à l'image de soi, aux préférences ou aux aspirations d'une personne", nous explique Fanny Parise.

Un imaginaire qu’on retrouve aussi autour de la voiture électrique, prônée comme la solution miracle. "À chaque fois que l’on a une solution éco-responsable qui permet de ne presque rien changer dans notre quotidien, c’est une fausse bonne idée. C’est le même plan que celui d’Easyjet : on n’a pas de soucis à se faire, car en 2050 les vols seront neutres en carbone. Bullshit quoi", résume l’anthropologue. Alors, c’est quoi la solution ? Passer d’une culture de mobilité individualiste à une culture de mobilité partagée, où la voiture sera moins un objet de distinction sociale.

"Ce mouvement vers une mobilité partagée implique un changement de mentalité, où la voiture cesse d'être un symbole de statut social et de liberté individuelle pour devenir un simple moyen de transport parmi d'autres. L'adoption de modes de transport plus collectifs, comme le covoiturage, les transports en commun ou le vélo, pourrait également conduire à une transformation de nos habitudes et de nos interactions sociales. Les espaces aujourd'hui dédiés aux voitures - routes, parkings - pourraient être réaffectés à d'autres usages, comme les espaces verts, les voies cyclables ou les espaces piétons", raconte Fanny Parise. Ça donne envie non ? Bonne écoute !

Concepcion Alvarez

Pour la première fois Novethic publie un podcast avec Fanny Parise, alias Mme l’anthropologue. Baptisé "Sous contraintes" il interroge les impacts du changement climatique sur nos modes de vie et notre capacité à créer de nouveaux imaginaires. Mis en ligne chaque jeudi, il est disponible sur toutes les plateformes.