Publié le 26 mars 2025

Pics de chaleur à 50°C, nuits tropicales ou encore baisse de l’enneigement…voilà à quoi devrait ressembler le climat d’une France à +4°C, soit la trajectoire des températures attendue en 2100, selon un nouveau rapport de Météo-France. Novethic vous résume en une infographie cette plongée dans les extrêmes climatiques.

À quoi ressemblera le climat dans une France à +4°C ? Dix jours à peine après que le gouvernement a dévoilé son Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), c’est au tour de Météo-France de se projeter sur les impacts climatiques attendus dans l’Hexagone d’ici à la fin du siècle. “La définition des stratégies nécessite de connaître aussi précisément que possible les évolutions climatiques futures”, a rappelé l’agence lors d’une conférence de presse.

Les travaux s’appuient sur la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique, la TRACC. Selon cette trajectoire, la France atteindra un réchauffement moyen de +2°C par rapport à l’ère préindustrielle d’ici à 2030, +2,7°C d’ici à 2050 et +4°C en 2100. D’ailleurs, la France se réchauffe plus vite que le reste du monde.

Selon Jean-Michel Soubeyroux, directeur adjoint à la climatologie à Météo-France et auteur principal de l’étude, “dans de nombreux cas, les moyennes du futur pourront ressembler aux extrêmes des dernières années”. Ainsi, d’ici à 2100, une année telle que 2022, soit la plus chaude jamais enregistrée en France, pourrait sembler exceptionnellement fraîche.

Vers des pics de chaleur à 50°C

Dans une France à +4°C, le nombre de jours de très forte chaleur, c’est-à-dire avec une température maximale supérieure à 35°C, s’élèvera à 8 par an en moyenne, contre moins d’un jour sur la période de référence (1976-2005). La situation sera encore plus inconfortable sur le pourtour méditerranéen, où Météo-France prévoit en moyenne 30 à 40 jours de très forte chaleur, soit une dizaine de jours supplémentaires par rapport aux records de l’été 2022.

À +4°C, la température la plus chaude de l’année atteindra en moyenne les 40°C, une température jusqu’à présent extrêmement rare. Loin de s’arrêter là, des pics de chaleur à 50°C, seuil encore jamais dépassé en Europe, seront “possibles” localement à l’horizon 2050 et deviendront “probables” lors des canicules en 2100. Quant à elles, les canicules se produiront de mi-mai à fin septembre et pourront durer jusqu’à deux mois en continu.

Et ces fortes chaleurs pourront durer au-delà du coucher de soleil. Selon Météo-France, les nuits dites “tropicales”, caractérisées par une température minimale supérieure à 20°C, seront de plus en plus nombreuses. Par exemple, la région parisienne enregistrera de 30 à 48 nuits tropicales par an en 2100, tandis que le pourtour méditerranéen en subira jusqu’à 100 à 120, mettant ainsi le corps à rude épreuve.

Une France plus sèche, mais des pluies plus intenses

Selon les projections de Météo-France, la France vivra également des périodes de sécheresse plus importantes. En 2100, la moitié nord du pays connaîtra de 4 à 5 mois de sols secs, tandis que la région méditerranéenne sera à plus de 7 mois. L’organisme estime d’ailleurs que certains épisodes de sécheresse pourront “s’étaler sur plusieurs années consécutives”. Et qui dit sécheresse dit risque d’incendies beaucoup plus important. À l’horizon 2100, “l’ensemble du pays” sera concerné par “un risque élevé de feu”. Des régions de la moitié nord du pays, comme les Pays de la Loire ou le bassin parisien, connaîtront des fréquences de “risque élevé de feu”, comparables à celles de la région Sud. Tandis que le littoral méditerranéen, déjà fortement exposé, verra une “multiplication par 2 des jours de danger très élevé”, soit localement 80 jours par an.

Alors que les ressources en eau du pays s’amenuiseront année après année, des épisodes de pluie intenses se multiplieront, entraînant inondations et pertes agricoles. “Les augmentations les plus fortes sont attendues sur la moitié Nord, atteignant +20% en général, et beaucoup plus dans certaines simulations”, explique Jean-Michel Soubeyroux. Du côté de nos montagnes, la situation n’est guère meilleure. La neige se fera de plus en plus rare. Par exemple, les Alpes du Sud, à 1 800 mètres d’altitude, ne seraient plus enneigées que 52 jours par an, contre 132 jours dans les années 1990.

Tous ces événements climatiques à venir auront un impact sur les activités économiques, sociales ou culturelles du pays. Le gouvernement en a bien conscience. Dans le PNACC 3, il propose 52 mesures et 200 actions pour s’adapter à un monde à +4°C. Pas suffisant pour Oxfam, qui y voit un “brouillon inabouti, un assemblage de mesures floues (…) dépourvu d’objectifs ambitieux”. Alors qu’il faudrait “nous préparer dès maintenant”, insiste Météo-France.

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