Publié le 2 août 2024

Alors que les négociations à la COP16 sur la biodiversité s’ouvrent dans moins de 100 jours, 130 acteurs du secteur privé, dont plusieurs multinationales, lancent un appel pour un accord ambitieux et une “économie nature positive”.

Il reste moins de 100 jours avant la COP16 sur la biodiversité. Cette grande conférence des parties, qui se tiendra à Cali en Colombie, du 21 octobre au 1er novembre 2024, réunira les Etats mondiaux pour continuer à élaborer un cadre d’action internationale pour la protection de la biodiversité. C’est en vue de cet événement planétaire qu’une coalition de près de 130 grandes entreprises vient de publier un appel pour promouvoir le rôle du secteur privé dans la protection de la biodiversité.

“Nous comprenons qu’une planète saine est essentielle pour des entreprises résilientes”, explique ainsi le communiqué de la coalition, qui plaide pour “un leadership immédiat pour renforcer – et non affaiblir – les politiques, les incitations et la législation qui conduiront à l’action des acteurs économiques nécessaire pour stopper et inverser la dégradation de la nature d’ici 2030.”

“Transformer l’ambition en action”

Nestlé, Decathlon, H&M, Kering, Ikea, Inditex (Zara), Suez, EDF ou encore le pétrolier Enel font partie des signataires de cet appel, qui est porté par la coalition Business for Nature, qui rassemble aussi des acteurs de la société civile. En amont de la COP16, le monde économique cherche à donner le signal qu’il compte bien influencer les débats sur la protection de la biodiversité. “Nous devons transformer l’ambition en action” affirment ainsi les signataires, qui promeuvent des mesures visant à “protéger et restaurer” la nature.

La coalition propose notamment d’assurer une “utilisation et une gestion durables des ressources” pour réduire les impacts sur la biodiversité, en encourageant les entreprises à recourir à des solutions de compensation écologique, à l’agro-écologie ou à des techniques de l’économie régénérative. L’“intégration de la nature dans les prises de décision” et les mesures visant à favoriser la transparence en matière de biodiversité sont également mises en avant. Enfin, l’appel met l’accent sur la nécessité de mobiliser la finance vers des solutions compatibles avec la protection de la biodiversité “pour un monde nature positif”, à l’heure où, comme le rappelle l’étude qui vient d’être publiée sur le sujet par Novethic avec Bartle, les acteurs financiers peinent encore à intégrer la biodiversité dans leurs politiques d’investissement.

Le rôle controversé des multinationales dans la protection de la biodiversité

Cet appel est un signe de l’émergence dans le monde de l’entreprise d’une prise de conscience de l’importance des enjeux liés à la biodiversité, alors que les attentes des parties prenantes sur cette thématique sont plus fortes que jamais. Depuis quelques années, les réglementations s’affinent ainsi pour pousser les entreprises à mettre en œuvre des actions pour réduire leurs impacts sur la biodiversité. En Europe, la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), qui impose aux entreprises d’établir un reporting de leurs impacts et de leurs actions en matière de biodiversité, pourrait engager les entreprises à développer leurs efforts sur les enjeux liés à la nature.

Toutefois, différents rapports ces derniers mois ont montré que les entreprises étaient encore, malgré leurs communications, très en retard sur la prise en compte dans leurs plans d’actions environnementaux des pressions qu’elles exercent sur la biodiversité, notamment en matière de déforestation. Certaines associations, à l’image des Amis de la Terre, considèrent également que les grandes entreprises, qui tentent de peser sur les négociations de la COP16, promeuvent, notamment à travers les concepts d’économie “nature positive” ou régénérative, la perpétuation d’un modèle économique contribuant à l’exploitation et la marchandisation de la nature.

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