Publié le 17 mai 2025

Devra-t-on bientôt se passer de bananes ? Fruit préféré des Français, la banane est aujourd’hui menacée par le changement climatique. Depuis plusieurs années, les aléas climatiques touchent sévèrement les pays producteurs de bananes, notamment le Guatemala, le Costa Rica et la Colombie.

C’est une information qui ne va pas vous donner la banane. Le fruit le plus consommé dans le monde est en danger à cause du changement climatique. Selon un rapport de l’association caritative Christian Aid, relayé par le média britannique The Guardian, près des deux tiers des régions productrices, situées principalement en Amérique latine et dans les Caraïbes, pourraient devenir impropres à leur culture d’ici à 2080, si rien n’est fait pour inverser la tendance.

“Le changement climatique détruit nos cultures. Cela signifie que nous n’avons plus de revenus, car nous ne pouvons rien vendre. Ma plantation est en train de mourir. C’est la mort”, a déclaré Aurelia Pop Xo, 53 ans, productrice de bananes au Guatemala, aux chercheurs de Christian Aid. En cause : la hausse des températures, les phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et dévastateurs ainsi que la prolifération de certains parasites liés au réchauffement du climat. D’ailleurs, des pays producteurs comme le Guatemala, le Costa Rica ou encore la Colombie connaissent déjà des baisses de rendements.

Le fruit le plus consommé dans le monde

La banane est aujourd’hui la quatrième culture vivrière mondiale, après le blé, le riz et le maïs. Environ 80% des bananes cultivées dans le monde sont destinées à la consommation locale, et plus de 400 millions de personnes dépendent de ce fruit pour 15 à 27% de leurs calories quotidiennes. Or, la crise climatique affecte les bananeraies de multiples façons. Les bananeraies ont besoin d’une température comprise entre 15 et 35°C pour prospérer, mais sont également très sensibles aux pénuries d’eau, indique le rapport.

“Sans changement systémique, nous risquons d’assister à la dévastation de la banane Cavendish par la Fusarium Tropical Race 4, une infection fongique qui attaque les racines des plantes et peut conduire à la perte totale des fermes et des plantations”, explique Holly Woodward-Davey, coordinatrice de projet chez Banana Link, qui travaille sur toute la chaîne d’approvisionnement de la banane. En effet, la plupart des bananes exportées proviennent d’une seule variété clonée, la Cavendish, choisie par les conglomérats fruitiers pour sa saveur, sa robustesse et son rendement élevé. Or, ce manque de variation génétique rend cette espèce particulièrement vulnérable aux maladies, induites par le changement climatique.

Tendre vers une consommation équitable et bio

“La banane n’est pas seulement le fruit préféré au monde, elle est aussi un aliment essentiel pour des millions de personnes. Nous devons prendre conscience du danger que représente le changement climatique pour cette culture vitale”, a déclaré Osai Ojigho, directeur des politiques et des campagnes de Christian Aid. “La vie et les moyens de subsistance de ceux qui n’ont rien fait pour provoquer la crise climatique sont déjà menacés”, ajoute-t-il, appelant les pays les plus riches à agir d’urgence pour réduire leurs émissions de carbone et fournir un financement climatique pour soutenir les agriculteurs des pays vulnérables.

L’association recommande également aux exploitants de se tourner d’ores et déjà vers une culture bananière résiliente et durable, notamment en investissant dans des variétés résistantes à la sécheresse, en améliorant l’irrigation et en appliquant des pratiques commerciales équitables. Et à l’autre bout de la chaîne, l’association exhorte les consommateurs à soutenir les producteurs de bananes en choisissant des bananes équitables et biologiques, qui contribuent à de meilleurs revenus et réduisent l’utilisation de produits chimiques.

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