“Notre demande : ne plus forer de nouveaux gisements de pétrole et de gaz. Pour le climat, chaque nouveau gisement est un gisement de trop”, dénonce la branche néerlandaise des Amis de la Terre, Milieudefensie, dans un communiqué de presse. C’est pour cette raison qu’elle a décidé d’entamer une nouvelle action en justice contre le géant pétrolier Shell pour atteinte au climat.
Dans une lettre remise à la direction du groupe à Londres, l’ONG écrit : “Comme vous le savez, le changement climatique d’origine humaine représente une menace majeure pour notre bien-être et la santé de notre planète. À l’échelle mondiale, nous constatons les conséquences dévastatrices du changement climatique dans des conditions météorologiques et climatiques extrêmes, telles que les vagues de chaleur, les fortes pluies, les sécheresses et les ouragans.”
700 nouveaux gisements dans le viseur
Pour Milieudefensie, Shell néglige son devoir de lutter contre le changement climatique avec ses investissements dans le pétrole et le gaz. Selon l’ONG, la politique climatique du groupe pour la période 2030-2050 est “totalement inadéquate”. Ainsi, avec cette nouvelle action en justice, “la première action climatique de cette ampleur”, Milieudefensie espère mettre un terme à toute nouvelle expansion pétrolière et gazière. “Nous exigeons que Shell cesse immédiatement tout nouveau gisement de pétrole et gaz”, demande Donald Pols, directeur de Milieudefensie, interrogé par nos confrères néerlandais de NPO Radio.
Shell prévoit de construire 700 nouveaux champs dans les années à venir, un chiffre que la major n’a pas souhaité confirmer. Or ces 700 gisements en question, s’ils étaient mis en exploitation, pourraient entraîner 5,2 milliards de tonnes (Gt) d’émissions supplémentaires de CO2 dans l’atmosphère. Soit 36 fois les émissions annuelles de CO2 des Pays-Bas. Pour Donald Pols, “en tant que société, nous ne pouvons plus accepter qu’une entreprise comme Shell détermine notre avenir.”
Pas une première pour Shell
Cette nouvelle action en justice fait écho à la décision de la Cour d’appel de La Haye, le 12 novembre dernier, rejetant le recours de Milieudefensie et d’autres ONG environnementales qui estimaient que Shell ne faisait pas assez pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Elle annulait ainsi un jugement qualifié d’historique rendu trois ans plus tôt. Ce premier jugement avait condamné la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise à réduire ses émissions de CO2 de 45% d’ici à 2030.
Néanmoins, le juge avait souligné que les entreprises pétrolières et gazières devaient prendre en compte les conséquences négatives de leurs activités sur la transition énergétique. “Les investissements proposés par Shell dans de nouveaux champs de pétrole et de gaz pourraient donc être en contradiction avec cela”, peut-on lire dans le jugement. De son côté, Shell se défend en mettant en avant ses investissements dans la transition énergétique. “Nous convenons qu’une action urgente est nécessaire pour lutter contre le changement climatique”, a déclaré la major en réponse au courrier de Milieudefensie. “C’est pourquoi nous sommes l’un des plus grands investisseurs privés dans la transition énergétique néerlandaise, avec 6,5 milliards d’euros.”